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16 avril 2003

Enseignement à l’ENSAE : les évolutions récentes

Publié par Stéfan LOLLIVIER (ENSAE 1980), directeur de l’ENSAE | N° 21 - Economies de Réseaux

Au cours des dernières années, l’ENSAE s’est adaptée à une concurrence de plus en plus vive entre les Grandes Ecoles. Avec une augmentation régulière du nombre de places offertes par les Grandes Ecoles, en réponse aux besoins accrus en ingénieurs sur le marché du travail, et un nombre d’élèves qui stagne dans les classes préparatoires, les candidats au concours d’entrée sont aujourd’hui assurés de trouver une école d’accueil. De ce fait, les concours isolés sont de plus en plus délaissés au profit des grandes banques d’épreuves. Confrontée à ces difficultés nouvelles, l’ENSAE entreprend différents types d’efforts pour lui permettre de conserver son rang au sein de l’enseignement supérieur.


Une politique active de recrutement…

Depuis l’année 2000, l’ENSAE s’est associée à la banque d’épreuves Mines-Ponts dans l’organisation des épreuves écrites du concours d’entrée option mathématique. L’ENSAE emprunte à cette banque deux épreuves de mathématiques, une épreuve de français et une épreuve de langues. Elle conserve, outre ses épreuves orales, une journée d’épreuves écrites spécifiques, de mathématiques et de français. En diminuant des deux-tiers la durée des épreuves écrites, cette initiative a permis d’endiguer la chute inquiétante du nombre d’inscrits au concours, ce dernier passant d’environ 500 à plus de 1000. Pourtant, il reste difficile de recruter des élèves à l’ENSAE, le taux d’absentéisme aux épreuves orales étant élevé, notamment en raison de leur caractère spécifique. C’est une des raisons pour laquelle l’école a décidé l’an passé de demander une adhésion totale au concours Mines-Ponts. L’autre raison est la notoriété du concours et la visibilité que peut attendre l’école suite à une telle adhésion. Parallèlement, l’école entreprend une réforme du concours d’entrée option économie. Celui-ci recrute de fait des élèves issus des Khâgnes B/L et des classes préparatoires HEC (option scientifique). Toutes les épreuves n’étant pas communes aux deux sous populations, leur interclassement était difficile à réaliser. C’est la raison pour laquelle l’école envisage de dissocier les deux modes de recrutement. Deux concours distincts seraient alors mis en place, en faisant appel à des banques d’épreuves pour l’organisation de tout ou partie des épreuves écrites : la banque inter-ENS pour les candidats de Khâgnes B/L et la banque CCIP pour les candidats issus des classes préparatoires HEC. Pour sa part, la réforme X-2000 entreprise à l’Ecole Polytechnique a conduit l’ENSAE à proposer une formation raccourcie pour les polytechniciens ayant suivi la majeure économie comme deuxième majeure à la fin de leur scolarité. Selon la convention signée par les deux écoles, les élèves polytechniciens suivent en avril-mai un premier cursus spécifique à l’ENSAE, partent en stage (validé par les deux écoles) entre juin et la mi-août, et reviennent à l’ENSAE à la mi-septembre pour y achever leur formation spécifique. Ils entrent ensuite en dernière année de l’ENSAE à la mi-octobre, avec les élèves issus de deuxième année. A l’initiative de l’X, la plupart des écoles d’application ont mis en place des formations intégrées similaires. Cette nouvelle voie a été également ouverte aux élèves de l’ENS Cachan qui disposent de pré-requis analogues à ceux des polytechniciens. Par ailleurs, l’ENSAE poursuit son effort visant à recruter des étudiants de haut niveau issus du système universitaire. L’admission sur titre traditionnelle au niveau de la maîtrise a été complétée par une politique de conventions avec plusieurs DEA. Le principe consiste à accueillir comme auditeurs libres en deuxième année des élèves inscrits en DEA, certains enseignements de l’école étant validés pour l’obtention du DEA. A la fin de l’année, les élèves de DEA qui en font la demande peuvent candidater à l’admission à l’école en tant qu’élèves et non plus d’auditeurs, celle-ci étant prononcée au vu de leurs résultats. En 2002, quatre élèves ont ainsi été admis à l’école sur une quinzaine d’auditeurs libres. Ce nombre devrait s’accroître au cours des années à venir. Enfin, l’ENSAE envisage de proposer des formations de « Master of Science » pour accroître le recrutement des élèves étrangers. Seraient concernés des élèves de niveau licence en mathématiques appliquées, qui se verraient offrir une formation en deux ans. La première année de Master comporterait des enseignements de statistique analogues à ceux offerts aux élèves de deuxième année de l’école. Au cours de la deuxième année de Master, les élèves pourraient se spécialiser en statistique ou en finance. L’originalité de cette formation serait le déroulement en alternance de la deuxième année de Master. L’élève travaillerait en entreprise l’équivalent de deux jours par semaine, les trois jours restant étant consacrés à une formation académique. A nouveau, la plupart des grandes écoles propose des formations de type Master destinées à recruter des étudiants étrangers. L’ENSAE suit la tendance générale en faisant valoir ses spécificités thématiques de haut niveau, reconnues par les employeurs français comme étrangers. L’objectif de ces Master est d’en faire bénéficier des étudiants formés à l’étranger, et qui ne disposent pas du système des classes préparatoires pour réussir aux concours.

