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16 avril 2007

Anciens Ensae : la diaspora s'organise !

Depuis plus d’un an l’Association des Anciens structure et développe le réseau des Anciens ENSAE installés à l’étranger. La Commission Internationale, aidée de nombreux volontaires, lance déjà trois portails à vocation régionale : E-NY, E-London et E-Asie. Parce qu’un réseau dynamique et structuré est source d’opportunités et de visibilité pour l’Ecole et les Anciens, nous avons tous intérêt à profiter de cette initiative voire à y participer !

Plus de 700 ENSAE vivent à l’étranger. Certains d’entre nous y sont pour un stage ou une formation académique complémentaire, d’autres s’y installent plus durablement. Beaucoup de nos jeunes diplômés songent à entreprendre une telle démarche.
Les ENSAE diplômés depuis 2000 représentent près de la moitié des ENSAE installés à Londres et plus du tiers des américains. Intégrant et accompagnant cette nouvelle donne, l’Association des Anciens a lancé les portails internet par zone géographique pour animer le réseau des Anciens.

De plus en plus d’ENSAE à l’étranger

Environ un quart des Anciens est installé à l’étranger. Parmi ceux-là, sur les quelques 700 ENSAE régulièrement suivis qui ont déclaré travailler à l’étranger, 136 sont installés au Royaume-Uni, 112 en Amérique du Nord et une quarantaine en Asie. Dans chacun de ces ensembles la plupart de nos Anciens se concentrent dans quelques grandes villes : New-York, Washington, Londres, Hong-Kong, et Tokyo. Cela nous a conduits à mettre en place trois grands portails : E-NY, E-London et E-Asie. D’autres structures commencent à se constituer ailleurs, au Canada ou en Irlande par exemple. La première motivation des portails, c’est de nous localiser et de nous retrouver plus facilement région par région. Les Anciens doivent pouvoir animer le réseau et en bénéficier à l’étranger comme en France. Depuis quelques mois, des événements ont ainsi été organisés ou diffusés à New-York et à Hong Kong.

Les portails géographiques permettent aux Anciens qui le souhaitent de partager leur expérience avec tous ceux qui songent à partir étudier ou travailler à l’étranger. Choisir une filière professionnelle ou académique hors de France peut être source de nombreux questionnements et le contact avec les Anciens sur place peut apporter une aide précieuse. Dès aujourd’hui, dans la rubrique Conseils pratiques & Contacts, chaque ancien accède aux coordonnées de ‘référents’ qui sont prêts à répondre aux questions, fournir des conseils ou encore diffuser des évènements. Des mémos sur la fiscalité, le logement et autres conseils pratiques ainsi que des forums sont également disponibles. Enfin, le développement du réseau ENSAE à l’international, en réel et sur notre site internet, contribue à renforcer et promouvoir l’image de notre école.

Après E-NY et E-London, E-Asie en 2007 !

E-NY et E-London ont été lancés en 2006. E-Asie sera mise en ligne en 2007. Chaque portail est organisé autour de 5 entrées et fonctionne sur le même modèle (détaillé dans l’encadré 1).

E-NY est disponible depuis le printemps 2006. Grâce à Frédéric GILLI (2000) et Emmanuel LEONARD (3ème année à l’étranger), E-NY a permis de dynamiser notre réseau nord-américain qui compte plus d’une centaine d’Anciens. Le groupe E-New York est aujourd’hui animé par 7 membres actifs et est représenté par Pierre BISMUTH (1968). Les Anciens de l’ENSAE devraient officiellement rejoindre l’Association des Amis des Grandes Ecoles de France au tout début de l’année prochaine et des contacts sont pris pour se rapprocher du French MBA club. Si de nombreux ENSAE vivent aux Etats-Unis, encore plus nombreux sont ceux qui y passent occasionnellement. Des conférences sont ainsi régulièrement annoncées sur le site, comme celle donnée le 29 septembre dernier à Columbia par Jean-Paul Bouttes (1982) sur les évolutions de l’industrie énergétique (« EDF as an international energy player »).

E-London a été mis en ligne fin novembre par Julien Guitard (2005). Il regroupe déjà plusieurs témoignages d’Anciens (voir encadré) et vous donne des points de contacts utiles.

