La société des consommateurs
Éditions Odile Jacob, 267pages, 120 francs
Depuis le début des années 90, les comportements des ménages à l'égard de la consommation ont changé. Alors que les modèles des macroéconomistes prévoyaient des taux de croissance frôlant 3% pour les années 91 et 92, la progression observée a été inférieure de moitié.
Ce livre fournit une explication «socioéconomique » à la nouvelle dynamique de la consommation. Dans un pays riche, celle-ci présente à la fois une caractéristique fonctionnelle (la satisfaction des besoins) et obéit à une logique immatérielle (la mise en scène de l'imaginaire dominant des consommateurs). Mais il se trouve que cette dernière est variable au fil du temps ; C 'est ainsi que les décennies 50 et 60 étaient marquées par une attente de statut social obtenu par l'acquisition des biens d'équipement et par le désir d'accession au standing du groupe immédiatement supérieur. Sur fond d'uniformisation des comportements, la logique des classes sociales était à l’œuvre doublée par celle d'une forte cohésion familiale.
Les décennies 70 et 80 ont au contraire été marquées par l'imaginaire individualiste. Le consommateur refuse les appartenances contraignantes des décennies passées et souhaite voir mise en scène son aspiration largement fantasmée à une liberté quasi absolue. Le marketing invente l'hypersegmentation et les industriels font proliférer les références de marques et de modèles pour un même produit.
Mais le passage d'une logique à l'autre ne se fait pas sans heurts. Il a fallu la contestation de
Or le modèle hyperindividualiste se trouve à son tour remis en cause au début des années 90. La société « d'inquiétude» dans laquelle nous sommes durablement plongés peur du chômage, de l'exclusion, de la maladie, de l'insécurité, de la mondialisation met en porte-à-faux la célébration de la toute puissance de l'individu. L'immatériel de la consommation des années 90 doit dorénavant répondre aux inquiétudes, il doit proposer de la « rassurance ». Et cela s'incarne dans les thématiques émergentes de la santé, du terroir, de la famille, de l'écologie, du retour au passé, de la science et même, ce qui est parfois très contestable..., du commerce de la solidarité.
Peu à peu, les innovations incorporent cette nouvelle dimension. Mais entre temps , la consommation passe par une étape de déflation qui se caractérise par le choix pour des produits de premier prix et par l'espacement du renouvellement des biens d'équipement.
Ce sont autant de signes de critique et de désaccoutumance à l'égard de l'immatériel à l’œuvre au cours de la décennie 80. Au final, la société de consommation est bien loin d'être morte, mais elle change de nature et nous vivons depuis quelques temps l'un des à-coups que nécessite son adaptation.
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