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26 octobre 2016

Tête d'affiche : Sebastião Salgado, photographe

Publié par Variances EU | Nos alumni
A l'occasion de sa nomination à l'Académie des Beaux-Arts cette année, nous vous proposons de retrouver ici le portrait de Sebastião Salgado, initialement paru dans le numéro 49 de Variances (février 2014)

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De passage à Paris entre un reportage en Amérique Centrale et le transfert de son exposition Genesis de la Maison Européenne de la Photographie de Paris au CaixaForum de Madrid, Sebastião Salgado nous reçoit et nous parle avec passion de sa vie de photographe marquée par ses études d’économie menées en partie à l’ENSAE.

Sebastião Salgado naît au Brésil en 1944 dans l’état du Minas Gerais, dans la vallée du rio Doce, célèbre pour ses mines de fer et d’or. Il y passe une enfance très heureuse sur les terres de sa famille à parcourir à cheval les immenses territoires de ce pays aux dimensions extraordinaires aux côtés de son père, pharmacien devenu fermier à la suite de ses engagements révolutionnaires.

Les années 50 voient le Brésil amorcer un développement économique et industriel sans précédent après 400 ans de somnolence (naissance des premières entreprises automobiles dès 1950, création de Brasilia en 1960). Sebastião Salgado, désireux de participer activement à ce mouvement, choisit d’étudier l’économie et se prépare ainsi à devenir un des cadres du Brésil en émergence.

Pour répondre aux besoins croissants de main d’œuvre industrielle, la population rurale brésilienne se déplace en masse vers les villes (en 1950, plus de 90 % des Brésiliens vivent à la campagne, dix ans plus tard ils ne sont plus que 80 %, et de nos jours seulement 10 %) et s’y paupérise, pendant que s’organisent de vastes mouvements révolutionnaires inspirés du marxisme ou de la gauche chrétienne. Sebastião Salgado milite activement dans ces mouvements tout en obtenant son diplôme du premier master d’économie du Brésil, juste créé. Il s’y forme à la macroéconomie, à l’économétrie, à l’économie politique et à la finance publique et travaille sur les modèles économiques capables d’impulser développement économique et social à l’aide de prévision et de régulation.

En 1964, le coup d’Etat du maréchal Castelo Branco instaure brutalement un régime militaire qui va durer près de vingt ans. Les mouvements d’opposition auxquels participe Sebastião sont pourchassés et leurs membres contraints à la clandestinité ou à l’exil.

« Trois choix s’ouvraient à nous : l’exil vers les Etats-Unis, le départ vers le bloc soviétique et une troisième voie, celle de la France. Le Brésil est un pays extraordinairement francophile, à l’époque les enfants brésiliens apprenaient le français dès le collège bien avant d’étudier l’anglais, et chaque ville de plus de 100 000 habitants possédait une Alliance française. C’est d’ailleurs à l’Alliance française de Vitoria que j’ai rencontré Lélia qui allait devenir ma femme, la mère de mes enfants et la compagne de tous mes projets. 

Cela explique qu’à l’heure du départ, de très nombreux intellectuels brésiliens choisirent la France pour terre d’exil, confiants dans la capacité de ce pays à les accueillir et, pour les plus jeunes dont je faisais partie, à les aider à poursuivre leur formation. » 

Sebastião quitte le Brésil en 1969 pour Paris, s’installe avec Lélia à la cité universitaire du boulevard Jourdan et s’inscrit à l’ENSAE ainsi qu’à l’EHESS pour y préparer un doctorat de 3° cycle en économie agricole.

« Les étudiants brésiliens connaissaient et admiraient les travaux d’Edmond Malinvaud. Le choix de l’ENSAE fut donc pour moi une évidence car je savais y trouver les enseignements de macroéconomie et de sociologie quantitative qui, associés aux études d’économie et de géopolitique marxiste que je suivais à l’EHESS, me permettraient de compléter ma formation en apprenant des meilleurs. 

