Philippe Gudin de Vallerin
Créatif le soir aux théâtre des Blancs Manteaux et sous directeur dans la journée à Bercy : un grand écart familier pour Philippe Gudin de Vallerin (1989), un Ancien qui ne s’est jamais contenté des chiffres pour nourrir sa vie. Il nous présente son activité d’acteur de théâtre Les deux pieds dans le bonheur et des projets et des mots plein la tête.
Tu as fêté au printemps la 200ème représentation de la pièce Les deux pieds dans le bonheur, quels souvenirs as tu gardé de la première représentation ?
Lorsque nous avons joué pour la première fois cette pièce en octobre 2007 à la Grande Comédie pour une représentation unique, nous donnions corps à un projet qui germait depuis plusieurs années. Erwin Zirmi et Géraldine Therre avaient écrit ce texte quelques années auparavant. Lorsqu’ils me l’ont fait lire, j’ai tout de suite été enthousiaste, mais je n’imaginais pas qu’un tel chemin pourrait être parcouru ! Le jour de la première, j’étais mort de trac parce que je ne savais pas encore quel serait l’accueil du public et parce que je me demandais s’il y aurait d’autres représentations après. Nous avions travaillé en amont pendant deux ans (choix des comédiens et d’un metteur en scène, premières lectures, recherche d’une salle,...) et nous touchions au but. Mais tout pouvait s’arrêter le lendemain !
Cette aventure créative est-elle la première ?
Oui et non. J’ai commencé le théâtre pendant mes études, à l’X puis à l’ENSAE. Lorsque j’étais à l’ENSAE, je suivais en parallèle des cours d’art dramatique au Conservatoire national de Meudon. Puis pendant mes premières années d’expérience professionnelle à l’INSEE et à la Direction de la Prévision, j’ai joué régulièrement dans une compagnie amateur en marge du conservatoire. Tout s’est arrêté quand je suis parti travailler à Londres et ce n’est que 10 ans plus tard, en 2003, que j’ai interrompu ma carrière d’économiste pour quelque temps pour entrer au cours Florent.
J’ai alors créé une compagnie professionnelle et j’ai produit plusieurs pièces qui ont été jouées au festival d’Avignon et en province.
Puis, parallèlement à la reprise de mon métier d’économiste (d’abord à mi-temps), j’ai eu quelques expériences assez intéressantes au cinéma. J’ai notamment eu la chance de passer plus d’une semaine avec Michel Serrault sur le tournage de son dernier film dans lequel j’avais un rôle assez important. J’ai eu aussi des petits rôles dans quelques films ainsi qu’à la télé !
Malgré tout, l’expérience « Les Deux Pieds dans le Bonheur » est une première, car il s’agit d’un création, que c’est la première fois qu’une des pièces que je produis est programmée dans un théâtre parisien et que ce projet a pris une ampleur très importante.
Quelle est ta fonction au sein de la DGTPE ?
Je suis sous directeur des prévisions macroéconomiques. Je dirige une sous direction d’une trentaine de personnes, principalement des économistes. Notre tâche est d’assurer un suivi de la conjoncture française et internationale, de réaliser les prévisions macroéconomiques du gouvernement qui sous tendent notamment les hypothèses budgétaires, et d’apporter un éclairage macroéconomique aux questions traitées par la Direction Générale du trésor et de la Politique Économique.
Existe-t-il deux Philippe ou ces activités se nourrissent-elles réciproquement ?
Fort heureusement je ne souffre pas d’un dédoublement de personnalité ! Je suis le même au bureau et au théâtre ! Il m’est arrivé à plusieurs reprises au cours de mon activité d’acteur (au théâtre ou au cinéma) de me servir de mon autre métier et des expériences qu’il a pu m’apporter.
Comment t’es-tu préparé au rôle que tu joues aux Blancs Manteaux? Ton interprétation apporte-t-elle des accents particuliers ?
Erwin Zirmi, l’un des co-auteurs de la pièce, savait que j’en serai l’interprète : j’ai la chance de jouer un rôle qui a été écrit pour moi ! C’est rare ! Forcément, comme on est dans la comédie, mon personnage est un peu caricaturé. Mais on retrouve un peu de moi dans Normand (le personnage). J’y retrouve notamment tous mes petits défauts et mes petites manies : il déteste le conflit, il est un peu maniaque, naïf aussi… Bien sûr, lorsque j’interprète Normand, je me sens très loin de moi, mais je peux puiser dans ma « boîte à outil » personnelle tout naturellement et me nourrir des certaines situations vécues. C’est très amusant et très stimulant.
Te considères-tu comme amateur ou professionnel ?
Etant producteur, c’est moi qui suis le titulaire de la licence d’entrepreneur du spectacle : je suis en quelque sorte le chef d’entreprise. En outre, je ne suis pas le seul dans la troupe à avoir un autre métier : Erwin l’auteur, est professeur dans l’enseignement supérieur. La seule chose qui nous distingue clairement des autres, c’est que nous ne sommes pas payés pour jouer ! Mais pour tous, nous sommes des comédiens à part entière, en plus d’être auteur pour lui et producteur pour moi. Donc pour répondre à ta question, je dirais « professionnel » !
Elle est maintenant en tournée, mais pour quelles raisons faut-il absolument aller voir la pièce ?
En ces temps économiques difficiles, rien de tel qu’une bonne comédie pour oublier les soucis ! D’ailleurs, les théâtres étaient pleins dans les années 1930 !
Je dirais que c’est une comédie très moderne. L’un de mes collègues de Bercy qui est venu voir une des premières représentations a trouvé une expression pour qualifier le genre : c’est un « vaudeville bobo du XXIe siècle » ! Je crois que cela résume bien le genre ! On y retrouve des personnages que l’on a tous rencontré au moins une fois dans notre vie : ce sont des caricatures mais ils sont sincères, drôles, attachants même !
Quelle est la prochaine pièce dans laquelle nous pourrons venir te voir ?
Dans un genre très différent : « La Double Inconstance » de Marivaux, que nous avons joué en province en 2007 et que nous reprendrons à partir du printemps 2010. Et vers fin 2010, une deuxième pièce d’Erwin et Géraldine en cours d’écriture… Mais je ne sais encore rien à ce sujet, les auteurs sont très secrets…
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