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27 mars 2017
La Production TV : les challenges de l’audiovisuel en Afrique
Publié par
Sahar Baghery
| Afrique
L’un des défis majeurs de l’audiovisuel africain porte sur les bouleversements actuels apportés par le numérique et l’arrivée de la TNT (Télévision Numérique Terrestre) offrant une possibilité de redistribution des cartes en Afrique. La migration numérique a bien débuté en juin 2015, mais est toujours en cours dans la plupart des pays notamment en raison de son coût et n’est aujourd’hui disponible que dans quelques pays comme la Tanzanie, le Malawi et le Mozambique.
Par conséquent, le marché se structure, la concurrence s’accélère et l’offre s’élargit, ce qui représente de nouveaux enjeux pour les éditeurs de contenus et également pour les acteurs de la publicité.
Aussi le marché se réorganise en interne avec des sociétés de production et de distribution qui se créent. Par exemple la chaine ivoirienne RTI, a lancé en 2015 l’activité RTI Productions dont la mission est la valorisation des fictions « made in Côte d’Ivoire » ; de ce fait, RTI signe des accords de coproduction avec des partenaires africains, étrangers et ivoiriens, et encourage la formation de talents locaux, tout en fournissant également des prestations et accompagnements business et techniques.
Le deuxième challenge du marché africain est la mesure d’audience qui est encore en plein essor, se juxtaposant à l’arrivée imminente du numérique. Désormais mesurer les chaînes et les programmes de manière plus précise est une vraie nécessité. L’article d’Arnaud Annebicque, « Médias et audience en Afrique : un secteur d’avenir », aborde les facteurs de réussite de cette activité.
La durée d’écoute du média télévision progresse à Dakar, à Abidjan, et à Madagascar, avec respectivement 4h31, 4h01 et 3h51 sur ces marchés en 2015. Elle reste stable à 2h57 en Afrique du Sud, et est en baisse au Maroc et en Egypte.
Pléthores de plateformes OTT (Over-The-Top) se créent en Afrique, qu’elles soient locales ou à dimension internationale. C’est un marché compétitif où se distinguent de nombreux acteurs maintenant installés comme Iroko TV, Afrostream, MTN, et d’autres plus récents comme Netflix arrivé en 2016. Des développements sont également effectués par le groupe français Trace qui a récemment acquis le service pan-africain Buni TV, dont le catalogue a été fusionné à l’arrivée de la nouvelle plateforme VOD Trace Play. Un autre exemple est celui de Tammah, lancé en octobre 2016, plateforme gratuite qui a bénéficié d’une levée de fonds.
Le nombre d’offres s’est considérablement développé en l’espace de trois ans sur le continent et toutes ces plateformes proposent de nouvelles idées. Cette concurrence est une vraie impulsion positive car elle stimule la création.
L’émission Lipsync Battle, programme originaire des Etats-Unis dont le thème est de rechercher les meilleurs talents qui chantent en play-back, a été adapté en Afrique du Sud en avril 2016.
De même, l'émission britannique Britain's Got Talent, qui a donné lieu sur la télévision française à « La France a un incroyable talent », diffusée sur M6 depuis novembre 2005, a été adaptée en « L’Afrique a un incroyable talent », diffusée simultanément en Côte d’Ivoire sur RTI1, au Sénégal sur TFM, au Mali sur ORTM et au Cameroun sur Canal2 en octobre 2016.
[caption id="attachment_2077" align="alignleft" width="300"] Lipsync Battle South Africa
[caption id="attachment_2078" align="alignright" width="300"] L’Afrique a un incroyable talent
Cependant, l’auditoire apprécie également les feuilletons locaux tel que « Ma famille » qui revient, avec l’actrice ivoirienne Akissi Delta, sous le nom de « Ma grande Famille », ou comme The Queen diffusé en août 2016 ; ce programme a quasiment doublé la part d’audience de la chaîne Mzansi Magic en Afrique du Sud. Cette série se concentre autour de la vie d’Harriet Khoza, femme, épouse, mère de famille et femme d’affaires, dont la famille cache un lourd secret.