E-Asie, bientôt accessible sur www.ensae.org, a déjà permis de mieux identifier les Anciens présents en Asie, qui sont aux deux tiers concentrés sur Tokyo et Hong-Kong, les deux grandes places financières de l’Asie. Sa responsable Dominique GRIBOT-CARROZ a organisé un dîner à Hong-Kong en octobre et deux Anciens ont été interviewés (voir le témoignage de Stéphane CIENIEWSKI ci-contre - tous les entretiens sont également disponibles en ligne).

Les E-pays sont à vous, pour vous

La mise en place des portails géographiques a été un succès et a mobilisé de nombreux Anciens à l’étranger. La montée en puissance de notre réseau à l’international dépend aussi d’une bonne prise en compte des attentes des Anciens, région par région. Le Conseil compte ainsi lancer une enquête par mail qui complétera le questionnaire ‘Fidélisation’ de l’Association des Anciens. Enfin, des initiatives communes sont menées avec ENSAE au féminin ainsi qu’avec la Commission Carrières qui offre une perspective intéressante sur les trois zones.

Quel que soit votre degré de disponibilité nous pouvons tous facilement contribuer à renforcer nos liens et accroître notre visibilité vis-à-vis de l’extérieur. Quelques gestes simples :

· Mettre à jour son espace perso et ses coordonnées sur www.ensae.org
· Témoigner ou transmettre des actualités
· Devenir référents ! :
o Une source supplémentaire de visibilité et d’interactions avec des personnes sur place.
o Une contribution concrète au développement de notre réseau d’Anciens.

E-pays c’est l’opportunité de se rencontrer ou de ne pas se perdre de vue. C’est aussi le moyen d’échanger sur les carrières et les opportunités à l’international. C’est enfin une manière d’accroître notre visibilité auprès des jeunes Anciens et celle de notre diplôme vis-à-vis de l’extérieur.

Ce sont nos initiatives qui développent notre réseau.

Les portails E-Pays sur www.ensae.org

Pour accéder à E-London et E-NY vous vous connectez à votre espace personnel sur www.ensae.org (voir Variances 28 pour le mode d’emploi du site). Les sites sont disponibles depuis les onglets de la rubrique ‘Le Réseau’ (la deuxième en partant du haut dans la colonne de gauche).
Une fois sur les portails vous trouverez 5 onglets.
0) Présentation
1) ‘Le réseau’ synthétise des informations quantitatives (secteur d’activité et démographie) sur les Anciens de la région concernée.
2) ‘Témoignages’ recueille les interviews d’Anciens. Ils illustrent chacun un type de parcours et d’expérience (banques, monde académique, jeunes diplômés ou seniors par exemple) et peuvent apporter des conseils à ceux qui cherchent à s’engager dans ces différentes voies.
3) ‘Conseils pratiques & Contacts’ donne la liste d’Anciens ‘référents’ et des fiches pratiques, notamment sur la fiscalité au départ et au retour en France par Alexis de Rozières. Les Anciens ‘référents’ sont les ‘points de repère’ du réseau. Ils orientent – chacun dans leur domaine - nos anciens ou jeunes diplômés vers la source de renseignements qui peut les aider dans leurs démarches.
4) ‘News et forums’ permet d’annoncer les événements du réseau en local et de partager des informations récentes.

Devenez référent

Vous voulez orienter nos Anciens vers la bonne source d’information ? Vous voulez transmettre votre actualité ? Devenez référents, c’est à la carte !
· pour vous, une source supplémentaire de visibilité et d’interactions avec des personnes sur place.
· pour l’association, contribuer au développement de son réseau et d’un service utile aux Anciens.

Ce sont nos initiatives qui développent notre réseau.

E-Asie : un regard local sur le poids de la Chine

E-Asie, interview - itinéraire

Stéphane CIENIEWSKI, ENSAE 2000, est conseiller financier auprès de l’Ambassade de France à Pékin depuis trois ans. Il assure le suivi macroéconomique de la Chine et des relations officielles franco-chinoises dans le domaine économique et financier.

