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Propos recueillis par Eléonore Trigano et Catherine Grandcoing
Variances : Philippe, peux-tu nous expliquer ton parcours universitaire, tes choix et les raisons de tes choix ?
Philippe Cunéo : j’ai fait une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce pendant un an, après mon bac, soit peu de temps après mai 68, et puis, j’ai préféré aller étudier à l’université où j’ai suivi une double formation mathématiques-économie. J’ai alors hésité entre mon désir de poursuivre dans la voie recherche et mon envie de faire le lien entre la théorie et le concret. J’ai finalement trouvé un bon équilibre en intégrant l’ENSAE et en démarrant une thèse avec un encadrant de l’Insee.
J’y ai mis en application un enseignement clé de l’ENSAE :
essayer de donner du sens aux données, ce que j’ai ensuite cherché à faire pendant toute ma carrière
Pendant l’ENSAE j’ai été reçu au concours d’administrateur de l’Insee et j’ai poursuivi ma thèse sur l’impact de la R&D sur la productivité des entreprises. J’ai ensuite eu l’occasion de rejoindre le National Bureau of Economic Research à Cambridge pendant 6 mois, entre les campus de Harvard et du MIT. J’en garde un excellent souvenir, j’y ai travaillé plus de 16h par jour ! J’y ai mis en application un enseignement clé de l’ENSAE : essayer de donner du sens aux données, ce que j’ai ensuite cherché à faire pendant toute ma carrière.
Variances : A partir de 1987, après avoir été chargé d’études puis chef de section au sein de la division Etudes des entreprises à l’Insee, tu vas occuper successivement deux postes clés au sein de la direction de l’ENSAE en moins de 4 ans.
Philippe Cunéo : j’ai été successivement directeur des études puis directeur de l’ENSAE. A l’époque l’équipe était encore réduite. En fait, on faisait tourner ce qui s’appelle maintenant l’ENSAE à cinq, ce qui serait impossible aujourd’hui, mais on gérait pourtant déjà plus de 400 enseignants. Nous n’aurions pas pu faire ça sans un fonctionnement complètement collégial, avec une confiance forte entre les membres de l’équipe.
Variances : à 34 ans, tu décides de rejoindre le BIPE, cabinet de conseil en analyse stratégique et prospective économique. Qu’est-ce qui t’a fait quitter le secteur public ?
Philippe Cunéo : j’ai souhaité mettre en pratique ce que j’avais appris sur le tissu industriel. Au BIPE, j’étais en charge d’une équipe d’une dizaine de personnes, responsable notamment de la prévision conjoncturelle et de prévisions sectorielles à moyen-terme, mais mon équipe était aussi la boîte à outils statistiques de toute l’entreprise. J’ai été apprécié pour mes compétences quantitatives : j’ai notamment étudié l’exemple du Japon pour renseigner France Telecom sur la vitesse prévisionnelle de développement du fax dans les entreprises. Ce passage dans le privé m’a également permis de développer de nouvelles compétences puisqu’il s’agissait alors de « vendre nos propositions » avec un aspect commercial fort.
Variances : Nouveau changement de décor 4 ans et demi plus tard lorsque tu rejoins la direction des études statistiques de l’UNEDIC pour travailler sur les indemnités chômage.
Philippe Cunéo : à l’époque, l’UNEDIC s’occupait de l’actualisation des demandeurs d’emploi et ma direction était responsable des statistiques sur l’emploi (avec déjà la question de la cohérence de ces chiffres avec les statistiques de l’Insee). Nous étions en charge de la prévision de l’équilibre financier, « ou plutôt du déséquilibre financier », de l’assurance chômage et nous devions chiffrer les propositions de modifications réglementaires. Grâce aux prémices d’un modèle de micro-simulation, nous avons réussi à faire accepter par tous une méthode de chiffrage objective, dont les partenaires sociaux ont pu se saisir lors des grands « rounds » de négociations sur l’assurance chômage, qui démarraient généralement vers 17 heures et se terminaient en pleine nuit. Les partenaires sociaux se disputaient sur l’interprétation des chiffres, plus que sur les chiffres eux-mêmes. Puis, j’ai participé à la création de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), avec toujours la même ambition : faire qu’en matière de santé, il existe une expertise indiscutable en matière de chiffres afin que les politiques puissent s’en saisir et prendre des décisions, objectif qui me semble aujourd’hui atteint.
Variances : tu rejoins l’Insee en 2008 pour t’occuper de la coordination du système statistique et des relations internationales. A cette occasion, tu animes le groupe de statistiques de l’Union Européenne, en pleine présidence française de l’UE.