Les comédies sont également plébiscitées avec, par exemple, Kabour W Lahbib : il s’agit d’une sitcom qui traite des modes de vies nomades et citadins, dont la diffusion a commencé en juin 2016 sur la chaîne 2M au Maroc, ou l’amusante série « Les Vigiles », diffusée en Côte d’Ivoire, qui raconte avec humour l’histoire de deux gardiens de sécurité sortant de l’ordinaire.
Par ailleurs, dans un contexte plus sérieux, on constate l’émergence de la production de séries portant sur des thématiques comme la politique, des complots et des enquêtes thriller. Ainsi, National Security, sortie en juin 2016 sur RTI1, traite l’histoire de l’unité spéciale en charge de la lutte contre la criminalité en Côte d’Ivoire. Et The Governor, sortie en juillet 2016 sur EbonyLife au Nigeria, raconte l’ascension d’une femme au poste de gouverneur.
[caption id="attachment_2080" align="alignleft" width="300"] The Queen
[caption id="attachment_2081" align="alignright" width="352"] The Governor
L’Afrique est un marché très riche et dynamique, en train de se structurer. La création de contenus spécifiquement africains va continuer de se développer, avec toujours plus de divertissements, certes, mais aussi des formats de plus en plus variés.
Cependant, au-delà de la production des contenus, d’autres défis doivent être relevés comme la question de la distribution des contenus, celle du développement des productions locales et la standardisation des modes de recueil de l’audience.
Par conséquent, le marché se structure, la concurrence s’accélère et l’offre s’élargit, ce qui représente de nouveaux enjeux pour les éditeurs de contenus et également pour les acteurs de la publicité.
Aussi le marché se réorganise en interne avec des sociétés de production et de distribution qui se créent. Par exemple la chaine ivoirienne RTI, a lancé en 2015 l’activité RTI Productions dont la mission est la valorisation des fictions « made in Côte d’Ivoire » ; de ce fait, RTI signe des accords de coproduction avec des partenaires africains, étrangers et ivoiriens, et encourage la formation de talents locaux, tout en fournissant également des prestations et accompagnements business et techniques.
Le deuxième challenge du marché africain est la mesure d’audience qui est encore en plein essor, se juxtaposant à l’arrivée imminente du numérique. Désormais mesurer les chaînes et les programmes de manière plus précise est une vraie nécessité. L’article d’Arnaud Annebicque, « Médias et audience en Afrique : un secteur d’avenir », aborde les facteurs de réussite de cette activité.
Une durée d’écoute en ligne avec la moyenne mondiale, en légère progression
En termes de durée d’écoute de la télévision, pour le périmètre des pays dans lesquels celle-ci est mesurée, on constate qu’en moyenne la DEI (Durée Ecoute par Individu, tous individus confondus, téléspectateurs ou non) est de 3h12 minutes par jour en 2015. Ce chiffre est globalement stable par rapport à 2014 et il se rapproche à la durée d’écoute mondiale qui est de 3h14.La durée d’écoute du média télévision progresse à Dakar, à Abidjan, et à Madagascar, avec respectivement 4h31, 4h01 et 3h51 sur ces marchés en 2015. Elle reste stable à 2h57 en Afrique du Sud, et est en baisse au Maroc et en Egypte.
Plateformes OTT : un marché compétitif avec de nombreux mouvements
Avec les débuts de la convergence numérique, une explosion du nombre d’acteurs sur le marché de la vidéo en ligne se fait ressentir.Pléthores de plateformes OTT (Over-The-Top) se créent en Afrique, qu’elles soient locales ou à dimension internationale. C’est un marché compétitif où se distinguent de nombreux acteurs maintenant installés comme Iroko TV, Afrostream, MTN, et d’autres plus récents comme Netflix arrivé en 2016. Des développements sont également effectués par le groupe français Trace qui a récemment acquis le service pan-africain Buni TV, dont le catalogue a été fusionné à l’arrivée de la nouvelle plateforme VOD Trace Play. Un autre exemple est celui de Tammah, lancé en octobre 2016, plateforme gratuite qui a bénéficié d’une levée de fonds.