… conjugée à des innovations pédagogiques.

Suite à une réflexion entreprise sur l’enseignement de l’économétrie à l’école, il est apparu notamment, en particulier auprès des employeurs qui accueillent les stagiaires, que la statistique et l’économétrie restaient des disciplines relativement abstraites pour un certain nombre d’élèves de deuxième année. Le cours de statistique de première année a ainsi été scindé en deux cours distincts, un cours d’introduction à la statistique hors économétrie (M.Tomasini) et un cours d’économétrie proprement dite (V. Loonis). Cette séparation s’accompagne d’un accroissement du volume horaire (1 séance de cours et 2 séances de TP additionnelles) et vise à améliorer la formation fondamentale des élèves en économétrie, notamment en développant les approches pratiques sur ordinateur et données réelles. En deuxième année, de nombreux enseignements changent de titulaire, avec parfois un programme un peu remanié pour s’adapter aux évolutions académiques et aux demandes des professionnels. Le cours « d’Estimation et introduction aux tests » de J.D. Fermanian est repris par P. Doukhan, nouveau professeur permanent à l’école ; il n’y a pas de changement majeur de contenu, mais le cours cherchera à éviter l’écueil d’une formulation trop abstraite des méthodes d’estimation classiques, par exemple en abandonnant leur présentation sous la forme de M-estimateurs, approche renvoyée dans les cours de la majeure statistique. B. Crépon succède à D. Fougère sur le cours « d’Econométrie », qui reste consacré au modèle linéaire et à ses extensions. En majeure statistique, B. Salanié succède à A. Moreau sur le cours « d’Econométrie non linéaire » (anciennement « Fondements statistiques de l’Econométrie »). Enfin, en troisième année, le cours de « Compléments d’économétrie linéaire », assuré jusqu’à présent par M. Magnac est repris par M. Fougère, sans changement de contenu notable. Les enseignements de macroéconomie évoluent avec l’arrivée de D. Thesmar, professeur permanent d’économie à l’école. Le cours de première année « d’Introduction à la dynamique macroéconomique », repris par ce dernier, met l’accent sur l’application des approches théoriques à des cas concrets (la bulle financière américaine, le « credit crunch » japonais, par exemple). En troisième année, les nouveaux enseignements de « Commerce international approfondi » (T. Verdier) et de « Macroéconomie financière avancée » (D. Thesmar) prolongent les cours correspondants de la majeure économie de deuxième année. Par ailleurs, un cours relativement original de microéconomie, consacré à « l’Analyse économique des procédures légales » a été introduit dans le cadre de la collaboration avec l’université allemande de Humboldt ( D. Demougin). En finance, deux cours font leur apparition pour mieux préparer les élèves aux besoins des professionnels de la finance. Le cours de « Risque de crédit » (C. Gouriéroux) s’inscrit dans le cadre des orientations du comité de Bale visant à mettre en place des réserves garantissant contre le risque de non-remboursement de certains prêts. Pour sa part, le cours de « Gestion actifpassif » (A. Frachot) vise à mesurer et couvrir le risque de taux et de liquidité des bilans des banques, notamment ceux générés par les opérations commerciales.

Autrice

Stéfan LOLLIVIER (ENSAE 1980), directeur de l’ENSAE

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