Philippe Cunéo : pendant 6 mois nous avons dirigé les négociations européennes sur le règlement relatif à la statistique européenne. Il a fallu trouver un équilibre entre les positions de chacun : les Etats membres voulaient garder un minimum de souveraineté sur leur système de statistiques publiques, alors que la Commission souhaitait favoriser la production de statistiques purement européennes ; le Parlement quant à lui souhaitait éviter une trop forte augmentation de la charge administrative des entreprises. C’était vraiment passionnant d’essayer de comprendre les préoccupations des uns et des autres pour essayer de trouver un compromis acceptable. Et, même si ça n’est pas la mode aujourd’hui, j’ai été vraiment frappé par la qualité du travail législatif européen, lequel ne laisse pas la place à l’improvisation…
Variances : en 2012, toujours à l'Insee, tu participes à la création de la direction de la méthodologie dans le cadre d’une réflexion sur le programme « ambition 2015 »
Philippe Cunéo : des notes Insee de 1985 préconisaient déjà la création d’une direction sur ce sujet... Mais à l’époque, la nécessité d’une direction de la méthodologie ne s’imposait sans doute pas : l’urgence portait sur la production de nouvelles statistiques et non pas sur les méthodes de production de ces dernières. Mais lorsque les crédits budgétaires ont commencé à diminuer fortement, nous avons souhaité « sanctuariser les méthodologues » comme disait Jean-Philippe Cotis, pour éviter de sacrifier la recherche méthodologique à l’urgence de la production.
Variances : fort de ces nombreuses expériences professionnelles grâce auxquelles tu as pu rester en contact avec le concret et relever de nouveaux défis à chaque changement de poste, tu as rejoint l’inspection générale de l’Insee et, il y a quelques mois, Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee, t'a proposé de succéder à Antoine Frachot à la direction du GENES
Philippe Cunéo : même si j'ai apprécié toutes les fonctions que j'ai occupées au cours de ma carrière, mes années passées à la direction de l'ENSAE m'ont laissé un souvenir fort. J'y ai travaillé sur des sujets passionnants, la formation mais aussi la manière dont une école doit exister dans un univers concurrentiel. En acceptant le poste de directeur du GENES dans un contexte d'évolution extraordinaire de l'enseignement supérieur, je vais m'attacher, notamment pour l'ENSAE, à développer son excellence et sa singularité. Quand il y a un certain nombre d’années, j’en étais le directeur, l’ENSAE était la seule à proposer les enseignements qu’elle dispense, alors qu’aujourd’hui, les big data, par exemple, sont enseignées dans un très grand nombre d'écoles dont certaines sont destinées à partager le campus de Paris Saclay avec l'ENSAE. Notre ambition est donc d'enseigner à l’ENSAE, comme à l’ENSAI sur le campus breton, les formations d'excellence de nos écoles, à un haut niveau d'expertise, en développant sur ces sujets les singularités de nos enseignements.
Variances : quels sont justement tes projets pour l’ENSAE au sein du campus de Paris Saclay, que tu devrais rejoindre en mars, pour une première rentrée des élèves sur Saclay en septembre prochain ?
Philippe Cunéo : avec ses universités, ses organismes de recherche et ses grandes écoles, le campus de Saclay est un projet très enthousiasmant dans lequel l’ENSAE devra trouver sa place, mais avec de grands enjeux budgétaires, de gouvernance et de flexibilité. Il y a un combat à mener de la part de l’ENSAE pour affirmer la nécessité de méthodologies spécifiques dans toute l’administration et dans l’économie. C’est l’idée qu’un élève formé aux statistiques, à l’économie, et qui en plus écrit bien, est complet. Là encore, sur des sujets comme la data science, je suis persuadé que l’ENSAE saura affirmer sa différenciation car nous savons donner du sens aux données, et depuis très longtemps, avec une éthique forte –ne pas tricher avec les données. L’ENSAE sera par ailleurs la seule à dispenser une formation « actuariat » sur le campus.
Il y a par ailleurs des inquiétudes logistiques auxquelles nous devrons répondre : sur la présence d’assez de logements, mais également sur les moyens de transport à proximité du campus. Nous souhaitons que les attachés et les administrateurs de l’Insee puissent continuer à passer une journée par semaine au CREST dans le cadre de leur thèse et que les jeunes Insee puissent continuer à donner des TD à l’ENSAE.
Variances : l’idéal dans 5 ans pour toi en ce qui concerne l'ENSAE ?