Le nombre d’offres s’est considérablement développé en l’espace de trois ans sur le continent et toutes ces plateformes proposent de nouvelles idées. Cette concurrence est une vraie impulsion positive car elle stimule la création.
Les contenus TV africains : un mixte d’adaptation de formats internationaux à succès et de créations locales
En termes de création de contenus, l’approche est double avec d’une part l’adaptation aux marchés locaux des grands succès internationaux, et, d’autre part, la multiplication des créations originales.Le divertissement gagne du terrain avec des formats à succès adaptés, « The Voice Nigeria » and « Lyp Sync Battle Africa »
Les programmes de divertissement sont un exemple de la première voie, l’adaptation de gros succès internationaux. C’est ainsi le cas de The Voice, diffusé au Nigeria en avril 2016 sur Africa Magic Showcase, ainsi qu’en Afrique du Sud en octobre de la même année, où le premier épisode a triplé la part d’audience de la chaîne.L’émission Lipsync Battle, programme originaire des Etats-Unis dont le thème est de rechercher les meilleurs talents qui chantent en play-back, a été adapté en Afrique du Sud en avril 2016.
De même, l'émission britannique Britain's Got Talent, qui a donné lieu sur la télévision française à « La France a un incroyable talent », diffusée sur M6 depuis novembre 2005, a été adaptée en « L’Afrique a un incroyable talent », diffusée simultanément en Côte d’Ivoire sur RTI1, au Sénégal sur TFM, au Mali sur ORTM et au Cameroun sur Canal2 en octobre 2016.
[caption id="attachment_2077" align="alignleft" width="300"] Lipsync Battle South Africa
[caption id="attachment_2078" align="alignright" width="300"] L’Afrique a un incroyable talent
Les telenovelas et les sitcoms laissent de la place aux séries à suspens
Les téléspectateurs africains semblent particulièrement aimer se divertir devant la télévision, aussi à travers les fictions, principalement avec les telenovelas et les sitcoms, qui viennent en grande partie d’Amérique.Cependant, l’auditoire apprécie également les feuilletons locaux tel que « Ma famille » qui revient, avec l’actrice ivoirienne Akissi Delta, sous le nom de « Ma grande Famille », ou comme The Queen diffusé en août 2016 ; ce programme a quasiment doublé la part d’audience de la chaîne Mzansi Magic en Afrique du Sud. Cette série se concentre autour de la vie d’Harriet Khoza, femme, épouse, mère de famille et femme d’affaires, dont la famille cache un lourd secret.
Les comédies sont également plébiscitées avec, par exemple, Kabour W Lahbib : il s’agit d’une sitcom qui traite des modes de vies nomades et citadins, dont la diffusion a commencé en juin 2016 sur la chaîne 2M au Maroc, ou l’amusante série « Les Vigiles », diffusée en Côte d’Ivoire, qui raconte avec humour l’histoire de deux gardiens de sécurité sortant de l’ordinaire.
Par ailleurs, dans un contexte plus sérieux, on constate l’émergence de la production de séries portant sur des thématiques comme la politique, des complots et des enquêtes thriller. Ainsi, National Security, sortie en juin 2016 sur RTI1, traite l’histoire de l’unité spéciale en charge de la lutte contre la criminalité en Côte d’Ivoire. Et The Governor, sortie en juillet 2016 sur EbonyLife au Nigeria, raconte l’ascension d’une femme au poste de gouverneur.
[caption id="attachment_2080" align="alignleft" width="300"] The Queen
[caption id="attachment_2081" align="alignright" width="352"] The Governor
L’Afrique est un marché très riche et dynamique, en train de se structurer. La création de contenus spécifiquement africains va continuer de se développer, avec toujours plus de divertissements, certes, mais aussi des formats de plus en plus variés.
Cependant, au-delà de la production des contenus, d’autres défis doivent être relevés comme la question de la distribution des contenus, celle du développement des productions locales et la standardisation des modes de recueil de l’audience.
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