Economie et stratégie des entreprises de réseau
Le terme de réseau - ou même d'entreprise réseau - est à la mode. On parle aussi bien de réseaux d'infrastructure que de réseaux de distribution, de réseaux d'agences ou de guichets, de réseaux de sous-traitants, de partenaires ou encore de réseaux d'influence. Ce qui était confusion sémantique, recouvre de plus en plus une même réalité, où les réseaux de l'immatériel, télécommunication ou audiovisuel, rythment l'activité des entreprises et des ménages.
Que le bon fonctionnement de l'économie (les échanges) et de la société (la cohésion sociale) soit lié à la performance des institutions fournissant les réseaux d'infrastructure comme les réseaux « immatériels » ne fait guère de doute. La question désormais posée est de savoir si ces biens et services sont dans la sphère marchande et soumis pleinement à la loi du marché et à la concurrence. En d'autres termes, les entreprises de réseau sont-elles des entreprises comme les autres, ou possèdent-elles ce «supplément d'âme» qui révèle les entreprises de service public et légitimerait l'intervention de l'État?
Quoiqu'il en soit, un ensemble de tendances paraissent désormais difficilement réversibles: la pression de la clientèle, lassée d'être abonnée ou assujettie; la réforme du management des opérateurs de réseau; la montée en puissance de dispositifs modifiant le paysage réglementaire, organique et statutaire. Dans le même temps, on assiste à un développement sans précédent, dans tous les secteurs concernés (transport physique, courrier, télécommunication, media, production et distribution d'électricité.... ) d'intermédiaires, courtiers, ensembliers, intégrateurs ou prestataires de services à valeur ajoutée, forçant les entreprises de réseau à redéfinir leur territoire stratégique. L'explosion des échanges électroniques consacre la rencontre
des opérateurs de réseau et des entreprises réseau, c'est à dire de deux mondes au passé fort différent.
Un panel de professionnels a accepté d'illustrer ici les évolutions en cours.
Hervé Petit analyse l'évolution de l'opérateur postal dans l'activité Courrier. Au-delà des adaptations nécessaires de l'organisation et du management, il parcourt de façon particulièrement éclairante le cheminement des relations avec l'État, entre instrumentalisation et autonomie. Rappelant une relation continue mais ambiguë à la technologie, il évoque l'inévitable positionnement de La Poste sur le marché des échanges électroniques.
Dominique Durand montre qu'une entreprise qui vit sur et des réseaux de télécommunication, est particulièrement sensible à l'économie de ces réseaux. Livrant quelques pistes sur le développement futur de Reuters, il met en évidence la volonté des prestataires de service de se ménager des degrés de liberté comme « intégrateur», pouvant faire leur marché dans les solutions techniques; sans masquer que la concurrence sur les réseaux doit conduire à des baisses de prix et à un développement de nouveaux services.
Claire Ancelin décrit les modifications du paysage dans le monde des télécommunications et l'ouverture progressive à la concurrence. Elle souligne au passage la montée en puissance des instances réglementaires.
Beaucoup d'autres pourraient porter témoignage de leurs enjeux propres et de leur vision du futur, de Microsoft à France Telecom, de la SNCF à Canal+, de Federal Express à La Redoute. Que les trois auteurs soient ici remerciés pour leur contribution à la réflexion.
Claude-Pierre Bonnepart
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