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23 octobre 2019
Introduction au dossier Risques
Publié par
Nicolas Braun
| Risques
Le mot « risque » serait, selon le Wiktionnaire, issu du latin resecum (« ce qui coupe ») ou resecare (« couper »), et son acception aurait progressivement désigné le « rocher escarpé », l’ « écueil » pour ensuite prendre en certains cas le sens du « risque encouru par une marchandise transportée par bateau ». Et son apparition dans les langues européennes daterait du XVIème siècle, peu avant que des mathématiciens du XVIIème siècle n’en recherchent les propriétés comme Huygens ou Pascal. Le terme « risque » aujourd’hui peut tantôt désigner la probabilité d'occurrence d’un dommage ou d’un événement non souhaité et il est alors subi, tantôt être usité pour désigner activement la prise d’un risque et il est alors affronté.
L’apparition relativement tardive du terme « risque » laisse bien entendre qu’il est le fruit de progrès ayant conduit à la maîtrise de certains cas de « fortune », d’ « aléas » ou de « bonaventure », voire d’innovation capacitantes, c’est-à-dire qui permettent un nouveau paradigme [1]. Par exemple, la réfutation scientifique par Redi de la génération spontanée à la fin du XVIIème siècle a permis une transition du fatalisme vers la gestion du risque pour ce qui concerne l’apparition de vers dans la viande. D’autres exemples pourraient être cités, mais il est clair que le cadre scientifique et psychologique conditionne la capacité à appréhender certains risques. De la fable de l’astronome qui se laisse tomber dans un puits [2] au Cygne noir de Taleb, on retient que l’exercice de la gestion des risques impose une certaine humilité.
La progression du concept de « risque » est ainsi le pendant de progrès humains et techniques, qui ont parfois conduit à l’occulter par excès de confiance en ces progrès. La prise de conscience des limites du progrès, par des incidents et des crises, ont conduit à une maturation lente et régulière des politiques et dispositifs de gestion des risques. Ainsi les départements dédiés aux risques des sociétés financières se disaient autrefois de « maîtrise des risques », voire de « contrôle des risques », et sont devenus plus modestement de « gestion des risques ».
Et cette gestion des risques accompagne dorénavant systématiquement le décideur, quel qu’il soit, lequel recherche les dangers auxquels une décision expose pour la mettre en balance des résultats espérés de cette décision. En cela, l’émergence des techniques et de l’enseignement moderne du management ont favorisé l’expansion des techniques d’évaluation et de gestion du risque. Il est logique après tout que la prise d’une décision se fasse en tentant d’en appréhender les conséquences et notamment celles qui ne sont pas souhaitables. Les crises financières et industrielles du siècle dernier ont conduit à la définition progressive de normes en matière de gestion des risques dont les canons les plus récents sont sanctuarisés par les travaux du COSO et son Enterprise Risk Management Framework [3] dont la diffusion a été favorisée par la loi Sarbanes-Oxley aux États-Unis, ou la loi de sécurité financière et la loi Bachelot sur les risques industriels de 2003 en France.
Les alumni de l’ENSAE reçoivent justement une formation qui leur permet d’éclairer les risques par une culture d’ingénieur, des raisonnements économiques, ainsi que des techniques quantitatives, aboutissant à une capacité à identifier des risques, les valoriser, les probabiliser, etc. D’autres techniques, issues par exemple de la psychologie permettent d’envisager sous d’autres angles les risques. Citons par exemple le « Facteur humain » qui décrit les mécanismes par lesquels l’homme peut être à l’origine d’incidents. Ces techniques, quantitatives ou non, et leur mise en oeuvre par des experts permettent notamment d’envisager une certaine gestion des risques.
Au fil des articles qui composeront ce dossier autour des risques, vous constaterez que nous avons choisi pour vous des intervenants d’horizons complémentaires, afin de tenter d’appréhender de façons croisées et pour des applications diverses cette notion de « risque ». Nous vous en souhaitons une bonne lecture et vous remercions par avance pour les apports que vous pourrez réaliser en contribuant à ce dossier !
[1] L’informatique moderne est une technologie capacitante car elle permet de réaliser des calculs qui seraient inenvisageables sans elle. [2] https://fr.wikisource.org/wiki/Fables_de_La_Fontaine_(%C3%A9d._Barbin)/1/L%E2%80%99Astrologue_qui_se_laisse_tomber_dans_un_puits [3] https://www.coso.org/Pages/erm-integratedframework.aspx
L’apparition relativement tardive du terme « risque » laisse bien entendre qu’il est le fruit de progrès ayant conduit à la maîtrise de certains cas de « fortune », d’ « aléas » ou de « bonaventure », voire d’innovation capacitantes, c’est-à-dire qui permettent un nouveau paradigme [1]. Par exemple, la réfutation scientifique par Redi de la génération spontanée à la fin du XVIIème siècle a permis une transition du fatalisme vers la gestion du risque pour ce qui concerne l’apparition de vers dans la viande. D’autres exemples pourraient être cités, mais il est clair que le cadre scientifique et psychologique conditionne la capacité à appréhender certains risques. De la fable de l’astronome qui se laisse tomber dans un puits [2] au Cygne noir de Taleb, on retient que l’exercice de la gestion des risques impose une certaine humilité.