Ce fut très dur ! Je ne parlais pas suffisamment bien le français pour ne pas devoir faire beaucoup d’efforts et, surtout, je n’avais pas imaginé le niveau d’excellence des enseignements de mathématique théorique de l’ENSAE qui étaient beaucoup plus approfondis qu’à l’université de Sao Paulo. Beaucoup de travail donc, associé à des activités alimentaires pour compléter les faibles moyens de subsistance d’un exilé ! Mais une formidable ouverture, une formation de très haut niveau à la réflexion économique, un apprentissage des méthodes d’analyse sociale (merci aux cours de Pierre Bourdieu !) et une capacité à comprendre le fonctionnement des systèmes et l’influence des différentes variables qui font encore aujourd’hui partie de moi et permettent à mes reportages et à mes projets d’exister et de prendre tout leur sens. » 

Deux ans après son arrivée en France, Sebastião renonce à finir son doctorat pour accepter la proposition de l’Organisation internationale du café (ICO) qui lui offre un poste d’économiste international dans sa banque d’investissement et la responsabilité directe de cinq pays africains (l’Ouganda, le Kénya, le Congo, le Burundi et le Rwanda) dans lesquels il va initier et développer des projets de diversification de la culture du café après avoir évalué leur viabilité et leur retour sur investissement.

Ce sont deux années de voyages en Afrique, notamment au Rwanda où il lance, avec l’aide financière de la Banque Mondiale et de la FAO , un vaste programme de culture du thé, appelé « le thé villageois » pour signifier la capacité de ce programme à nourrir 30 000 familles qui produisaient ce thé sur leurs propres terres, de manière autonome.

Vingt ans plus tard, en 1991, devenu photographe, Sebastião ira constater la formidable réussite de ce programme lors d’un voyage dans la région du lac Kivu pour son projet « La Main de l’homme ». Le thé rwandais sera devenu, à ce moment-là, le « meilleur » du monde puisque le plus coté à la Bourse de Londres.

« Ces années passées à l’Organisation internationale du café furent une période très intéressante. La tradition du café est profondément ancrée dans la culture de tout brésilien. Travailler sur des projets de diversification pour préserver l’équilibre économique de cette culture était pour moi un objectif qui trouvait tout son sens dans ma propre histoire et me permettait d’appliquer concrètement ce que mes études m’avaient enseigné. 

Mais cette période fut aussi celle d’une découverte essentielle : celle du sens que prenait la vie lorsque je la regardais à travers le viseur d’un appareil photo ! J’étais encore à l’ENSAE lorsque, pour la première fois, j’ai utilisé l’appareil récemment acheté par Lélia. Ce fut une révélation. Difficile d’expliquer avec des mots le sentiment qu’en faisant ce geste une partie de moi-même m’était révélée; je trouvai dans ce regard si particulier qui est celui du photographe la concrétisation de ce qu’intellectuellement je comprenais de la vie qui m’entourait. J’ai alors décidé d’utiliser ce langage pour regarder et dire; ma formation d’économiste me permettant d’ajouter une troisième dimension essentielle : regarder, comprendre et dire. 

Et en 1973, je refuse la proposition de rejoindre la Banque Mondiale pour ne plus me consacrer qu’à la photo et devenir ce que je suis aujourd’hui, un photographe. » 

Commencent pour le jeune photographe Sebastião Salgado des années de reportages, de très nombreux voyages en Afrique mais aussi en Amérique latine, au Brésil… Partout, pour l’agence Gamma à partir de 1975, puis pour Magnum pendant près de vingt ans, Sebastião parcourt le monde et photographie ce qu’il voit pour témoigner de ce qu’il comprend et ressent. Partout l’interpellent les choix politiques qui, dit-il, pour l’enrichissement d’une minorité, engendrent des dérèglements sociaux et économiques profonds, la paupérisation, la famine et les migrations de populations entières, les révolutions et les guerres civiles, et l’exploitation suicidaire de notre terre.

« En devenant photographe, je devenais ce que je suis profondément : un témoin qui dit ce qu’il voit et comprend. Tous ces reportages ont été initiés, construits, menés pour raconter une histoire : celle des populations que j’allais photographier pour dire ce qu’elles vivaient. La photographie a le pouvoir de produire des images qui sont des coupures de plans. Ce sont des fractions de secondes qui racontent des histoires complètes. 

