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03 mai 2017

Le sport en France : sa pratique, son rôle économique

Publié par Philippe Tassi | Sport
Le sport est-il un secteur important en France ? La réponse dépend du point de vue, selon que l’on considère les succès des élites sportives dans les grands événements, l’audience des retransmissions dans les médias, ou la pratique plus ou moins régulière d’une activité sportive ou physique, quelle qu’elle soit. Nous allons prendre deux angles d’attaque : la pratique sportive d’une part, et le poids économique du secteur sportif de l’autre.

La France : un pays de pratiquants ?

Tout d’abord, que signifie « pratiquer un sport » ? Quelle convention donner à cette expression avant de passer à toute mesure de quantification ?

Deux approches sont possibles : la première consiste à définir un pratiquant au sens strict comme un membre licencié dans un club sportif ; la seconde est plus large, et considère comme « sportif » toute personne déclarant pratiquer plus ou moins régulièrement une activité sportive, jogging, natation, football, vélo, etc, sans être forcément licencié dans le moindre club et donc à la moindre fédération, et ne participant pas à des compétitions.

Les licenciés à un club sportif

Selon le ministère en charge des Sports, un club sportif peut être une association au sens de la loi de 1901 ou une société commerciale. En 2012, leur nombre est estimé à 180 000 entités, uni ou multisports, relevant de fédérations affiliées au CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français). C’est une offre assez dense et qui couvre assez bien le territoire, puisqu’elle représente environ 3 clubs pour 1000 habitants.

Le nombre de licences délivrées est voisin de 16 millions, et même si certains individus sont multi-licenciés, on peut estimer entre 15 ou 16 millions le nombre de personnes ayant une activité sportive licenciée en club, soit environ un individu sur quatre. Parmi ces licenciés, on trouve la petite élite des sportifs de haut niveau, professionnels ou aidés par des fonds publics.

La hiérarchie des sports les plus pratiqués en club est dominée par le football, puis le tennis, l’équitation, le judo (et les disciplines associées), et très proches l’un de l’autre, le basket-ball et le handball.

L’appartenance à un club est un vecteur de pratique sportive suivie. D’après l’INSEE, en 2013, 82 % des adhérents à une association déclarent avoir une activité régulière, et 11 % de temps en temps, mais tout au long de l’année.

Les pratiquants

L’enquête 2010 (INSEP et MEOS – Mission des Etudes, de l’Observation et des Statistiques du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports) sur les pratiques physiques et sportives des personnes de 15 ans et plus au cours des douze derniers mois conduit à 47,1 millions de pratiquants d’au moins une activité, en structure sportive organisée ou pas, soit 89 % de la population étudiée. En général, l’activité physique ou sportive est fréquente, au moins une fois par semaine, pour 2/3 des plus de quinze ans ; 5 % la concentrent exclusivement pendant les vacances, et seuls 11 % déclarent n’avoir aucune pratique.

Les « sports » les plus exercés sont, dans l’ordre décroissant, la marche de loisir, avec près de 28 millions, la natation de loisir et la marche utilitaire (environ 13 millions), le vélo de loisir (12 millions) et la baignade (8 millions). L’enquête a gardé telles quelles les déclarations des répondants, la distinction entre baignade et natation de loisir pouvant être floue. Le ski alpin réunit un peu moins de 6 millions d’adeptes, soit 11 % des quinze ans et plus.

Bref : 89 % de pratiquants, 65 % avec une fréquence au moins hebdomadaire, les résultats sont satisfaisants, d’autant plus que la même étude réalisée en 1985 avait abouti à 73 % de pratiquants. En une génération, l’évolution est largement positive. En outre, on peut observer que ce développement s’est fait en dehors du cadre associatif, comme le prouve le taux de pratiquants non-inscrits en club, qui est passé de 50 % en 1985 à 75 % en 2010.

Autre point intéressant pour la santé publique : si le sport et l’exercice physique sont très en vogue chez les jeunes – près de 95 % des 15-24 ans, plus de 90 % des 25-44 ans –, la barrière de l’âge existe assez peu : la proportion de pratiquants, quelle que soit l’activité, est de 90 % des 45-64 ans et 80 % des 65 ans ou plus.

Ces taux de couverture annuelle encore élevés avec l’âge masquent probablement deux phénomènes : d’une part, une diminution de la fréquence de pratique, et, d’autre part, une évolution des activités. Ainsi, si on enlève la marche, utilitaire ou de loisir de la liste des activités, la proportion de pratiquants se réduit : à 75 ans, elle est de 45 % chez les femmes et 60 % chez les hommes.

