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16 avril 2007

Un parcours de femme : entretien avec Jacqueline Aglietta

Dans cet entretien, ENSAE au féminin revient avec Jacqueline Aglietta (ENSAE 1965) sur son parcours dans le monde des sondages et de la mesure. Elle livre son analyse du rapport entre les femmes et l’exercice du pouvoir.

Variances – Vous avez occupé pendant plus de vingt ans le poste prestigieux de Présidente de Médiamétrie et vous avez effectué un parcours sans faute dans l’industrie des Médias. Qu’est-ce qui a été déterminant pour votre réussite ?
Jacqueline Aglietta – Je ne sais pas si j’ai fait un parcours sans faute ; qui peut se vanter de n’avoir jamais commis la moindre erreur ? Ce que je sais, c’est que le moteur de ce que vous voulez bien appeler ma réussite est une certaine capacité, forgée dans la réflexion sur le monde qui nous entoure, à anticiper les grandes évolutions ; c’est aussi la passion de convaincre, le souci de m’attacher l’aide irremplaçable des décideurs comme celle de mes collaborateurs ; enfin, et ce n’est pas le moins important, un environnement familial favorable, qui m’a toujours soutenu.

Anticiper et s’entourer

V. – Le fait d’être une femme vous a-t-il servi ou desservi dans votre carrière ? Quelles ont été les plus grandes difficultés que vous ayez rencontrées ? Qu’est-ce qui a pu vous aider à les surmonter ?
J.A. – Le fait d’être une femme m’a plutôt servi dans le milieu où j’évoluais, celui des médias et de la communication, plus ouvert sans doute que d’autres. Les difficultés ne sont pas venues de fanatiques de la déontologie – et pour cause, nous la respectons avec la plus grande fermeté ; elles sont venues tout au contraire de personnes qui recherchaient le pouvoir et l’efficacité au mépris de la rigueur scientifique. Quant à ce qui m’a aidé à surmonter ces difficultés, c’est une certaine forme de courage, que je revendique, et l’acharnement à défendre ces valeurs, aussi bien la déontologie que la rigueur scientifique. Sans oublier le soutien, déterminant, de mon entourage professionnel.

V. – Pensez-vous que les femmes ont un style de management propre et différent de celui des hommes ?
J.A. – C’est difficile à dire car le plus souvent elles ne sont pas dans les mêmes situations, ni placées face aux mêmes obstacles ou aux mêmes opportunités. S’il fallait se prononcer, je dirais qu’elles sont, je crois, un peu plus pragmatiques que les hommes, qu’elles se soucient moins des paillettes, et qu’elles ont un style de management moins spectaculaire, moins brillant, plus réservé et peut-être plus efficace.

Au pouvoir : des situations différentes, plus de pragmatisme

V. – Quels sont, d’après vous, les obstacles à l’accession d’un plus grand nombre de femmes à des postes de top management ?
J.A. – Je vois principalement 3 difficultés rencontrées par les femmes. A compétences égales avec les hommes :
- elles appartiennent moins à des réseaux d’influence,
- elles sont moins visibles, et on les voit moins souvent se mettre en avant,
- enfin, elles se heurtent trop souvent dans leur environnement social et familial à un manque de soutien, voire à une culpabilisation dans le fait d’assurer des responsabilités perçues comme se faisant au détriment de la famille.

Que le cadre familial soit un soutien plus qu’un frein

V. – Que conseillez vous aux anciennes de l’ENSAE ?
J.A. – Qu’elles suivent leur inspiration et leur passion professionnelle ; quand on se passionne pour quelque chose, on l’obtient.

V. – Et si elles ont de l’ambition ? Si elles ont envie d’occuper des postes de top management ?
J.A. – Et bien j’ai envie de leur dire : ayez pleinement foi en vous-même, osez, osez, et allez de l’avant !

Autrice

Ensae au Féminin

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