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15 septembre 2003

Henri Aubert Ensae 76

expert comptable commissaire aux comptes Cabinet Henri Aubert


Henri Aubert, vous avez ouvert un cabinet d'expert-comptable en 1990. Après quel cheminement cette décision est-elle intervenue clans votre vie professionnelle ?

Si assez peu d'anciens Ensae deviennent experts-comptables, j'avais déjà fait un choix quelque peu atypique dès la sortie de l'école. En effet, après avoir terminé l'Ensae et effectué mon service militaire, j'ai démarré ma carrière, en 1977, en occupant des fonctions commerciales dans le secteur bancaire.
Pendant sept années, à la banque Hervet, j'ai exercé des responsabilités opérationnelles en agence. Quand j'ai quitté la banque j'étais devenu sous-directeur d'une agence d'une quinzaine de personnes, après avoir travaillé essentiellement avec une clientèle de PME, responsable de la gestion de plus de 300 millions de francs de dépôt et 200 millions de crédits à court terme. J'ai donc eu l'occasion, au cours de cette longue expérience, d'acquérir un savoir-faire dans le domaine financier.
C'est au cours de ces années passées dans la banque que je me suis engagé dans une direction qui me conduira finalement à créer en 1990 un cabinet d'expert-comptable.

Cette décision de préparer l'expertise comptable n'était pas motivée directement par le projet de l'ouverture d'un cabinet ?

L’idée était sans doute déjà un peu là, mais je n'avais pas encore formulé un projet très précis. À terme, je souhaitais trouver le moyen d'acquérir une plus grande indépendance professionnelle et j'étais donc tenté par la création d'une entreprise, mais sans aller plus avant à l'époque.

Quoiqu'il en soit, j'ai préparé l'expertise comptable au Cnam, essentiellement par correspondance, tout en continuant à travailler à la banque. J'ai passé tous les certificats' ne bénéficiant d'aucune équivalence, même pour les statistiques, et j'ai pu faire ma première année de stage dans la banque, sous la responsabilité de son commissaire aux comptes.

Je suis ensuite parti dans un cabinet de commissaires aux comptes pour effectuer les années de stage complémentaires. Un cabinet où je suis resté encore deux années après avoir obtenu le diplôme d'expert-comptable en 1988.

Muni du diplôme d'expert-comptable, vous avez en fait envisagé de poursuivre votre carrière au sein de ce cabinet..

Le cabinet de commissaires aux comptes dans lequel j'avais fait mon stage traitait un grand nombre de dossiers dans le secteur financier, et j'y ai beaucoup travaillé sur des problèmes bancaires, d'assurance et de réassurance. Nous avions des dossiers importants de sociétés cotées en bourse ou de grosses entreprises familiales, et le travail que j'effectuais présentait un intérêt certain d'un point de vue technique. Cependant, comme j'étais toujours à la recherche d'une certaine indépendance, et que par ailleurs le cabinet m'offrait des perspectives qui n'étaient pas tout à fait celles que j'escomptais, j'ai pris la décision fin 1989 d'ouvrir mon propre cabinet d'expert-comptable, cabinet qui a commencé à fonctionner précisément en janvier 1990.

Vous choisissez de vous installer en Seine et Morne, près de Marne-la-Vallée. Cela correspondait à un motif particulier?

y a eu dans ce choix des raisons d'ordre familial, mais aussi une démarche plus commerciale, en regardant un peu comment se présentait le marché. Paris était largement couvert en cabinets d'expertise comptable, alors que le secteur O'Ù je me suis installé était plutôt sous-équipé, au regard en particulier des perspectives de développement économique que le secteur semblait offrir. Des perspectives qui se sont plutôt confirmées, même si la crise à partir de 1993 les a quelque peu ralenties.
C'est donc en janvier 1990, dans des locaux que j'avais loués, avec un minimum d'équipement, que j'ai commencé à travailler pour mon propre compte. Si je suis parti de zéro pour constituer la clientèle du cabinet, j'avais cependant un petit avantage du fait que le cabinet que je venais de quitter me sous-traitait à ce moment là quelques dossiers de commissariat aux comptes.

Les experts-comptables n'ont pas le droit de se faire connaître par une quelconque forme de publicité. Comment fait-on alors pour se constituer une clientèle ?

Essentiellement par l'intermédiaire de mes tout premiers clients, ou de prescripteurs - des conseillers financiers par exemple - qui m'ont recommandé à d'autres entreprises avec lesquelles ils travaillaient.
Les choses n'ont pas été faciles, mais le démarrage s'est quand même plutôt bien passé. Le principal problème dans les premiers temps a été de pratiquer certains aspects du métier que je connaissais peu. C'était particulièrement vrai avec une partie de mes premiers clients, artisans ou commerçants pour lesquels, par exemple, il fallait remplir des bulletins de paie.

