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18 septembre 2003

J-P. Rivet (Ensae 60)

Conseiller scientifique à la Cité des Sciences et de l’Industrie


Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?

Après avoir fait partie d'une promotion (modeste) de l'Ensae (nous étions 5 « élèves administrateurs» comme on disait à l'époque, recrutés sur titre à la sortie de l'X), j'ai été affecté comme nombre de fonctionnaires fraîchement émoulus (énarques, ingénieurs des mines ... ) en Algérie dans le cadre de la loi Debré. Dans une conjoncture politique particulièrement pénible, j'ai oeuvré à l'élaboration des statistiques agricoles pendant une année.
De retour à l'Insee en 1962, j'ai participé à la réalisation du premier recensement industriel effectué depuis un siècle, travail précurseur et laborieux s'il en fut au regard des faibles moyens mis en oeuvre (3 administrateurs à la Direction Générale heureusement relayés sur le terrain par les directions régionales).
Nous ne disposions évidemment pas alors de la puissance des moyens informatiques actuels pour traiter les informations fournies par quelques 200000 entreprises, exhaustivement pour les plus grandes, par sondage, pour les plus petites. Ce genre d'opérations n'a pas été renouvelée et dorénavant chaque ministère considéré s'occupe annuellement de son propre secteur (Industrie, BTP, transports, IAA, etc.).
A l'issue de ce travail qui a duré jusqu'en 1968, j'ai rejoint le service chargé entre autre du suivi de la Coordination Statistique et Comptable, et assuré le secrétariat du comité de coordination des enquêtes statistiques (COCOES) créé par la fameuse loi du 7 juin 1951, devenu plus tard conseil national de la statistique (CNS) puis conseil national de l'information statistique (CNIS). Le principe est resté le même: maîtriser l'inflation des questionnaires en formulaires à sous-genre, en réunissant au sein d'une même instance les représentants de l'administration, les syndicats patronaux et ouvriers. Le programme de l'année est publié au journal officiel.
Cette connaissance approfondie du système statistique français m'a fait désigné pour rédiger un rapport sur le développement souhaitable des statistiques de transports ... rapport approuvé dans ses grandes lignes... et qui s'est traduit par ma mise à disposition au ministère concerné.
C'était évidemment un tournant professionnel important puisqu'en quelques mois j'ai eu à développer le service statistique existant qui est passé d'une douzaine de personnes à environ une centaine.
Mon premier travail a été bien entendu, profitant de mon expérience dans l'industrie, de lancer une enquête sectorielle annuelle dans les transports. Le service couvrait l'ensemble des moyens de transports (air, mer, fer, route, trafic fluvial) tant en ce qui concerne les voyageurs que les marchandises. Ce qui posait de sérieux problèmes de coordination... et de diplomatie car il s'agissait là d'un milieu de concurrence plus que sévère entre les différents modes de transport tant sur le plan national qu'international. C'est dire que les déplacements à l'office statistique des communautés européennes de Luxembourg étaient particulièrement nombreux.

Après quoi, êtes-vous resté au Ministère des Transports ?

Non, en 1979, j'ai été affecté la direction de la Sécurité Sociale en tant que conseiller technique et j'y suis resté environ dix huit mois, dans un milieu particulièrement réfractaire à la statistique, avant de réintégrer l'Insee où je me suis principalement consacré à la rédaction d'un catalogue des sources statistiques et administratives, catalogue décrivant le contenu de chaque source, la périodicité, les publications, etc. le tout classé par thème. A ma connaissance ce travail a été poursuivi, avec mise à jour informatisée. ,

Combien de temps vous a pris ce travail? Et qu'avez-vous fait après ?

Cette mission m'a occupé environ deux ans. J'ai ensuite rejoint le Ministère de l'Équipement pour m'occuper des statistiques du logement. Le service dont j'avais la charge s'occupait à la fois du suivi des entreprises (on retrouve ici la fameuse enquête annuelle), de l'élaboration en liaison avec l'Insee de l'indice trimestriel du coût de la construction (base 1953!), et le suivi des permis de construire.