Ma formation d’économiste et mon intérêt toujours aigu pour les indicateurs économiques (pas un jour pour moi - sauf lorsque je suis au bout du monde sur une terre vierge ! - sans les Echos, Bloomberg, le Financial Times…) me donnent les bases de décryptage de ce que je vois en tenant compte de toutes les variables historique, politique, économique, sociale et de leurs interactions. Cette capacité de compréhension et de synthèse me donne la faculté de trouver l’angle juste de l’histoire que je veux raconter. La manière que je choisis pour cadrer un visage, travailler la lumière et la composition, associer des images, tirer tel fil de l’histoire plutôt qu’un autre n’a de sens que parce que je cherche à comprendre ce qu’il se passe. 

C’est aussi pour cela que, très vite, mes reportages sont devenus de grands projets. Là encore ma formation d’économiste m’aide à monter des projets, en gérant, avec l’aide inestimable de Lélia et de notre petite équipe d’Amazonas images, notre agence créée en 1994, un budget et une mise en oeuvre sur plusieurs années, en déroulant toutes les étapes allant de l’idée initiale, la recherche de fonds, l’organisation, la réalisation, enfin la présentation du projet. » 

Depuis 1979, Sebastião Salgado a ainsi mené plusieurs grands projets qui incarnent sa démarche de témoin d’un monde en mutation : ce sont tout d’abord les communautés indiennes d’Amérique du Sud dans lesquelles il va vivre plusieurs années et dont il rapportera les images exposées dans « Autres Amériques »; puis en 1984, pour Médecins Sans Frontières, les photos de « Sahel. L’homme en détresse » révèlent au monde entier la sécheresse et la famine qui s'abattent sur cette région du monde.

« Au cours des années 70, j’assiste en France et j’observe partout dans le monde les effets conjugués de trois phénomènes : la mondialisation naissante qui désintègre l’industrie occidentale pour la transférer dans des pays à faible coût de main-d’oeuvre, de grandes concentrations de matières premières et le développement de la robotisation de la production aux dépens du travail humain. 

De ce constat terrible d’un monde qui disparaît, celui de l’homme qui peut vivre grâce à son travail, je conçois un projet fondé sur la fierté de produire, un hommage au travail de l’homme, directement inspiré de ma formation économiste et marxiste. Ce sera « La Main de l’homme », projet centré sur la production à grande échelle, mené pendant cinq ans, dans 25 pays. Plus de 40 reportages réalisés du Kazakhstan au Bangladesh, de Cuba au Brésil, de la Réunion au Koweit, du Dakota à Java, mettent en évidence la chaîne industrielle et permettent de comprendre la géopolitique de la production et la profonde mutation en train de s’opérer : celle de la globalisation de l’industrie avec ce que cela signifie de délocalisations, sources de bouleversements considérables et brutaux dans les pays émergents comme le Brésil, la Chine ou l’Inde. 

Les conséquences sociales de cette mutation profonde du monde du travail s’expriment principalement dans les migrations de ruraux vers les mégalopoles (au début des années 90, la population annuelle migrante mondiale était estimée à 200 millions), l’emballement démographique, la paupérisation due à la dévalorisation du travail, l’exploitation industrielle des terres, et les bouleversements politiques et écologiques qui en découlent. 

L’industrialisation et l’accroissement dérégulé de la production, les prix des matières premières fixés par la loi de l’offre et de la demande en dehors de toute régulation, modifient profondément l’équilibre économique mondial : les produits exportés par les pays producteurs le sont à prix négatif aux dépens des conditions de survie des populations locales. La paupérisation de la population rwandaise due à la déréglementation du prix du café en est un exemple criant, c’est sur ce terreau de bouleversement économique qu’ont pu se développer les dérèglements sociaux et les luttes fratricides qui, quelques années plus tard, vont anéantir le pays et sa population. »

Déplacement de populations vers les villes, augmentation de la consommation des pays émergents, accélération de la production à bas prix, concentration de populations dans des mégalopoles dans un état de paupérisation croissant, violence, guerres… « Exodes » le nouveau projet que Sebastião Salgado va mener pendant six ans montre le courage de ces femmes et de ces hommes, déracinés, dont le photographe va partager la vie en Inde, en Amérique Latine, au Brésil, à Bombay, à Shanghai… avec les réfugiés du Honduras, les kurdes d’Irak, les réfugiés d’Afghanistan, les Serbes, les Croates, les Bosniaques, les Albanais, les Kosovars…

Enfin, c’est la violence du génocide rwandais : deux millions de réfugiés rwandais s’entassent dans les camps en Tanzanie, au Zaïre et au Burundi. Sebastião Salgado partage leur vie et photographie. Inlassablement les images d’Exodes témoignent et disent.

