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20 septembre 2003

Colloque du 19 février 1996 « l'Emploi en Europe»

L'Association a organisé en 1994 et 1995 deux colloques portant respectivement sur les perspectives de l'économie française et sur les retraites qui ont connu un vif succès5 auprès, des anciens élèves mais aussi d'un public plus large. Cette année le thème retenu pour cette troisième édition des entretiens de la prévision a été « l4Emploi en Europe ». Cet article vous présente une synthèse (les actes du colloque vont paraître prochainement).

Monsieur Malinvoud rappelle la situation qui prévalait en 1993 au moment où l'initiative de croissance européenne dite «Drèze﷓Malinvaud» a été rédigée. Le taux de chômage européen avait baissé de 11 % en 1987 à 8% en 1991 mais recommençait à monter. On prévoyait alors la persistante du chômage européen au﷓dessus de 10% pour les, 4 ou 5 ans à venir.

La baisse des taux d'intérêt qui est intervenue depuis a amélioré nettement la situation financière des entreprises et des ménages. En ce sens, la conjoncture est nettement moins grave qu'en 1993. Les principales orientations du rapport Drèze﷓Malinvaud restent valables. La politique budgétaire doit rester orientée vers la réduction des déficits structurels. Monsieur Malinvaud regrette que l'idée de grands travaux européens ait été enterrée depuis le sommet d'Edimbourg. Il rappelle que si une baisse des cotisations sociales employeurs sur les bas salaires reste d'actualité, il ne Faut pas raisonnablement en attendre d'effets rapides ﷓l'horizon se situe au niveau d'une décennie.

Monsieur Drèze déplore le fatalisme qui semble s'installer en Europe; il rappelle qu'entre 1987 et 1990, plus de 9 millions d'emplois ont été créés dans l'Union Européenne. En réponse à une question, il se déclare partisan à titre personnel d'une réduction du temps de travail, notamment pour les femmes; il souligne néanmoins qu'il ne faut pas en attendre une solution miracle.

Monsieur Fitoussi estime qu'il faut cesser de considérer les taux d'intérêt exclusivement comme une variable économique. Dans la mesure où le taux d'intérêt influence la perception de l'avenir et la répartition des revenus, c'est également une variable sociale. La hausse tendancielle des taux d'intérêt depuis dix ans a fait porter l'ajustement sur le travail non qualifié. Aux Etats﷓Unis, cet ajustement s'est traduit par une croissance des inégalités. En France, où la baisse des bas salaires aurait des conséquences sociales insupportables, l'ajustement porté sur l'emploi des non﷓qualifiés, d'où le taux de chômage élevé de cette catégorie sociale.

Monsieur Bourguignon présente les résultats d'une simulation portant sur la réduction des cotisations sociales employeurs prônée par le rapport Drèze﷓Malinvoud. Il considère une annulation des CSE correspondant à l'assurance maladie et aux allocations familiales sur les salaires allant du Smic ,à 1,3 fois le SMIC, complétée par une réduction dégressive sur les salaires allant de 1,3 fois à 2 fois le Smic (pour éviter les effets pervers dus aux «marches d'escalier»). Cette mesure porterait sur,4,5% de la masse salariale totale, soit 2% du PIB, et réduirait le coût du travail de 12% pour les plus bas salaires. Monsieur Bourguignon montre

qu'un mode de financement « interne » de cette mesure, qui augmenterait les CSE sur les salaires plus élevés, aurait pour effet de réduire les salaires nets des travailleurs qualifiés d'une manière telle que la redistribution envisagée serait difficilement acceptée. * Il faut donc se reporter soit vers l'espoir que l'augmentation résultante de l'emploi permettrait de réduire cette redistribution, soit vers d'autres Formes de Financement, telles qu'une taxe sur l'excédent brut d'exploitation des entreprises.

Monsieur Jackman pense que l'initiative Drèze﷓Malinvaud va dans le bon sens. Il se déclare toutefois sceptique sur la baisse préconisée des taux d'intérêt. Il craint qu'elle n'entraîne des risques inflationnistes dans certains pays. Par ailleurs, il regrette que le rapport Drèze﷓Malinvaud n'envisage pas du côté de l'offre d'autres mesures qu'une réforme fiscale. Il pense que la déréglementation et l'accroissement de la flexibilité du marché du travail ont également un rôle important à jouer; les mesures correspondantes devront cependant s'adapter aux situations spécifiques des différents pays.

Monsieur Artus pense que les entreprises se sont adaptées à la hausse des taux d'intérêt en pesant sur les salaires réels plutôt qu'en accélérant la croissance, de la productivité, ce qui a créé une insuffisance de la demande que des hausses concertées de salaires pourraient contribuer à résoudre. Il constate également que les entreprises ont très peu réinvesti leurs profits et ont peu emprunté pour investir; le facteur inhibant semble ici être plus la volatilité des taux D'intérêt que leur niveau. Le passage à la monnaie unique serait un bon remède en ce domaine.

Monsieur Champsaur conclut le colloque en constatant que peu des recommandations du rapport Drèze﷓Matinvaud ont été adoptées. Il estime que le coût excessif du travail non qualifié reste la cause principale du chômage et que la réforme fiscale et la modération salariale sont donc les mesures les mieux adaptées. La réduction des incertitudes monétaires serait également un facteur positif. Enfin, il rappelle que contrairement à ce qui est souvent affirmé, le contenu en emplois de la croissance a eu tendance à s'accroître depuis dix ans, et qu'il ne faut donc pas baisser les bras.

Bernard Solonié (Ensce86)

Autrice

Bernard Solonié

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