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Pour une Majeure cinquième plus offensive
Alain Blanquier (ENSAE 1962), éditions Publibook, Paris, 248 pages.
Les colonnes de Variances s’ouvrent aujourd’hui à un ouvrage atypique. Cette colonne est plus habituée à accueillir des ouvrages ayant trait à l’actualité socio-économique, ou aux derniers développements statistiques. Voici un livre technique sur le bridge, preuve s’il en était que mathématiques et plaisir ludique font souvent bon ménage.
On reproche souvent au système classique Français de la majeure cinquième son manque d'agressivité. A l'instar d'autres systèmes internationaux, Alain Blanquier joue la carte d'un système plus offensif qui ravira les joueurs confirmés. Son ouvrage s'articule autour de dix chapitres au cours desquels il revisite les principales ouvertures (faibles, fortes) et les développements associés, les enchères de chelem et les barrages. Il prend soin d'analyser les avantages et les inconvénients de son système novateur, à l'aide d'exemples issus de tournois simultanés comme les rondes de France, le Top 7 de Philippe Soulet ou le Roy René de Gilles Quéran. Même si cet ouvrage s'adresse plutôt aux joueurs avertis, il saura ravir ceux d'entre vous désirant tester un système pouvant facilement déstabiliser les adversaires. A conseiller aux amateurs de bridge éclairés.
Sébastien Petithuguenin et Jean-Yves Tourneret
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Institutions et Emploi : Les femmes et le marché du travail en France
Bernard Salanié (ENSAE 1986), Guy Laroque (ENSAE 1970), Economica, Paris, 165 pages.
Dans cet ouvrage, Bernard Salanié et Guy Laroque poursuivent leur travaux visant à expliquer le niveau élevé du chômage et de l’inactivité observé en France par certains facteurs institutionnels qui caractérisent son marché du travail et plus particulièrement le salaire minimum et le système de transferts sociaux. Continuant sur un terrain idéologiquement marqué, ils remettent en cause le niveau du salaire minimum, qui aurait, selon eux, un effet négatif de forte ampleur sur l'emploi. Ils estiment aussi que les prestations sous conditions de ressources, notamment le RMI, peuvent créer une trappe à chômage en limitant le gain net tiré d’emplois à bas salaire. Pour leur démonstration, les auteurs modélisent le comportement micro-économique du côté de l'offre de travail en utilisant les données de l’enquête Emploi. Ils peuvent ensuite simuler différentes variantes de politiques fiscales et sociales.
L'originalité de l'exercice est d'utiliser la participation des femmes au marché du travail comme angle d'attaque. Au delà d'un effet de mode d'une thématique mise sur le devant de la scène ces dernières années, c'est aussi un moyen de profiter de la diversité de situation des femmes sur le marché du travail et une manière de souligner la complexité de la démarche adoptée avec la question du partage entre temps partiel et temps complet, mais surtout, la nécessité de prendre en compte la dimension "ménage" et revenus du foyer, au delà de la "simple" question du niveau du salaire.
Les résultats exposés laisseront évidemment chacun dans son camps. Les uns y puiseront arguments pour défendre le démantèlement du système social français. Les autres pourront les réfuter en mettant en avant la fragilité, voire la partialité, des hypothèses. Les auteurs eux-mêmes rappellent certaines limites de leurs modélisation. Certaines d'ordre technique, comme la difficulté d'une modélisation dynamique qui prenne par exemple en compte le fait que travailler génère des droits à des revenus pour des périodes de chômage ultérieures. D'autres statistiques, par exemple parce que l'enquête Emploi ne permet pas de bien mesurer les revenus des agents, notamment les plus pauvres, ce qui conduit d'ailleurs à baser les estimations sur un champ ne concernant qu'un quart des femmes en âge de travailler.
Il reste cependant l'intérêt d'un exercice technique qui illustre une des voies que les économistes pourraient investir davantage pour être plus présents dans le champ de l'évaluation des politiques publiques.
Stéphane Jugnot
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Introduction à la gestion actif-passif bancaire
Paul Demey (CESS 1999), Antoine Frachot (ENSAE 1989), Gaël Riboulet (ENSAE 1999), Economica, Paris.
L’ouvrage « Introduction à la gestion Actif-Passif bancaire » a peu de chance d’atterrir sur la table d’une personne dont le métier n’est celui de banquier et plus spécifiquement, en charge de la gestion des risques de taux et de liquidité. Ce serait pourtant une erreur de le laisser aux seuls spécialistes (dont le modeste auteur de cette recension n’est pas) car il nous convie à une plongée à l’intérieur des mécanismes de l’intermédiation financière et dans une problématique plus triviale que le titre de l’ouvrage ne le laisse supposer : comment une banque équilibre-t-elle son bilan en gérant son risque de liquidité, et quels sont ses outils pour contrôler l’évolution de son résultat ?
Ces questions font l’objet de la gestion actif-passif (ou gestion ALM) et sont présentées en détail dans cet ouvrage avec comme préoccupations principales, d’une part, d’adopter une approche didactique et progressive et, d’autre part, de recadrer les résultats mathématiques obtenus par rapport aux hypothèses sous-jacentes et à la réalité. Dans une première partie sont introduits, sous des hypothèses simplificatrices, les grands concepts de la gestion ALM (avec des modèles simples et des exemples chiffrés). On comprend ainsi ce qu’est le risque de liquidité pour une banque en décomposant les éléments du bilan entre ce qui ressortit à la production nouvelle et à l’écoulement du bilan (le remboursement des prêts). Une modélisation simple des en-cours de la banque permet de comprendre ce que représente une impasse en liquidité. De même le risque de taux est détaillé au travers des notions de marge d’intérêt et de l’analyse de sa variabilité au niveau des taux d’intérêt.
Dans un second temps, les auteurs s’attachent à produire des modélisations plus complètes qui permettent d’avoir une réelle approche dynamique des problématiques concernées. Ainsi, ils produisent les modélisations du comportement de la clientèle et de l’écoulement lorsque celui-ci dépend du taux d’intérêt et des grandes variables macro économiques. De même, l’écoulement du bilan est approché de façon dynamique et ne comprend pas uniquement des modèles d’impasse de liquidité à un moment t donné. Enfin, une attention particulière est apportée à l’approche du risque de taux. Les auteurs montrent que pour une certaine stratégie de taux de cession interne à la banque, il est possible de transférer le risque des filiales vers la direction financière de la banque. En ce qui concerne les stratégies de gestion du risque de taux, on voit apparaître une note plus personnelle au sein d’un ouvrage qui se veut d’abord une présentation synthétique et critique des grands outils de compréhension de la gestion actif-passif. Ainsi, les auteurs livrent un plaidoyer court mais efficace pour que la gestion ALM se dote d’outils de couverture plus sophistiqués que les seuls swaps, et ils soulignent la disparité qui se creuse entre le raffinement des outils de gestion du risque de marché par rapport aux outils de gestion ALM du risque de taux.
Au global, cet ouvrage vaut particulièrement pour l’attention qui est portée à recadrer chacun des résultats présentés dans le contexte pratique de la gestion actif-passif et par le caractère didactique de l’approche adoptée. La volonté d’aller vers des modélisations proches de la réalité et d’insister sur une approche par scenarii est convaincante. On notera le soin apporté aux annexes qui closent chaque chapitre et le lien avec la réglementation en vigueur concernant les banques. Voilà un livre qui prendra place naturellement sur la table de nuit du parfait petit banquier mais qui saura aussi séduire l’explorateur en herbe des bilans bancaires.
Sébastien Petithuguenin
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