Philippe Cunéo : l'ENSAE a pour ambition de devenir la « School of economics » de Saclay, avec des enseignements très pointus en mathématiques, en statistiques et aussi en économie.
Nous souhaitons pour cela ouvrir nos formations à toutes les écoles du campus qui nous le demanderont, avec diplôme à la clé. Nous sommes d’ailleurs déjà très sollicités : beaucoup d’écoles présentes sur le campus souhaitent envoyer leurs étudiants à l’ENSAE pour leur deuxième et/ou troisième année d’école. Mais cela a un coût non négligeable, il va donc falloir trouver un modèle économique viable, l’avantage étant bien sûr la visibilité accrue que nous pourrons en tirer.
Variances : en tant qu’administrateur de l’Insee, que conseillerais-tu aux jeunes administrateurs ?
Philippe Cunéo : il ne faut pas avoir peur d’aller voir en dehors de l’Insee (aussi bien dans l’administration que dans le privé), les retours à l’Insee sont tout à fait possibles ensuite et un passage à l’extérieur peut enrichir grandement une carrière.
Variances : plus personnellement, qu’est ce qui est important pour toi ?
Philippe Cunéo : comprendre et apprendre des choses nouvelles. Ce que j’ai eu la chance de pouvoir faire à l’ENSAE et à l’Insee tout au long de ma carrière.
Par ailleurs, je lis beaucoup, de tout, des romans mais aussi beaucoup d'essais, je suis les questions de relations internationales et les questions sociales, et j’essaie de faire beaucoup de sport, du tennis, de la natation, un peu de vélo.
Variances : un dernier mot à l'adresse des étudiants des écoles du GENES et particulièrement ceux de l'ENSAE ?
Philippe Cunéo : je sais qu’on dit de l’ENSAE que c’est une école où on travaille beaucoup, mais je conseille malgré tout aux étudiants de nos écoles de profiter du temps passé à leurs études pour… beaucoup travailler ! Car ils ont l’occasion de découvrir et d'approfondir des sujets passionnants, en prise directe avec la marche du monde.
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08 novembre 2016
Tête d'affiche : Philippe Cunéo (1981), directeur général du GENES
Publié par
Eléonore Trigano
| Nos alumni
Propos recueillis par Eléonore Trigano et Catherine Grandcoing
Variances : Philippe, peux-tu nous expliquer ton parcours universitaire, tes choix et les raisons de tes choix ?
Philippe Cunéo : j’ai fait une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce pendant un an, après mon bac, soit peu de temps après mai 68, et puis, j’ai préféré aller étudier à l’université où j’ai suivi une double formation mathématiques-économie. J’ai alors hésité entre mon désir de poursuivre dans la voie recherche et mon envie de faire le lien entre la théorie et le concret. J’ai finalement trouvé un bon équilibre en intégrant l’ENSAE et en démarrant une thèse avec un encadrant de l’Insee.
J’y ai mis en application un enseignement clé de l’ENSAE :
essayer de donner du sens aux données, ce que j’ai ensuite cherché à faire pendant toute ma carrière
Pendant l’ENSAE j’ai été reçu au concours d’administrateur de l’Insee et j’ai poursuivi ma thèse sur l’impact de la R&D sur la productivité des entreprises. J’ai ensuite eu l’occasion de rejoindre le National Bureau of Economic Research à Cambridge pendant 6 mois, entre les campus de Harvard et du MIT. J’en garde un excellent souvenir, j’y ai travaillé plus de 16h par jour ! J’y ai mis en application un enseignement clé de l’ENSAE : essayer de donner du sens aux données, ce que j’ai ensuite cherché à faire pendant toute ma carrière.
Variances : A partir de 1987, après avoir été chargé d’études puis chef de section au sein de la division Etudes des entreprises à l’Insee, tu vas occuper successivement deux postes clés au sein de la direction de l’ENSAE en moins de 4 ans.
Philippe Cunéo : j’ai été successivement directeur des études puis directeur de l’ENSAE. A l’époque l’équipe était encore réduite. En fait, on faisait tourner ce qui s’appelle maintenant l’ENSAE à cinq, ce qui serait impossible aujourd’hui, mais on gérait pourtant déjà plus de 400 enseignants. Nous n’aurions pas pu faire ça sans un fonctionnement complètement collégial, avec une confiance forte entre les membres de l’équipe.
Variances : à 34 ans, tu décides de rejoindre le BIPE, cabinet de conseil en analyse stratégique et prospective économique. Qu’est-ce qui t’a fait quitter le secteur public ?