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Figure n°1 : J.-P. RIVET



Dans le cadre de mes activités j'ai eu le privilège d'effectuer quelques missions au Maroc et en Syrie.

Quel souvenir gardez-vous de cette période?

Un sentiment mitigé en tant que statisticien puisque cette période a correspondu à la mise en œuvre de la loi sur la décentralisation. Son application a occasionné de sérieuses difficultés dans la collecte des données: le transfert des compétences des directions départementales de l'équipement vers les mairies, en ce qui concerne la délivrance des permis de construire, s'est fait dans des conditions assez pénibles, faute peut être de textes d'application rédigés à temps. De ce fait, personne ne se sentait très concerné et les données attendues ne nous parvenaient pas comme nous le souhaitions. Au même moment la construction neuve connaissait des difficultés: sachantque le monde des logements construits ou mis en chantier mensuellement était fortement « politisé », ce qui accroissait les difficultés rencontrées alors par un service qui était de plus en train de changer son système informatique.

En 1989, vous retrouvez l'INSEE?

Oui, pour y élaborer l'annuaire rétrospectif d'après guerre: 1948-1988. Cette publication réclamée de puis longtemps par plusieurs des plus grands économistes français... faisait sans nul doute cruellement défaut et a bien failli être entreprise trop tard: disparition des archives et des « mémoires vivantes » compte tenu des départs en retraite tant à l'Insee que dans les services statistiques des ministères. Ceci a posé techniques de réalisation: changement de concepts, définitions, ruptures de séries, opposition de nomenclatures internationale... Ce travail m'a demandé environ deux ans. Une mise à jour permanente sur matériel informatique avec possibilité d'interrogation a distance était prévue. Je ne sais pas ce que ce projet est devenu...

Et depuis --

Depuis 1991, je suis conseiller scientifique à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette. Mon activité principale est le suivi des statistiques conjoncturelles de la cité. A son ouverture, la cité avec l'aide de l'Insee a mis en place une série d'indicateurs de Fréquentation et aujourd'hui proche de notre dixième anniversaire, nous disposons de solides séries rétrospectives. Pour ma part, j'ai d'abord porté mon effort sur une meilleure connaissance des origines de nos visiteurs, qu'il s'agisse des résidents ou des visiteurs étrangers.

Quelle est la finalité de cette étude?

L’intérêt de ce genre d'étude est multiple sur le plan pratique. Nous savons en particulier qui vient et à quel moment. Nous avons par exemple pu constater une forte saisonnalité par nationalité, d'où une meilleure appréhension dans le temps des besoins en personnel d'accueil bilingue (ou plus) et des besoins en documents en langues étrangères. Cette année nous serons en mesure d'affiner nos connaissances au niveau régional pour les trois grands pays voisins (Allemagne, Espagne, Italie) et en ce qui concerne la France de séparer monde rural et milieu urbain. Ce qui détermine les secteurs où nous devons faire porter nos efforts de promotion.

Avez-vous mené des missions au niveau international?

Hormis quelques missions de courtes durées entreprises en Syrie et au Maroc, lorsque j'étais au Ministère de l'Équipement, j'ai surtout été sollicité en tant qu'expert à Genève pour le compte de l'Onu et au Luxembourg pour le compte de l'office statistique des communautés européennes (OSCE).

Quelle impression gardez-vous de votre parcours ?

D'être resté un statisticien de terrain tout au long de ma carrière et d'avoir ouvert somme toute nombre de voies. Et ceci demeure vrai en ce qui concerne mes travaux à la cité. S'agissant d'étudier le plus complètement possible ces populations très particulières que sont les visiteurs, il m'est nécessaire de mettre au point de nouveaux outils statistiques qui, sans trop perturber le déroulement des visites, permet d'obtenir des données fiables et immédiatement disponibles.

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