Liste des articles
Economie, Statistiques, Finance d'entreprise
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Master 2 Droit public Administration générale
Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) (2008), Master Finance et Stratégie
Ecole d'économie de Paris, Paris School of Economics (2008)
ENSAE (2007)
Secteurs cibles : Institutions financières, Organismes d'études, Services, Energie, Environnement, Secteur public (organisations internationales), Transports
Langues : Français, Anglais, Italien, Allemand, Hongrois Voir l’autre publication de l’auteur(trice)
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24 septembre 2018
Introduction au dossier « Métropoles »
Publié par
Noé N'Semi
| Métropoles
Nous assistons actuellement à une multiplication et une croissance des métropoles à travers le monde, notamment dans les pays en développement. Or, ces métropoles doivent faire face à d’importants défis en matière d’environnement, de logement, d’inégalités, de sécurité, de mixité, de violences, de transports, de nouvelles technologies, défis d’autant plus importants qu’ils surviennent dans un monde en perpétuelle évolution et des sociétés en mutation. Dès lors, il nous a paru important d’analyser la manière dont elles entendent relever ces défis, d’identifier les points de convergence et les particularités, les marges de manœuvre et les limites rencontrées. L’étendue du champ d’étude et la pluridisciplinarité de la problématique nous ont conduits à y répondre dans le cadre d’un dossier, à travers des angles de vue différents proposés par des contributeurs experts en leur domaine.
Ainsi, l’année 2018 marquant le lancement officiel des compétences de la Métropole du Grand Paris, il nous a semblé primordial de revenir sur la naissance de celle-ci, tout en essayant de comprendre son émergence dans le débat et sur son fonctionnement à l'heure actuelle.
Nous nous sommes également demandé dans quelle mesure une ville pouvait, voire devait être durable, viable et, pour reprendre un terme largement évoqué en ce moment, « intelligente ». Les villes les plus intelligentes seront celles qui auront les plus hauts standards d'habitabilité, tels que définis par leurs habitants. Accessibles et disposant d’espaces publics dynamiques et de quartiers cohésifs, elles constitueront des lieux attractifs pour vivre et travailler. Les données y seront utilisées pour générer des informations et des connaissances pouvant être traduites en actions, elles-mêmes en mesure d’améliorer l'habitabilité pour le plus grand nombre de citadins possible. Se pose déjà toutefois la question du respect de la vie privée, en raison du risque associé à la richesse des informations personnelles recueillies sur les individus, et reposant sur la manière dont ces informations sont utilisées. Si les informations rendues anonymes et utilisées uniquement pour améliorer la vie des citadins ne semblent pas présenter beaucoup de risques, celles, non anonymes et servant à la prise de décisions ayant un impact sur les individus ou les communautés emportent de réels dangers en termes de sécurité des données, de partage et de transparence.
Au-delà des villes intelligentes, nous nous sommes également interrogés sur les conséquences du « modèle métropolitain » en dehors des métropoles, en questionnant notamment la place des « villes moyennes » françaises dans la nouvelle configuration territoriale, ainsi que les conséquences de la métropolisation sur ces territoires spécifiques. Les crises économiques des années 1970 puis des années 2000 ont accéléré un changement d’approche dans les politiques de développement des territoires (de l’idéal d’égalité au principe de spécialisation et donc à la mise en compétition des territoires) : renforcement des métropoles, en apparence mieux armées et plus adaptées aux évolutions du monde, et déclin des villes petites et moyennes, en particulier dans les régions ne disposant pas d’un fort capital touristique et dont le bassin d’emplois est tourné vers l’industrie et/ou? l’administration. La mise en concurrence de ces territoires accroît les inégalités, qui à leur tour nourrissent les rivalités, et bloquent l’émergence de projets susceptibles de permettre le développement.
