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07 janvier 2019

Introduction au dossier : La mesure des indicateurs économiques

Pour que, comme on en parle tant ces jours-ci, le peuple puisse vraiment débattre démocratiquement de l’état de la Nation ou, plus prosaïquement, pour faire et évaluer une politique économique, il faut un consensus sur ce qu’il faut mesurer et une confiance dans ceux qui le mesurent.

Les indicateurs macro-économiques calculés par les statisticiens sont cités quotidiennement par la presse, utilisés fiévreusement par les marchés financiers qui sont même allés jusqu’à faire de leur anticipation un métier, envoyés par les politiques à la figure les uns des autres comme des boules puantes dans leurs combats de boxe électoraux, contestés régulièrement comme pas « assez écologiques », ou « dépassés » ou même « manipulés ».

On en parle beaucoup, peu savent vraiment de quoi ils parlent.

Ce n’est pas le cas des anciens de l’ENSAE, dont nombreux ont contribué à leur calcul au cours de leur vie professionnelle. Ils savent que, contrairement à ce que beaucoup croient, les statisticiens sont en permanence en train de se poser des questions sur la pertinence des indicateurs qu’ils calculent. Il y a donc la place, au sein de notre revue, pour un débat serein et éclairé sur leurs qualités et leurs limites. Nous allons ainsi donner la parole à ceux qui réfléchissent à la « mesure des choses ».

Le P.I.B. est-il un concept dépassé ? Ne faut-il pas enrichir notre tableau de bord pour mesurer le bien-être ? Nous avons demandé son avis à Marco Mira d’Ercole de l’OCDE. Est-il encore possible de calculer un indicateur national dans une économie mondialisée ? L’étrange +26% de croissance de l’Irlande en 2015 sera analysé par François Lequiller. La mesure des flux commerciaux internationaux ne doit-elle pas évoluer alors que les produits complexes que nous utilisons tous les jours sont assemblés à partir d’éléments qui proviennent de tout autour du monde ? Une jeune ENSAE, Aliette  Cheptitski, exposera de nouvelles sources sur le commerce mondial. Comment font les statisticiens pour mesurer un capital de plus en plus « intangible » et une économie de plus en plus numérique ? Didier Blanchet, directeur des études à l’INSEE, donnera son point de vue. D’autres contributeurs se préparent sur des sujets variés. Peut-on savoir ce qu’a coûté à la collectivité la crise bancaire de 2008-2014 ? La mesure de l’inflation doit-elle tenir compte des fameuses « dépenses contraintes » ?

Voilà quelques idées de départ pour ce dossier. Nous sommes persuadés que certains d’entre vous proposeront d’autres thèmes et, surtout, nous espérons que nombreux seront ceux d’entre vous qui réagiront aux contributions des professionnels de la statistique que nous allons solliciter.

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Commentaires

1 Commentaire

François Dumot (SEA 86)
Il y a 5 ans
Merci pour cette introduction ; je me permets de reformuler une des phrases : les anciens ENSAE savent que "des" statisticiens sont en permanence en train de se poser des questions sur la pertinence des indicateurs qu’ils calculent. D’autres statisticiens ne se posent aucune question, produisent chiffres et avis, et le vivent très bien (et en vivent très bien, merci). Nous en avons tous rencontré ; et dans chaque domaine professionnel (je pense aux praticiens, hors universitaires et chercheurs), qui est le plus marginal : celui qui ne se pose pas de questions ou celui qui s’intéresse aux limites de ses chiffres ?
Au-delà du clin d’œil, je souhaitais aussi contrebalancer une possible condescendance pour les braves citoyens qui essaient de débattre en utilisant nos chiffres si subtils. Ceci n’enlève rien à la qualité des débats dans Variances : j’attends avec impatience l’article sur l’étrange +26% de l’Irlande (dont j’ignorais l’existence, mais beaucoup de lecteurs doivent connaître un équivalent dans leur domaine).

lots of people talking, few of them know…

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