Variances – Peux-tu nous rappeler quel a été ton parcours avant de venir à Pékin ? Qu’est-ce qui a motivé ton expatriation ?
S.C. – A ma sortie de l’ENSAE en 2000, j’ai rejoint un peu par hasard la DREE (Direction des Relations Economiques Extérieures) qui s’occupait, au sein du MINEFI, du soutien au développement international des entreprises et participait plus généralement à la définition de la politique commerciale française. Aujourd’hui je suis très content d’avoir fait ce choix. La DREE a depuis fusionné avec la DP (Direction de la Prévision) et la DT (Direction du Trésor) pour devenir la DGTPE (Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique) et cumule de ce fait une expertise économique à la fois très pointue et très variée, qui en fait une force de proposition je pense importante à l’intérieur de l’administration française.
Concrètement, mon premier poste consistait à suivre l’économie des pays émergents d’Asie (dont la Chine) dans une optique risque pays : analyse des faiblesses et risques de crise, mais aussi des enjeux que suscitent l’émergence de ces pays pour la France ou d’autres de leur partenaires.
Etant apprenti sinisant et au terme de 3 années passées à lire quotidiennement des rapports économiques sur cette zone, le choix de l’expatriation en Asie s’est imposé tout naturellement, d’autant que c’était la pratique de la plupart du personnel de la DREE (200 personnes à Paris, 2000 à l’étranger). J’ai candidaté aux 3 postes qui demandaient à être pourvus : Singapour, Pékin et Tokyo. Ce fut Pékin.

V. – Quelles sont les principales activités de la Mission Economique à Pékin et quel rôle y joues-tu ? En quoi cette expérience est-elle différente de ce que tu faisais à Bercy ?
S.C. – Schématiquement, les Missions Economiques remplissent deux grands types de missions : les missions dites commerciales, c’est-à-dire de soutien aux entreprises françaises souhaitant développer leurs activités (exportation, prospection, salons, implantations) et les missions dites régaliennes, c’est-à-dire d’analyse et de support pour les pouvoirs publics (suivi de la situation, préparation des déplacements et rencontres de personnalités dans les deux sens). Le travail de conseiller financier est par définition plutôt porté vers la régalien, mais il m’arrive aussi, et c’est une particularité de Pékin, de faire des réunions d’information pour des délégations d’entreprise. Fondamentalement, il s’agit donc d’un travail d’analyse économique, mais avec l’attrait supplémentaire du contact régulier et de haut niveau avec les décideurs privés et publics, français et chinois. Ce dernier point constitue la différence principale avec Bercy, qui est un univers beaucoup plus cloisonné et fermé sur lui-même. A l’Ambassade de Pékin, des Ministres, PDG ou personnalités de premier plan passent par nos services à flux continu.

Du risque pays à l’investissement dans un nouveau monde

V. – La Chine fascine ou fait peur vue d’Europe. Et vue de près ?
S.C. – Par bien des aspects, la Chine bouscule tous nos repères. Beaucoup moins exotique que le Japon, beaucoup moins accessible que l’Asie du Sud-est, et en même temps tellement fascinante parce que tellement difficile à comprendre, sous tous ces aspects. Ce serait beaucoup dire que d’affirmer aujourd’hui que je comprends bien la Chine, ses motivations et ses perspectives, mais une chose est sûre : on ne peut qu’être atterré par la médiocrité de l’information qui circule à son sujet en France. Entre l’admiration béate et la peur réflexe, les sentiments qu’inspire la Chine en France me semblent fondamentalement faussés par le fait qu’on ne présente pas aux Français qui sont les Chinois, quelles sont leurs valeurs et leurs rêves. En se focalisant sur un régime politique ou quelques grands noms d’entreprises, on perd complètement de vue que le phénomène auquel nous assistons aujourd’hui est d’abord celui du relèvement et de l’affirmation d’un peuple.
Plus prosaïquement, l’un des aspects fondamentaux de mes études sur l’économie chinoise est de montrer à quel point c’est une économie en voie de normalisation, dans laquelle la coopération avec les étrangers joue et continuera à jouer un rôle central. La Chine s’est construit économiquement par la mondialisation et réciproquement, l’économie mondiale ne pourrait plus se passer de la Chine. L’arrivée sur le marché du travail mondial de 750 millions de Chinois constitue certes un choc pour le reste du monde, mais qui va tout de même s’étaler sur 50 ans et qui, potentiellement, peut bénéficier à tous. Il n’est pas toujours évident de faire accepter cette idée.

