Laurent Doubrovine (Elsae 9 1)
Responsable du service résultats à la Direction groupe des AGF
Laurent Doubrovine, les lecteurs de Variances vous connaissent surtout comme rédacteur en chef des premiers numéros de la revue. Avez-vous cessé toute activité au sein de l’association?
Oui, pour l'instant; il faut savoir renouveler ses expériences.
Je me suis beaucoup consacré à l'Association des anciens élèves de l'Ensae de 1991 à 1994. La création du « bulletin de liaison», d'abord, puis la mise sur les rails de Variances ont constitué des expériences d'une grande richesse. Je suis fier d'avoir contribué, au sein de l'équipe de la revue, à tisser des liens supplémentaires au sein d'une communauté d'anciens élèves dont la cohésion est encore faible. J'y ai découvert aussi les aspects très pratiques de la réalisation d'une revue, où les petits détails font souvent les grosses différences.
Après quatre numéros, j'ai voulu faire profiter notre revue d'énergies nouvelles. Quand je pense que cet entretien paraîtra dans le numéro 6, j'apprécie le chemin parcouru depuis les obscurs débuts du «bulletin de liaison »... et je me dis que Variances a sans doute franchi le cap critique de la naissance pour atteindre son rythme de croisière.
En quoi consiste votre poste actuel aux AGF?
Je suis en charge d'un service dont les missions consistent à établir et à suivre les résultats de contrats d'assurance collective, c'est-à-dire essentiellement de contrats souscrits par les entreprises pour faire bénéficier leurs salariés de garanties complémentaires à celles de la Sécurité sociale en matière de décès, de frais de soin, d'arrêt de travail... ou encore de retraite.
Cette dimension de suivi des résultats est essentielle pour une compagnie d'assurance. Elle trouve peu d'équivalents dans l'industrie, ou même dans le domaines des services. En effet, l'opération d'assurance a ceci de particulier qu'on doit en fixer le prix - les cotisations versées par les assurés - avant d'en connaître le coût de revient - le montant des prestations qu'il faudra verser en cas de réalisation du risque couvert.
Cette « inversion du cycle de production », selon la terminologie consacrée, fait peser une responsabilité importante sur les services de tarification - car il faut bien déterminer un tarif a priori -, mais aussi et surtout sur les services comme le mien, car il faut bien pouvoir s'ajuster a posteriori en fonction des résultats observés.
Le choix de ce secteur de l'assurance collective a-t-il été délibéré ?
À vrai dire, non. Je savais, grâce à mon passage chez Axa Assurances, que je souhaitais travailler dans une compagnie d'assurance, et c'est pour cela que j'ai choisi la voie d'approfondissement Finance et actuariat, mais je dois avouer que j'avais peu de notions de ce que recouvrait l'assurance collective avant d'entrer aux AGF.
Cela dit, le hasard fait bien les choses: l'assurance collective est passionnante; elle est intimement liée, dans son développement comme dans ses résultats, au contexte socio-économique. On ne peut travailler dans ce domaine sans s'intéresser à la vie des entreprises, au droit du travail, à l'évolution de la consommation
Vos fonctions sont donc essentiellement d'ordre technique ?
Oui, c'est vrai. Mais il est vain de prétendre être un bon technicien de l'assurance si l'on ne s'imprègne pas aussi des aspects commerciaux - ces contrats dont nous étudions les résultats sont après tout souscrits par des clients et des contraintes liées à la gestion administrative des contrats.
En outre, les tâches de management et d'organisation occupent une place sensible dans mes fonctions. Cela correspond à une aspiration profonde, et je désire pouvoir me consacrer toujours plus à ces aspects.
S'agit-il de votre premier poste?
Non. J'ai été initialement recruté aux AGF pour prendre la responsabilité du département Stratégie & Marketing de cette même Direction des assurances collectives. Cela recouvrait des tâches très diverses, depuis l'étude du marché et de la concurrence à la rédaction du plan stratégique de la Direction, en passant par la coordination du développement de produits nouveaux.
Ce poste avait la particularité de ne pas faire appel au premier chef à ma formation technique et actuarielle; je crois qu'il est assez caractéristique de la variété des emplois que peuvent occuper les jeunes diplômés de l'Ensae, en raison de l'ouverture d'esprit que leur procure leur formation. Mes fonctions actuelles sont plus directement liées à ma formation initiale. Je souhaite avoir plus tard l'opportunité de diversifier encore mes expériences en découvrant d'autres facettes du métier d'assureur.
Vous avez parallèlement des activité d’enseignement...
Oui, c'est passionnant... Apercevoir l'éclair de compréhension dans les yeux de ceux que l'on a en face de soi est un plaisir précieux dont j'aurais beaucoup de mal à me passer. En outre, enseigner exige une connaissance intime du sujet traité; c'est donc une source d'enrichissement permanent.
J'assure un cours d'initiation au système SAS à l'Ensae; par ailleurs, j'ai créé un cours d'introduction aux principes et mécanismes Fondamentaux de l'assurance, que j'enseigne dans une école de gestion, l’Ipag. Ce cours a la particularité de couvrir à la fois des aspects relativement théoriques - comment et en fonction de quels critères décide-t-on de s'assurer ? quelles sont les bases théoriques de la tarification d'un contrat d'assurance ? - et des aspects beaucoup plus pratiques, avec une analyse assez complète du marché de l'assurance, de son évolution et de ses acteurs.
Pour conclure, qu'auriez-vous envie de dire aux actuels étudiants de l’Ensae ?
Je leur dirais qu'ils doivent avoir conscience de faire partie d'une École formidable, que l'originalité et la qualité des enseignements rend unique. Leurs études les préparent à être des acteurs de premier plan, au sens critique acéré, dans un monde dont la complexité va croissant, où les flux d'information sont toujours plus nombreux et plus difficiles à interpréter.
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