La progression du concept de « risque » est ainsi le pendant de progrès humains et techniques, qui ont parfois conduit à l’occulter par excès de confiance en ces progrès. La prise de conscience des limites du progrès, par des incidents et des crises, ont conduit à une maturation lente et régulière des politiques et dispositifs de gestion des risques. Ainsi les départements dédiés aux risques des sociétés financières se disaient autrefois de « maîtrise des risques », voire de « contrôle des risques », et sont devenus plus modestement de « gestion des risques ».
Et cette gestion des risques accompagne dorénavant systématiquement le décideur, quel qu’il soit, lequel recherche les dangers auxquels une décision expose pour la mettre en balance des résultats espérés de cette décision. En cela, l’émergence des techniques et de l’enseignement moderne du management ont favorisé l’expansion des techniques d’évaluation et de gestion du risque. Il est logique après tout que la prise d’une décision se fasse en tentant d’en appréhender les conséquences et notamment celles qui ne sont pas souhaitables. Les crises financières et industrielles du siècle dernier ont conduit à la définition progressive de normes en matière de gestion des risques dont les canons les plus récents sont sanctuarisés par les travaux du COSO et son Enterprise Risk Management Framework [3] dont la diffusion a été favorisée par la loi Sarbanes-Oxley aux États-Unis, ou la loi de sécurité financière et la loi Bachelot sur les risques industriels de 2003 en France.
Les alumni de l’ENSAE reçoivent justement une formation qui leur permet d’éclairer les risques par une culture d’ingénieur, des raisonnements économiques, ainsi que des techniques quantitatives, aboutissant à une capacité à identifier des risques, les valoriser, les probabiliser, etc. D’autres techniques, issues par exemple de la psychologie permettent d’envisager sous d’autres angles les risques. Citons par exemple le « Facteur humain » qui décrit les mécanismes par lesquels l’homme peut être à l’origine d’incidents. Ces techniques, quantitatives ou non, et leur mise en oeuvre par des experts permettent notamment d’envisager une certaine gestion des risques.
Au fil des articles qui composeront ce dossier autour des risques, vous constaterez que nous avons choisi pour vous des intervenants d’horizons complémentaires, afin de tenter d’appréhender de façons croisées et pour des applications diverses cette notion de « risque ». Nous vous en souhaitons une bonne lecture et vous remercions par avance pour les apports que vous pourrez réaliser en contribuant à ce dossier !
[1] L’informatique moderne est une technologie capacitante car elle permet de réaliser des calculs qui seraient inenvisageables sans elle. [2] https://fr.wikisource.org/wiki/Fables_de_La_Fontaine_(%C3%A9d._Barbin)/1/L%E2%80%99Astrologue_qui_se_laisse_tomber_dans_un_puits [3] https://www.coso.org/Pages/erm-integratedframework.aspx
Auteur
Après une année en actuariat-conseil chez Optimind, Nicolas BRAUN a rejoint Ofivalmo Gestion pour y assurer le risk management quantitatif.
Puis, à l'Inspection générale de Crédit Mutuel Nord Europe (Lille), il prend en charge l'audit quantitatif des filiales du groupe.
De 2006 à fin 2008, il participe à la création au sein de Quilvest Banque Privée d'une filiale de multigestion alternative et traditionnelle. Il en assure la direction générale de transition lors d'un changement de gouvernance.
De fin 2008 à mi 2011, il est Secrétaire général d'un holding minier en croissance, OSEAD, qui développe des technologie innovantes d'extraction minière et développe en croissance interne et externe de nouveaux projets miniers.
De 2011 à 2013, il est Directeur administratif et financier d'une société de gestion de portefeuille.
Depuis 2013, il est Directeur général et associé fondateur de Constance Associés, société de gestion de portefeuille. Voir l’autre publication de l’auteur(trice)
Puis, à l'Inspection générale de Crédit Mutuel Nord Europe (Lille), il prend en charge l'audit quantitatif des filiales du groupe.
De 2006 à fin 2008, il participe à la création au sein de Quilvest Banque Privée d'une filiale de multigestion alternative et traditionnelle. Il en assure la direction générale de transition lors d'un changement de gouvernance.
De fin 2008 à mi 2011, il est Secrétaire général d'un holding minier en croissance, OSEAD, qui développe des technologie innovantes d'extraction minière et développe en croissance interne et externe de nouveaux projets miniers.
De 2011 à 2013, il est Directeur administratif et financier d'une société de gestion de portefeuille.
Depuis 2013, il est Directeur général et associé fondateur de Constance Associés, société de gestion de portefeuille. Voir l’autre publication de l’auteur(trice)
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