Philippe Cunéo : j’ai souhaité mettre en pratique ce que j’avais appris sur le tissu industriel. Au BIPE, j’étais en charge d’une équipe d’une dizaine de personnes, responsable notamment de la prévision conjoncturelle et de prévisions sectorielles à moyen-terme, mais mon équipe était aussi la boîte à outils statistiques de toute l’entreprise. J’ai été apprécié pour mes compétences quantitatives : j’ai notamment étudié l’exemple du Japon pour renseigner France Telecom sur la vitesse prévisionnelle de développement du fax dans les entreprises. Ce passage dans le privé m’a également permis de développer de nouvelles compétences puisqu’il s’agissait alors de « vendre nos propositions » avec un aspect commercial fort.
Les partenaires sociaux se disputaient sur l’interprétation des chiffres,
plus que sur les chiffres eux-mêmes
Variances : Nouveau changement de décor 4 ans et demi plus tard lorsque tu rejoins la direction des études statistiques de l’UNEDIC pour travailler sur les indemnités chômage.
Philippe Cunéo : à l’époque, l’UNEDIC s’occupait de l’actualisation des demandeurs d’emploi et ma direction était responsable des statistiques sur l’emploi (avec déjà la question de la cohérence de ces chiffres avec les statistiques de l’Insee). Nous étions en charge de la prévision de l’équilibre financier, « ou plutôt du déséquilibre financier », de l’assurance chômage et nous devions chiffrer les propositions de modifications réglementaires. Grâce aux prémices d’un modèle de micro-simulation, nous avons réussi à faire accepter par tous une méthode de chiffrage objective, dont les partenaires sociaux ont pu se saisir lors des grands « rounds » de négociations sur l’assurance chômage, qui démarraient généralement vers 17 heures et se terminaient en pleine nuit. Les partenaires sociaux se disputaient sur l’interprétation des chiffres, plus que sur les chiffres eux-mêmes. Puis, j’ai participé à la création de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), avec toujours la même ambition : faire qu’en matière de santé, il existe une expertise indiscutable en matière de chiffres afin que les politiques puissent s’en saisir et prendre des décisions, objectif qui me semble aujourd’hui atteint.
Variances : tu rejoins l’Insee en 2008 pour t’occuper de la coordination du système statistique et des relations internationales. A cette occasion, tu animes le groupe de statistiques de l’Union Européenne, en pleine présidence française de l’UE.
Philippe Cunéo : pendant 6 mois nous avons dirigé les négociations européennes sur le règlement relatif à la statistique européenne. Il a fallu trouver un équilibre entre les positions de chacun : les Etats membres voulaient garder un minimum de souveraineté sur leur système de statistiques publiques, alors que la Commission souhaitait favoriser la production de statistiques purement européennes ; le Parlement quant à lui souhaitait éviter une trop forte augmentation de la charge administrative des entreprises. C’était vraiment passionnant d’essayer de comprendre les préoccupations des uns et des autres pour essayer de trouver un compromis acceptable. Et, même si ça n’est pas la mode aujourd’hui, j’ai été vraiment frappé par la qualité du travail législatif européen, lequel ne laisse pas la place à l’improvisation…
...pour éviter de sacrifier la recherche méthodologique à l’urgence de la production
Variances : en 2012, toujours à l'Insee, tu participes à la création de la direction de la méthodologie dans le cadre d’une réflexion sur le programme « ambition 2015 »
Philippe Cunéo : des notes Insee de 1985 préconisaient déjà la création d’une direction sur ce sujet... Mais à l’époque, la nécessité d’une direction de la méthodologie ne s’imposait sans doute pas : l’urgence portait sur la production de nouvelles statistiques et non pas sur les méthodes de production de ces dernières. Mais lorsque les crédits budgétaires ont commencé à diminuer fortement, nous avons souhaité « sanctuariser les méthodologues » comme disait Jean-Philippe Cotis, pour éviter de sacrifier la recherche méthodologique à l’urgence de la production.