« Je suis retourné au Rwanda, au bord du lac Kivu qui avait vu fleurir le meilleur thé du monde cultivé par la population rwandaise pendant deux décennies et j’y ai vu des terres dévastées par la guerre. Il ne restait rien du projet que j’avais aidé à initier 25 ans auparavant. Les réfugiés rwandais de retour dans leur pays ne pouvaient plus se nourrir de leurs cultures, ils se regroupaient près des villes et venaient gonfler les quartiers pauvres et les foyers de violence urbaine. 

Après cette terrible expérience du génocide, ces violences, cette brutalité, je me sentais anéanti et malade. »

C’est le Brésil et Lélia, sa femme, qui sauvent le photographe terrassé par les innombrables visages d’Exodes et par l’horreur des crimes rwandais. En 1990, Sebastião a hérité des terres familiales qui l’ont vu grandir. Lorsqu’il était enfant, une trentaine de famille vivait de manière autonome sur ces terres fertiles; quand il en hérite, ce n’est plus qu’une croûte pelée sur laquelle plus personne ne vit et plus rien ne pousse, comme dans toute cette région.

« C’était terrible de constater l’anéantissement de cette nature qu’enfant, j’avais connue si riche et généreuse pour l’homme. Lélia et moi avons alors décidé de lancer un immense projet de reboisement de ces terres en replantant la mata atlantica (la forêt atlantique dont seuls 7 % existaient encore). Dès 1999, nous avons commencé à trouver des fonds et obtenu que ces terres soient déclarées parc national en échange de la plantation de deux millions d’arbres d’au moins 300 espèces différentes. Aujourd’hui, ce projet que nous avons baptisé « Instituto Terra » est devenu un centre de formation sur les problèmes de déforestation, la biodiversité et la reconstruction éco-systémique. La chaîne alimentaire a été rétablie, des espèces animales disparues réapparaissent et le centre produit un million de plants par an de cent espèces d’arbres différentes.

Et nous continuons, avec la BNDES (Banque Nationale de Développement Economique et Social), nous venons d’initier un projet de récupération environnementale du bassin du fleuve de notre région, le rio Doce. Notre vallée abrite la plus grande concentration d’industries sidérurgiques du Brésil. Le besoin en eau est très important et le rio Doce est en train de mourir. Notre projet est de reboiser les 370 000 sources qui le composent en plantant 70 millions d’arbres au cours des 25 prochaines années. Le coût de ce projet écologique, - aux évidentes retombées économiques, politiques et sociales, car tout est lié -, est d’environ un milliard d’euros que la BNDES et les industries de la région nous aident à rassembler. 

Face aux souffrances de l’homme exploité et à l’anéantissement de notre capital écologique, Instituto Terra montre que d’autres choix existent. » 

Parallèlement au projet Instituto Terra, dès 2004, Sebastião Salgado reprend ses appareils pour aller à la découverte de la planète préservée de l’homme et en dire sa beauté. C’est le projet Genesis, huit années à pied, en bateau, canoë, ballon, avion, par les froids polaires ou les chaleurs extrêmes, des photographies de montagnes, d’océans, de peuples, d’animaux épargnés par la société moderne.

« J’ai commencé mon projet Genesis sur les traces de Darwin, avec les espèces animales et les volcans des Galápagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de l’Antarctique et de l’Atlantique-Sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions, les léopards et les éléphants d’Afrique ; la tribu isolée des Zoé's au fin fond de la jungle amazonienne ; le peuple Korowaï vivant à l’âge de pierre en Papouasie occidentale ; les éleveurs de bétail nomades Dinka du Soudan ; les nomades nénètses et leurs troupeaux de rennes dans le Cercle arctique ; les communautés mentawai des îles à l’ouest de Sumatra ; les icebergs de l’Antarctique ; les volcans d’Afrique centrale et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le rio Juruá en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l’Alaska... et je suis remonté aux origines de l’Histoire avec les peuples abyssins d’Ethiopie, descendants de la Reine de Saba et du Roi Salomon. 