La place des femmes : en marche vers la parité

En 2013, parmi les 16 millions de licences délivrées par un club, un gros tiers (37,2 %) l’ont été à des femmes, soit 6 millions.

Pour apprécier la tendance, en 2002 le nombre de licences avoisinait 14 millions, dont 33 % attribuées à des femmes, soit une hausse de 4 points en onze ans. Encore plus significatif, de 2002 à 2013, parmi les deux millions de licences supplémentaires délivrées globalement, 1,3 l’ont été à des femmes. Cela représente un accroissement du nombre de licences féminines de près de 28 %, alors qu’en effectif, le nombre de femmes résidant en France n’augmentait que d’environ 7 % au cours de la même période.

La part des licences féminines dépasse 80 % à la fédération d’équitation, en gymnastique et sports de glace, atteint 55 % en natation et 45 % en athlétisme ; elle est de l’ordre de 5 % en football et en rugby. Pas vraiment une surprise.

Sur l’ensemble des 47 millions de pratiquants représentant 89 % des quinze ans et plus, le taux de pratique chez les femmes est de 87 % (91 % chez les hommes).

Des différences sont observées selon le type d’exercice : les femmes dominent largement dans la marche de loisir ou utilitaire, un équilibre relatif existe pour la natation, le vélo de loisir, la randonnée pédestre ou en montagne, et les hommes sont largement majoritaires en football, footing, musculation, tennis…. et bien sûr à la pétanque (14 % de pratiquants contre 7 % de pratiquantes).

Le poids du sport dans l’économie de la France

La dépense sportive nationale représente l’ensemble des dépenses des acteurs économiques du pays en faveur de la pratique sportive ou de son développement. Par acteurs, nous entendons principalement l’Etat et ses administrations, les collectivités territoriales, les entreprises et les ménages.

En 2013, la dépense totale s’est élevée à 38,1 milliards d’euros, soit 1,8 % du PIB. En 2007, elle était en valeur de 33,1 Mds, c’est-à-dire 1,7 % du PIB. En évolution annuelle moyenne au cours de cette même période de 6 ans, la dépense sportive a augmenté de 2,4 % contre 1,4 % pour le PIB.

L’Etat, au sens le plus large du mot, contribue à cette dépense pour 18,2 Mds (47,8 %), et les ménages pour 16,6 Mds, ou 43,6 %, le reste étant dû aux entreprises. En 2007, la dépense sportive était financée à 43,5 % par l’Etat et 46,8 % par les ménages. La tendance récente est claire : depuis 2007, l’accroissement moyen annuel du secteur public national ou territorial a été de 4 %, alors que celui des ménages a été de 1,2 %. Les dépenses des ménages concernent les achats ou locations de matériels de sport, les paiements pour pratiquer ou regarder un spectacle sportif, les licences ou cotisations versées à des associations ou clubs. Le ménage moyen résidant en France a donc dépensé près de 600 euros dans le secteur sportif en 2013.

En valeur, c’est-à-dire en euros courants, l’indice de dépense sportive des ménages est passé d’une base 100 en 2007 à 107,4 en 2013 ; cependant, en volume, c’est-à-dire en euros constants, la stagnation est de règne : indice de 100,5 en 2013, toujours pour une base 100 en 2007.

Au sein du poste « Etat », les collectivités territoriales se taillent la part du lion ; elles contribuent à la dépense sportive nationale à hauteur de 13,4 Mds, soit pratiquement aux trois-quarts du secteur public.

L’ensemble des équipements sportifs a généré 2,1 Mds d’exportations et 2,8 Mds d’importations, donc un solde négatif avec un taux de couverture exportations/importations de 76 %. Pratiquement tous les postes d’achat sont déficitaires, notamment les vélos et les chaussures de sport (taux de couverture 54 %) ; seuls les voiliers contribuent largement à un excédent commercial, avec un ratio export/import égal à 1050 % !

Auteur

Philippe est directeur général adjoint de Médiamétrie, acteur incontournable de la mesure d’audience en France et en Europe. En parallèle à cette carrière, Philippe a conduit des activités de recherche et d’enseignement au CEPE, à l’ENSAE et à l’ENSAI. Il est également l'auteur de nombreux ouvrages en théorie et méthodes statistiques, en marketing décisionnel et en théorie des sondages, qui ont accompagné des générations d'anciens élèves... Voir les 26 Voir les autres publications de l’auteur(trice)

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