Variances : fort de ces nombreuses expériences professionnelles grâce auxquelles tu as pu rester en contact avec le concret et relever de nouveaux défis à chaque changement de poste, tu as rejoint l’inspection générale de l’Insee et, il y a quelques mois, Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee, t'a proposé de succéder à Antoine Frachot à la direction du GENES
Philippe Cunéo : même si j'ai apprécié toutes les fonctions que j'ai occupées au cours de ma carrière, mes années passées à la direction de l'ENSAE m'ont laissé un souvenir fort. J'y ai travaillé sur des sujets passionnants, la formation mais aussi la manière dont une école doit exister dans un univers concurrentiel. En acceptant le poste de directeur du GENES dans un contexte d'évolution extraordinaire de l'enseignement supérieur, je vais m'attacher, notamment pour l'ENSAE, à développer son excellence et sa singularité. Quand il y a un certain nombre d’années, j’en étais le directeur, l’ENSAE était la seule à proposer les enseignements qu’elle dispense, alors qu’aujourd’hui, les big data, par exemple, sont enseignées dans un très grand nombre d'écoles dont certaines sont destinées à partager le campus de Paris Saclay avec l'ENSAE. Notre ambition est donc d'enseigner à l’ENSAE, comme à l’ENSAI sur le campus breton, les formations d'excellence de nos écoles, à un haut niveau d'expertise, en développant sur ces sujets les singularités de nos enseignements.
...l’ENSAE saura affirmer sa différenciation car nous savons donner du sens aux données,
et depuis très longtemps, avec une éthique forte –ne pas tricher avec les données
Variances : quels sont justement tes projets pour l’ENSAE au sein du campus de Paris Saclay, que tu devrais rejoindre en mars, pour une première rentrée des élèves sur Saclay en septembre prochain ?
Philippe Cunéo : avec ses universités, ses organismes de recherche et ses grandes écoles, le campus de Saclay est un projet très enthousiasmant dans lequel l’ENSAE devra trouver sa place, mais avec de grands enjeux budgétaires, de gouvernance et de flexibilité. Il y a un combat à mener de la part de l’ENSAE pour affirmer la nécessité de méthodologies spécifiques dans toute l’administration et dans l’économie. C’est l’idée qu’un élève formé aux statistiques, à l’économie, et qui en plus écrit bien, est complet. Là encore, sur des sujets comme la data science, je suis persuadé que l’ENSAE saura affirmer sa différenciation car nous savons donner du sens aux données, et depuis très longtemps, avec une éthique forte –ne pas tricher avec les données. L’ENSAE sera par ailleurs la seule à dispenser une formation « actuariat » sur le campus.
Il y a par ailleurs des inquiétudes logistiques auxquelles nous devrons répondre : sur la présence d’assez de logements, mais également sur les moyens de transport à proximité du campus. Nous souhaitons que les attachés et les administrateurs de l’Insee puissent continuer à passer une journée par semaine au CREST dans le cadre de leur thèse et que les jeunes Insee puissent continuer à donner des TD à l’ENSAE.
Variances : l’idéal dans 5 ans pour toi en ce qui concerne l'ENSAE ?
Philippe Cunéo : l'ENSAE a pour ambition de devenir la « School of economics » de Saclay, avec des enseignements très pointus en mathématiques, en statistiques et aussi en économie.
Nous souhaitons pour cela ouvrir nos formations à toutes les écoles du campus qui nous le demanderont, avec diplôme à la clé. Nous sommes d’ailleurs déjà très sollicités : beaucoup d’écoles présentes sur le campus souhaitent envoyer leurs étudiants à l’ENSAE pour leur deuxième et/ou troisième année d’école. Mais cela a un coût non négligeable, il va donc falloir trouver un modèle économique viable, l’avantage étant bien sûr la visibilité accrue que nous pourrons en tirer.
il ne faut pas avoir peur d’aller voir en dehors de l’Insee
Variances : en tant qu’administrateur de l’Insee, que conseillerais-tu aux jeunes administrateurs ?
Philippe Cunéo : il ne faut pas avoir peur d’aller voir en dehors de l’Insee (aussi bien dans l’administration que dans le privé), les retours à l’Insee sont tout à fait possibles ensuite et un passage à l’extérieur peut enrichir grandement une carrière.
Variances : plus personnellement, qu’est ce qui est important pour toi ?
Philippe Cunéo : comprendre et apprendre des choses nouvelles. Ce que j’ai eu la chance de pouvoir faire à l’ENSAE et à l’Insee tout au long de ma carrière.
Par ailleurs, je lis beaucoup, de tout, des romans mais aussi beaucoup d'essais, je suis les questions de relations internationales et les questions sociales, et j’essaie de faire beaucoup de sport, du tennis, de la natation, un peu de vélo.
Variances : un dernier mot à l'adresse des étudiants des écoles du GENES et particulièrement ceux de l'ENSAE ?
Philippe Cunéo : je sais qu’on dit de l’ENSAE que c’est une école où on travaille beaucoup, mais je conseille malgré tout aux étudiants de nos écoles de profiter du temps passé à leurs études pour… beaucoup travailler ! Car ils ont l’occasion de découvrir et d'approfondir des sujets passionnants, en prise directe avec la marche du monde.
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