V. – Est-il facile de vivre à Pékin ? Qu’est-ce que tu aimes ou aimes moins dans la capitale chinoise ?
S.C. – J’ai été assez déçu par le manque d’exotisme de la capitale, qui, passées les premières semaines de découverte, est assez flagrant. En outre Pékin n’est pas une ville où il fait particulièrement bon vivre. C’est une ville parmi les plus polluées au monde. Le climat est assez difficile (intersaison très bref, hiver pas très froid mais très long). Enfin l’urbanisme très particulier, fondé sur des complexes immobiliers gigantesques espacés d’artères à 4 voies n’est pas forcément très propice aux flâneries pédestres. Les points positifs : les banlieues faites de montagnes et de verdures, sur lesquelles les familles d’expatriés se précipitent à chaque occasion. La cuisine, excellente, abordable, extrêmement variée (ce que nous appelons en France cuisine chinoise n’est en fait qu’un dérisoire aperçu de la cuisine cantonaise, qui elle-même n’est qu’un échantillon des dizaines de cuisines régionales chinoises). Enfin, les Pékinois sont réputés, je pense à juste titre, pour être parmi les chinois les plus sincères et amicaux. Moins cosmopolites que les Shanghaiens et a fortiori que les Hongkongais, mais sans doute plus intéressants, sur le long terme.

V. – Cette expatriation a-t-elle changé ta manière de voir les choses ?
S.C. – L’expatriation change évidemment la manière de voir le pays d’accueil, en se fondant (jamais complètement certes, mais beaucoup plus que ne peuvent le permettre les séjours courts) dans une culture et un environnement très différent. Mais inversement, l’expatriation influence aussi très fortement le regard que l’ont porte sur la France. C’est particulièrement vrai d’un pays comme la Chine, que presque tout différencie de la France : le développement exponentiel, l’ambition, l’optimisme et parfois même la naïveté, si opposée à notre goût de l’ironie et de la dérision. La Chine est la nouvelle frontière d’aujourd’hui dans presque tous les domaines : son poids dans les orientations économiques du monde, mais aussi ses évolutions technologiques et culturelles progressent à vue d’œil. Par contraste la France m’apparaît calme, voire désespérément inerte et paralysée par des considérations parfois sans objet. Mais, j’apprécie aussi plus que jamais l’humanisme, la capacité d’abstraction et le rationalisme de l’esprit français, qui sont ici une denrée bien rare. Et puis, lorsqu’on vit à 10 000 km de Paris, on ne peut s’empêcher de penser à chaque fois qu’on y retourne que c’est la plus belle ville du monde… Ce qui n’est pas forcément le sentiment dominant lorsqu’on y vit au quotidien…

Expatrié, un certain regard sur la France

V. – Que conseillerais-tu aux ENSAE souhaitant venir travailler en Chine ?
S.C. – Je leur conseillerais bien sûr, et en premier lieu, de commencer à apprendre le mandarin le plus tôt et le plus sérieusement possible. On peut faire des affaires en Chine en ne parlant qu’anglais, on peut même y vivre décemment en ne connaissant que quelques formules de base, mais jamais on ne pourra y nouer des contacts fructueux et comprendre les subtilités (et énormes différences) de la culture et du mode de pensée chinois sans s’investir dans la langue chinoise.
D’un point de vue plus professionnel, je leur dirais de profiter au maximum des opportunités dont ils disposent au cours de leur scolarité pour multiplier les stages et voyages dans cette zone (où d’ailleurs dans toute autre zone vers laquelle ils souhaiteraient s’expatrier). C’est prendre un risque que de tout abandonner pour venir travailler 3 ans ou plus dans un pays dont on ne connaît rien, surtout un pays aussi différent et changeant que la Chine. A ce titre, les possibilités offertes par le volontariat international (en administration ou en entreprise) constituent une excellente occasion d’un premier contact à la fois avec l’étranger et le monde du travail. Lorsque l’expérience est réussie, elle débouche presque toujours sur un premier poste à l’expatriation ou en tout cas une carrière très internationalisée. Il faut savoir que presque aucune entreprise ou administration ne peut vous offrir à l’embauche un poste à l’étranger : trop cher et trop risqué. Le VI offre un compromis pour les 2 parties. Bien entendu, pour ceux qui sont moins pressés, il est tout à fait envisageable de commencer par un poste de 3-4 ans à Paris pour apprendre ou se perfectionner dans une ligne de métier, avant de solliciter une mutation à l’étranger. Un mot pour finir : la finance chinoise est complètement sous-développée et ne s’ouvre aux étrangers que depuis quelques années : les ENSAE ont ici un boulevard devant eux.

Autrice

Julien Guitard (2005)

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