Pendant quelque temps vous avez donc pu apprendre le métier sous toutes ses facettes. Mais combien de temps



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Figure n°1 : Henri AUBERT


avez-vous travaillé seul ?

J'ai engagé une première personne un peu plus d'un an après avoir démarré, en mars 1991. La seconde collaboratrice a été engagée en septembre 1992 et une troisième personne, qui travaille déjà à temps partiel, sera à temps complet au cours de l'été 1995.
J'ai engagé des personnes qui ont un bon niveau, Bac ou BTS en comptabilité-gestion, et auxquelles je peux donner une certaine autonomie. Elles traitent directement certains aspects des dossiers des clients, en me déchargeant de toute une partie du travai1 que j'ai été amené à faire quand j'étais seul.

Aujourd'hui le cabinet a environ 70 clients, entrepreneurs individuels ou PME-PMI. Ma clientèle n'a pas de profil particulier, si ce n'est que je ne travaille qu'avec des gens qui acceptent les principes éthiques que j'entends respecter. Ce qui m'a conduit, dans quelques rares cas, à me passer d'un client ou à m'en séparer..

Comment votre travail évolue-t-il aujourd'hui?

Mon activité s'oriente globalement vers le conseil. J'ai donc des collaboratrices qui peuvent prendre en charge une partie du travail: déclarations de TVA, payes, saisies de factures etc... En outre, les jeunes qui s'installent, qui créent une entreprise artisanale ou commerciale, font eux-mêmes leur comptabilité, trouvant sur le marché des outils informatiques à des coûts abordables.
Même si les jeunes entrepreneurs demandent fréquemment que le cabinet fasse leur paie, parce que c'est très complexe, j'interviens auprès d'eux plutôt en surveillance ou pour du conseil sur des problèmes de fiscalité, de demandes de crédits...
De la même manière, avec ma clientèle de PME, qui ont leurs propres comptables, je fais davantage du contrôle, avec des interventions spécifiques, pour les accompagner dans leur développement. J'interviens par exemple au moment du montage de dossiers d'investissement pour les conseiller sur la façon de les présenter aux banquiers. De ce point de vue, mon expérience bancaire s'avère très précieuse.
J'ajouterai que j'ai par ailleurs quelques mandats de commissariat aux comptes, à titre personnel, en exercice libéral.

Faire avant tout un métier de conseil, cela implique un véritable savoir-faire relationnel...

Oui, c'est clair, ma profession est essentiellement orientée vers le contact. C'est un aspect de la vie professionnelle qui m'a toujours beaucoup intéressé, et j'y attache une grande importance aussi bien dans les relations avec mes collaboratrices qu'avec mes clients. Je dois dire que j'ai d'ailleurs été assez frappé de constater ces derniers temps que j'avais récupéré plusieurs clients sur des erreurs psychologiques de confrères, sans qu'il y ait eu de faute technique dans la gestion du dossier. Parfois tout se joue dans la manière de présenter les choses, dans la façon de convaincre un client sur tel ou tel problème. J'a appris ainsi à ne jamais imposer quoique ce soit à un client que je ne sens pas convaincu ou qui ne me semble pas être suffisamment averti de certaines questions.

Créer une entreprise n'est pas une chose facile. Qu'est-ce qui vous a semblé le plus important pour arriver à faire vivre le cabinet?

Je crois que c'est avant tout un problème de motivation et de détermination personnelle. Créer une entreprise et réussir à la faire vivre ne se joue que partiellement sur des critères techniques: Même si les compétences dans le domaine où vous intervenez sont bien évidemment indispensables, ce qui va s'avérer déterminant c'est l'investissement personnel très lourd auquel vous allez devoir faire face.
Cela veut donc dire très concrètement, que si vous êtes déjà marié avec des enfants, il est impensable dé se lancer dans une telle entreprise sans l'accord de son conjoint. J'ai eu la chance que mon épouse exerce elle-même une profession libérale, et connaisse donc de près les difficultés des premières années d'une entreprise.

Et aujourd'hui comment se présente l'avenir de votre cabinet?

Comme je vous le disais l'activité du cabinet aura finalement connu un démarrage assez satisfaisant. Je pense que j'aurais pu connaître une croissance vraiment très significative dès 1993, si, comme tout le monde, je n'avais subi les retombées de la crise qui a fait traverser deux années très dures à la plupart des PME-PMI. Je ne peux donc que souhaiter que le développement du cabinet qui a été un peu freiné, puisse repartir à un rythme plus soutenu.

Monter encore un peu plus en régime me donnera la possibilité de réaliser de nouveaux investissements. Source de gains de temps, ils me permettraient de faire en sorte que le cabinet puisse rendre de meilleurs services aux clients. Cela me donnerait également l'opportunité de dégager un peu plus de temps au profit de la vie de famille. De toutes façons, malgré les difficultés passagères, je n'ai jamais regretté d'avoir tenté cette expérien

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