Rédacteur en chef de Variances
Qui ne rêve pas d'être rédac'chef de Variances…? Àl'heure des compilations discographiques nous avons interviewé, à l'occasion des 15 ans du titre, l'avatar autant virtuel que compilé du ou de la rédacteur en chef de Variances … et peut être t'y reconnaîtras tu ? Toute candidature sera considérée avec attention !
Variances - Tout petit(e) déjà, rêvais tu d'être rédacteur en chef ?
Rédac'Chef - Oui, oui, mais à la maternelle n'existait aucune revue digne de mon talent !
Au cours de mes études à l'école primaire, j'ai désespérément essayé de faire éditer les poèmes que je commettais régulièrement, sans plus de succès ! Il m'a donc fallu attendre l'ENSAE pour que je puisse sévir à la rédaction du Point Ab' puis à celle de l'Amer Quantile. J'ai même réussi à participer au Spécial Alpha deux années de suite. Ce furent de très grands moments de bonheur et je les ai savourés sans modération.
Néanmoins je dois confesser que le titre de rédac'chef me paraît un peu emphatique, voire usurpé. Les fonctions étaient très diffuses et les bonnes volontés cumulées de tous se substituaient efficacement à un organigramme structuré. L'idée était d'exprimer quelques convictions, de participer à une aventure partagée au sein de l'école, et - soyons honnête - de voir les mots que l'on a imaginés imprimés "en majesté" sur une page blanche…
V - De l'ENSAE à Variances, comment s'est fait le passage ?
R'C. - Mais, à l'insu de mon plein gré ! Grâce à un apparent hasard… totalement manipulé, un scénario en deux temps savamment mis au point par le rédacteur en chef de l'époque qui, un jour, sortant du bois, m'a ingénument téléphoné pour me proposer de compléter la liste des candidats au conseil de l'association. Mes souvenirs de l'époque bénie des études à l'école m'ont poussé à répondre positivement à cette proposition, n'y voyant que le double plaisir de retrouver des anciens (forcément sympathiques) et de renouveler l'expérience passionnante de participer à une action commune : la vie de l'association des anciens qui pétille d'idées et de réalisations et à laquelle j'avais depuis quelques temps envie d'apporter ma pierre.
Une fois élu, puisque le hasard voulut que je le fusse, tous les membres du conseil se sont retrouvés autour d'une tartine partagée dans un restaurant de quartier et… les tâches ont été distribuées… aux volontaires… parfois désignés.
Ce soir là, sortant de ma douce inconscience, j'ai compris que, pour moi, Variances était un peu fléchée. Mon passé "journalistique" à l'école avait laissé des traces dans les esprits de quelques anciens dont le rédac'chef du moment. Il ne pouvait y avoir meilleur candidat à ses yeux… et finalement, je lui ai donné raison puisque j'ai accepté la mission de participer à la rédaction de Variances dans un premier temps (court) puis de rédacteur en chef ensuite… et ce fut un total bonheur !
V. - Quel est le cahier des charges d'un rédac'chef de Variances
R'C. - Une fois aux manettes, deux personnes m'ont expliqué la vie, enfin ce que tu appelles le cahier des charges : l'une était le rédacteur en chef partant, l'autre le commercial chargé de ramener de la publicité pour permettre prosaïquement à la revue d'exister. Et là, j'ai découvert les subtilités du modèle économique régissant toute publication : un zeste d'éditorial accompagné d'un fort soupçon de réflexion marketing.
Sur l'éditorial, c'est facile : l'ENSAE est une école au recrutement et à l'enseignement très diversifiés et les centres d'intérêt des anciens sont très larges et variés. Il n'est donc pas difficile de se faire plaisir en listant pour l'année des idées de dossiers et de focus, des têtes d'affiches, des parcours d'anciens qui aboutissent à un contenu à lire riche, fouillé, et intéressant. La priorité est évidemment d'intéresser les lecteurs, qui sont soit les anciens, soit les étudiants de l'école, soit des centaines, voire des milliers (et oui !) d'inconnus qui lisent Variances guidés par un moteur de recherche qui les oriente sur le site de l'association.
Imaginer et choisir ces sujets se fait de manière plus ou moins spontanée, à l'aide de parties de ping pong numériques (merci le mail !) entre les rédacteurs et rédactrices réguliers de la revue, et le consensus émerge toujours, comme par magie.