À ce titre, la Chine constitue paradoxalement un cas intéressant. En effet, avant de répondre au cliché d’un pays réduit à ses mégalopoles, il faut se souvenir que la Chine est d’abord une nation paysanne. Tout dans sa culture, de son écriture idéogrammatique combinant à l’infini les images les plus concrètes pour exprimer les concepts les plus subtils, à l’extraordinaire pragmatisme de ses habitants, témoigne de ces racines paysannes. Pourtant, plus qu’ailleurs, la campagne y est la mal-aimée. Ce pays encore à 80 % rural il y a 40 ans a vu les deux courbes démographiques de la ville et de la campagne se croiser en 2010, pour atteindre aujourd’hui un équilibre 57 % / 43 % en faveur de la ville. Or, si la croissance effrénée du monde urbain en Chine depuis 40 ans est alimentée par de puissants moteurs (aspiration du peuple à la prospérité ; organisation politique visant à s’émanciper par rapport à Pékin ; régime fiscal des collectivités locales, propriétaires du foncier), la croissance des villes chinoises commence, en pratique, à toucher ses limites : un tiers de la population urbaine est constituée de travailleurs venus des campagnes, les finances publiques locales sont fragiles et les prix de l’immobilier atteignent des sommets. Ainsi, l’organisation de la mobilité dans et entre les villes chinoises est aujourd’hui devenue cruciale. Certes, la politique nationale semble encore favorable aux grandes métropoles ; plusieurs signaux commencent néanmoins à montrer un réel souci de temporisation dans le pilotage de la croissance urbaine, et le gouvernement lui-même commence à prendre des mesures discriminatoires en faveur des petites villes.
Dès lors, nous nous sommes également intéressés au leadership des gouvernements locaux face aux nouveaux défis (en termes d’environnement, de compétitivité territoriale, de participation citoyenne) de l'urbain face au changement climatique, en réfléchissant aux points de blocage de la mise en action par les collectivités (en particulier la relation collectivité-État) et en proposant un nouveau rôle aux urbanistes, qui leur permettrait de sortir des modèles connus en réinventant la ville, et ce quel que soit le continent.
Nous avons plus particulièrement investigué et documenté le développement et le futur de métropoles africaines, telles que Kinshasa et Lagos, présentées par nombreux démographes parmi les futures plus grandes mégalopoles du 21ème siècle. Par ailleurs, le cas spécifique de Johannesburg nous a permis d’étudier les relations entre dynamique démographique, crise du logement et accroissement des inégalités territoriales : replacer ces enjeux dans un cadre d’analyse commun permet de dépasser les explications « historiques » auxquelles se limitent trop souvent certains acteurs sud-africains, au risque de perpétuer les effets pervers de politiques contemporaines. En effet, si l’histoire urbaine sud-africaine reste singulière, car étroitement liée aux politiques ségrégationnistes et racistes déployées dès le début du 20ème siècle, ces défis s’imposent aujourd’hui à de nombreuses métropoles du monde entier.
Tel est donc le parcours que nous vous proposons dans le cadre de ce dossier, dont nous publierons les différents articles au cours des prochaines semaines, en commençant aujourd’hui par celui que nous a livré Michel Rostagnat sur les métropoles chinoises.
Ainsi, l’année 2018 marquant le lancement officiel des compétences de la Métropole du Grand Paris, il nous a semblé primordial de revenir sur la naissance de celle-ci, tout en essayant de comprendre son émergence dans le débat et sur son fonctionnement à l'heure actuelle.
Nous nous sommes également demandé dans quelle mesure une ville pouvait, voire devait être durable, viable et, pour reprendre un terme largement évoqué en ce moment, « intelligente ». Les villes les plus intelligentes seront celles qui auront les plus hauts standards d'habitabilité, tels que définis par leurs habitants. Accessibles et disposant d’espaces publics dynamiques et de quartiers cohésifs, elles constitueront des lieux attractifs pour vivre et travailler. Les données y seront utilisées pour générer des informations et des connaissances pouvant être traduites en actions, elles-mêmes en mesure d’améliorer l'habitabilité pour le plus grand nombre de citadins possible. Se pose déjà toutefois la question du respect de la vie privée, en raison du risque associé à la richesse des informations personnelles recueillies sur les individus, et reposant sur la manière dont ces informations sont utilisées. Si les informations rendues anonymes et utilisées uniquement pour améliorer la vie des citadins ne semblent pas présenter beaucoup de risques, celles, non anonymes et servant à la prise de décisions ayant un impact sur les individus ou les communautés emportent de réels dangers en termes de sécurité des données, de partage et de transparence.