Mes photographies de Genesis disent que depuis la nuit des temps tout est lié : l’humain, l’animal, le végétal et le minéral. Dans Genesis, riche et généreuse pour l’homme. Écouter fut mon privilège. » 

Présentée en avril 2013 à Londres, l’exposition Genesis voyage à Sao Paulo, à Lausanne, à Paris, Rome, Madrid, Venise, Singapour, Rio, Stockolm… Infatigable, Sebastião Salgado est déjà en train de lancer de nouveaux projets pour continuer à regarder, comprendre et dire.

« En écho à « La Main de l’homme » qui se consacrait à la grande production industrielle, on se prépare à lancer, avec Planète Finance, l’organisme de micro-crédit implanté dans près de cent pays, un projet pour montrer l’importance de la micro-production dans le fonctionnement socio-économique des peuples… le boulanger, le gardien de lamas, le pêcheur… tous ces métiers qui sont une part majeure de la production. 

Un deuxième projet me tient tout particulièrement à coeur : dans Genesis, j’ai vécu et photographié les Kuikuros, les Kamayuras, les Wauras et les Zoé’s, des tribus indiennes brésiliennes, je viens de faire un reportage sur la tribu des chasseurscueilleurs Awas menacés d’extinction par la déforestation… 12,5 % du Brésil sont des territoires indiens qui doivent être protégés. Associé à la FUNAI (Fondation Nationale des Indiens), ce projet veut témoigner, par la photographie, pour la sauvegarde de ces populations et leur protection contre les menaces d’un développement économique non régulé. Première victoire : il y a quelques jours, le gouvernement brésilien a décidé d’expulser des terres indiennes les fermiers qui s’étaient progressivement installés sur ces territoires Awa pour y exploiter illégalement le bois ! »

Regarder, comprendre, dire pour témoigner. Sebastião Salgado le fait inlassablement depuis quatre décennies en combinant son talent de photographe avec sa sensibilité et son acuité d’économiste. Il a voyagé, vécu, travaillé dans plus de 130 pays en cherchant à chaque fois à en comprendre le fonctionnement socioéconomique.

« Cette connaissance et cette curiosité nourrissent mes réflexions sur mon pays d’adoption qu’est la France. Je suis émerveillé par le savoir-faire français, les atouts technologiques en aéronautique, industrie navale ou encore automobile, la puissance de son industrie agricole... De très nombreux pays, le Brésil en premier lieu, ont besoin des compétences et du savoir-faire français et pourtant « la connexion » ne se fait pas. Pourquoi ? Dans le même temps, je vois tant de difficultés économiques et sociales dans ce pays. Comment trouver le moyen de lier le savoir-faire technologique et la réussite économique ? Je pose la question… 

Peut-être qu’une partie de la réponse future réside dans la formation et la posture des futurs économistes que sont les étudiants actuels de l’ENSAE. 

Ma vie à travers le monde, mon oeil derrière le viseur de mon appareil qui regarde, vraiment, me prouvent qu’il y a toujours des opportunités de faire. Il faut les chercher, y croire et il devient possible de les réaliser. 

Il en va alors de l’étudiant comme de l’économiste ou du photographe : l’ouverture, l’étonnement, apprendre les langues des autres peuples, explorer leurs cultures, s’informer sur ici et ailleurs, regarder la réalité, travailler sur toutes les variables sans jamais les fixer, revisiter sans cesse ses convictions, oublier ses a priori, chasser ses jugements, ouvrir ses horizons, aller voir. 

Si on est suffisamment curieux, la formation de l’ENSAE donne toutes les clefs pour croiser les regards sociologiques, anthropologiques, géopolitiques et macro-économiques qui permettent de comprendre, de voir les opportunités et d’agir. » 

Interview réalisée par Catherine Grandcoing

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