Les entretiens de la prévision
L'Association a tenu son colloque annuel le 28 Mars 1995 dans la salle de congrès Chaillot Galliera. Cette manifestation a réuni plus de 200personnes autour de 25 intervenants.
Le thème choisi cette année : « Quelle retraite choisir pour les français ? Les vrais questions » était ambitieux car, s'il est au cœur des préoccupations actuelles de tous, il fait intervenir de nombreux domaines tels que le social, l'économie, la démographie...
À cet égard, le grand nombre d'i intervenants a permis cette approche multidisciplinaire nécessaire et qui correspondait aux attentes des participants. En effet, ceux-ci n'étaient pas seulement des anciens élèves de l'École mais représentaient largement les acteurs sociaux de la filière retraite (syndicalistes, représentants de DRH de petites et grandes entreprises de secteurs très différents), sans oublier des retraités eux mêmes.
La richesse et la diversité des interventions a permis que s'instaure rapidement un véritable dialogue avec la salle. Le haut niveau de compétence des experts interrogés a fait émerger de nombreuses questions faisant de cette manifestation une journée non-stop très dense où le seul répit fut le déjeuner, fort agréable d'ailleurs, pris au restaurant de l'hôtel George V.
Un résumé de toutes ces interventions, outre qu'il est difficile, serait sûrement trop réducteur dans l'ensemble et risquerait d'introduire un déséquilibre, injustifié, quant à l'importance de chacune.
C'est pourquoi nous avons préféré joindre la synthèse réalisée sur le vif par Bernard Cocheme, directeur de la branche caisse de retraite à la Caisse des Dépôts et Consignations.
La diffusion intégrale des actes du colloque fera l'objet d'un numéro spécial de Variances qui paraîtra à la rentrée.
SYNTHESE REALISEE A PARTIR DU DISCOURS DE SYNTHÈSE DE BERNARD COCHEME, DIRECTEUR DE LA BRANCHE CAISSE DE RETRAITE À LA CAISSE DES DÉPÔTS E-T CONSIGNATIONS
L'intérêt de ce colloque a résidé dans le choix d'une approche multidisciplinaire et présence des différents acteurs sociaux,
Le débat sur les retraites est durablement installé en France pour trois raisons:
• le déséquilibre des systèmes provient essentiellement du vieillissement démographique et de l'allongement de la durée de vie, qui sont des phénomènes structurels;
• les masses financières enjeu sont importantes,
• les intérêts de deux grandes catégories de la population, les actifs et les retraités, s'opposent.
Il est désormais nécessaire de piloter les systèmes: l'ajustement des paramètres passe par Un débat régulier sur les taux de cotisations, sur l'évolution des prestations et d'autres points techniques.
Le débat ne peut se résumer à une approche simple à cause de l'interpénétration des phénomènes sociaux, politiques, financiers…
Deux questions sont importantes.
Première question: y a-t-il une exception française dans le domaine des retraites? Il n'y en a pas dans les domaines suivants:
• démographie;
• alourdissement des charges financières de transferts;
• conséquences, des chocs économiques conjoncturels sur les régimes de retraite.
En revanche, la France se singularise
• par la structure du système de retraites qui n'épouse qu’imparfaitement le système à 3 piliers (régime de base, régimes complémentaires de capitalisation et régimes sur complémentaires d'épargne individuelle), puisque les deux premiers sont gérés en répartition;
• par le faible taux d'activité de la population des plus de 50 ans;
• par des régimes de retraite peu producteurs d'épargne longue par une approche philosophique liant les revenus d'activité et les retraites, contrairement aux autres pays ou la fiscalité assure un revenu de subsistance, le complément étant apporté par l'épargne.
Ceci explique les difficultés du débat et (les réflexions actuelles, car nombre d'acteurs sociaux voient dans les mesures d'adaptation du système u , n risque de mutation et de basculement de la répartition vers la capitalisation. Pour éviter ce risque, un maître-moi: consolidation des régimes actuels.
Deuxième question: la France est-elle réfractaire à la capitalisation et aux fonds de pension ?
Le gros problème en France réside dans le fait que les concepts ne sont pas stabilisés. Exemples:
• recherche de plusieurs objectifs, retraites et ffinds propres des entreprises;
• incertitude sur la promesse des régimes de retraite car le taux de reniplacenient visé n'estpas explicite;
• ambiguïté sur les termes: on emploie indifféremment les termes de capitalisation et de fonds de pension. Or, la capitalisation est une technique financière alors que le tenue de «fonds de pension » («pension funds » en anglais) signifie un système de retraite pré-.financé. Le terme «fonds de pension » n'existe nulle part dans la réglementation française, ce qui n'a pas empêché la mise en place de plusieurs dispositifs au fonctionnement similaire. Par ailleurs, il existe en France:
des instruments juridiques pour monter des fonds de pension (Caisses Autonomes Mutualistes, Institutions de Prévoyance, Institutions de retraite supplémentaire, Sociétés d'Assurances), des instruments techniques de mesure des risques avec les actuaires français; une réglementation pour gérer des régimes de pension de retraite; une science financière (adossement d'actifs sur des passifs, gestion de portefeuille).
Tout est disponible aujourd’hui, la sphère financière maîtrise les outils nécessaires, ce qui explique l'éclosion d'initiatives en matière de construction de systèmes sur complémentaires.
L'approche actuelle semble heureusement être réfléchie et pragmatique. Chacun sent la nécessité de tester la robuste ,fonds de pension par rapport aux risques d'allongement de la durée de vie, aux risques financiers et à un objectif équité sociale entre catégories socioprofessionnelles.
Les fond de pension ne sont pas uniquement destinés aux salariés les plus aisés. Les cotisants des catégories les plus basses serons les plus touchés par Ici baisse de rendement des retraites.
Le temps est peut-être venu de donner un cadre de référence pour les retraites sur complémentaires. Les conditions d'acclimatation sont réunies. Les régimes complémentaires ont clarifié les choses de leur côté. Mais il y a de la place pour des dispositifs qui devront satisfaire l'accroissement le besoins, qui vont se révéler au fur et il mesure que baisseront les rendements des régimes de base et complémentaires. Il ne faut pas craindre en France la surpuissance des fonds de pension car ils lie se développeront vraisemblablement que progressivement. Leur impact sur les marches financiers sera probablement plus faible qu'on
ne croit, mais l'effet de substitution avec les produits d'épargne jouera de façon significative.
Cette journée a eu deux mérites: montrer que la retraite est un sujet difficile, complexe. Ce colloque a ouvert des perspectives qu'il conviendra de saisir, en matière de, formation aux métiers et aux techniques de retraite, à l'analyse des risques. Il a fins en évidence la nécessité de connaître le vrai prix de lu retraite. Il a montré à cet égard la nécessité d'une campagne d'information.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.