Au-delà des villes intelligentes, nous nous sommes également interrogés sur les conséquences du « modèle métropolitain » en dehors des métropoles, en questionnant notamment la place des « villes moyennes » françaises dans la nouvelle configuration territoriale, ainsi que les conséquences de la métropolisation sur ces territoires spécifiques. Les crises économiques des années 1970 puis des années 2000 ont accéléré un changement d’approche dans les politiques de développement des territoires (de l’idéal d’égalité au principe de spécialisation et donc à la mise en compétition des territoires) : renforcement des métropoles, en apparence mieux armées et plus adaptées aux évolutions du monde, et déclin des villes petites et moyennes, en particulier dans les régions ne disposant pas d’un fort capital touristique et dont le bassin d’emplois est tourné vers l’industrie et/ou? l’administration. La mise en concurrence de ces territoires accroît les inégalités, qui à leur tour nourrissent les rivalités, et bloquent l’émergence de projets susceptibles de permettre le développement.
À ce titre, la Chine constitue paradoxalement un cas intéressant. En effet, avant de répondre au cliché d’un pays réduit à ses mégalopoles, il faut se souvenir que la Chine est d’abord une nation paysanne. Tout dans sa culture, de son écriture idéogrammatique combinant à l’infini les images les plus concrètes pour exprimer les concepts les plus subtils, à l’extraordinaire pragmatisme de ses habitants, témoigne de ces racines paysannes. Pourtant, plus qu’ailleurs, la campagne y est la mal-aimée. Ce pays encore à 80 % rural il y a 40 ans a vu les deux courbes démographiques de la ville et de la campagne se croiser en 2010, pour atteindre aujourd’hui un équilibre 57 % / 43 % en faveur de la ville. Or, si la croissance effrénée du monde urbain en Chine depuis 40 ans est alimentée par de puissants moteurs (aspiration du peuple à la prospérité ; organisation politique visant à s’émanciper par rapport à Pékin ; régime fiscal des collectivités locales, propriétaires du foncier), la croissance des villes chinoises commence, en pratique, à toucher ses limites : un tiers de la population urbaine est constituée de travailleurs venus des campagnes, les finances publiques locales sont fragiles et les prix de l’immobilier atteignent des sommets. Ainsi, l’organisation de la mobilité dans et entre les villes chinoises est aujourd’hui devenue cruciale. Certes, la politique nationale semble encore favorable aux grandes métropoles ; plusieurs signaux commencent néanmoins à montrer un réel souci de temporisation dans le pilotage de la croissance urbaine, et le gouvernement lui-même commence à prendre des mesures discriminatoires en faveur des petites villes.
Dès lors, nous nous sommes également intéressés au leadership des gouvernements locaux face aux nouveaux défis (en termes d’environnement, de compétitivité territoriale, de participation citoyenne) de l'urbain face au changement climatique, en réfléchissant aux points de blocage de la mise en action par les collectivités (en particulier la relation collectivité-État) et en proposant un nouveau rôle aux urbanistes, qui leur permettrait de sortir des modèles connus en réinventant la ville, et ce quel que soit le continent.
Nous avons plus particulièrement investigué et documenté le développement et le futur de métropoles africaines, telles que Kinshasa et Lagos, présentées par nombreux démographes parmi les futures plus grandes mégalopoles du 21ème siècle. Par ailleurs, le cas spécifique de Johannesburg nous a permis d’étudier les relations entre dynamique démographique, crise du logement et accroissement des inégalités territoriales : replacer ces enjeux dans un cadre d’analyse commun permet de dépasser les explications « historiques » auxquelles se limitent trop souvent certains acteurs sud-africains, au risque de perpétuer les effets pervers de politiques contemporaines. En effet, si l’histoire urbaine sud-africaine reste singulière, car étroitement liée aux politiques ségrégationnistes et racistes déployées dès le début du 20ème siècle, ces défis s’imposent aujourd’hui à de nombreuses métropoles du monde entier.
Tel est donc le parcours que nous vous proposons dans le cadre de ce dossier, dont nous publierons les différents articles au cours des prochaines semaines, en commençant aujourd’hui par celui que nous a livré Michel Rostagnat sur les métropoles chinoises.
Auteur
Economie, Statistiques, Finance d'entreprise
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Master 2 Droit public Administration générale
Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) (2008), Master Finance et Stratégie
Ecole d'économie de Paris, Paris School of Economics (2008)
ENSAE (2007)
Secteurs cibles : Institutions financières, Organismes d'études, Services, Energie, Environnement, Secteur public (organisations internationales), Transports
Langues : Français, Anglais, Italien, Allemand, Hongrois Voir l’autre publication de l’auteur(trice)
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