Nos points de repères sont prioritairement d'équilibrer entre les sujets bancaires et actuariels - que notre commercial apprécie particulièrement - et tous les autres sujets, reflets des multiples centres d'intérêt et métiers des anciens de l'école. Mais nous voulons aussi que Variances soit l'expression d'une certaine personnalité, d'une certaine façon de regarder et de participer au monde et à la vie : les angles et les traitements que nous choisissons dans nos dossiers tentent de répondre à cette volonté. Les anciens participent ainsi au débat public, à travers les contributions qu'ils offrent à Variances. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à souhaiter s'exprimer dans les pages et c'est, pour nous, une preuve que nous travaillons dans le bon sens.
Alors, que personne n'hésite : les colonnes sont celles de tous les anciens et anciennes ! à vos plumes…
V. - Comment as-tu organisé ta manière de travailler pour Variances, sachant qu'évidemment dans la vraie vie tu as une activité professionnelle à temps plein !
R'C. - C'est vrai, j'ai vite dégrisé. Mes souvenirs d'édition à l'école que je rappelai plus haut ont finalement joué un rôle anti-trac au début puisque je pensais - follement - savoir faire… ayant déjà fait ! Mais rien n'est évidemment comparable : inutile de préciser que les heures passées en cours n'ont rien à voir avec les heures de travail salarié assujetties aux objectifs et contraintes que nous connaissons tous bien. Par ailleurs, que Variances puisse être un lieu de débat et de controverse n'a rien à voir avec le ton drolatique et post-adolescent que les publications de l'école autorisaient voire encourageaient. Enfin, une régie publicitaire travaille d'autant mieux que la publication connaît un rythme régulier et un respect des délais (à peu près !).
J'ai donc appris à déléguer, ce qui est une grande leçon à utiliser en d'autres domaines ! Savoir stimuler les participations et les talents, suivre de loin pour éviter les dérapages mais faire confiance et déléguer en ne pratiquant pas le péché d'orgueil de tous les angoissés qui ne croient qu'en eux… faute d'y croire assez. Leçon durement apprise au fil des numéros successifs, synonymes de nuits d'angoisse sur un délai qui dérape, un sujet bancal, un article pas livré, un contributeur râleur, une publicité évaporée à deux jours du bouclage… Seule la délégation m'a permis de survivre… et d'y prendre du plaisir !
Finalement le travail de rédac'chef peut s'assimiler à celui du chef d'orchestre qui, le soir du concert, loin de jouer toutes les partitions lui même, sublime le talent de chacun pour faire émerger celui de l'ensemble.
V. - Mauvais souvenirs, bons souvenirs… que te restera-t-il de tes années de rédacteur en chef ?
R'C. - Variances c'est comme la vraie vie : chaque jour, à chaque numéro, c'est une succession de bugs que l'on pense ne jamais pouvoir surmonter... et ça finit toujours par passer. Et miraculeusement chaque année, quatre numéros sortent, et l'exploitation économique de la revue est équilibrée, et les mails des lecteurs nous rassurent, et les retours d'image sont là… et cela n'a pas de prix.
Donc, comme dans la vraie vie, que des bons souvenirs, toujours !
V. - Peux-tu dessiner le portrait psychologique du ou de la rédac'chef type, toi qui en a l'expérience ?
R'C. - Evidemment femme ou homme, jeune ou senior, CSP+ ou CSP- (rare chez les anciens !)… encore un exemple de non discrimination pertinente par les traditionnelles variables socio démographiques !
Cherchons donc du côté psycho-socio-culturel : elle ou il n'aura pas peur d'être mono poste / multi tâches et sera suffisamment prise par ailleurs pour devoir déléguer (au risque d'exploser en vol sinon). Elle ou il aimera le débat d'idées autant que la pensée structurée, les opinions engagées autant que la tolérance devant celles des autres et, évidemment, l'écriture, les phrases et leur rythme, le chant des mots aux yeux des lecteurs.
Enfin, cerise sur le gâteau, elle ou il sera capable de se remettre en question sans cesse, d'innover, d'explorer le champs des possibles…
Inutile de dire que je dessine là le portrait auquel j'ai essayé de ressembler, sans succès, mais l'action tend toujours vers un point objectif qui la fonde et la justifie !
V. - En quelques mots pour finir que retires-tu de cette expérience ?
R'C. - Je l'ai dit : que du bonheur !
De manière plus explicite, cette expérience m'a apporté une forme d'assurance, de confiance en moi face à un projet lourd qui, à première vue, m'a paru totalement insurmontable. Avant de prendre les rennes de la revue, cela me paraissait une montagne que je n'arriverai pas à gravir. J'ai été mis au pied du mur, presque contre ma volonté, et j'ai été forcé-e de me lancer. J'ai alors découvert par l'expérience - la meilleure des écoles - que tout projet vaste, complexe et multivarié peut être fractionné en plusieurs problèmes différents, de taille plus raisonnable, et que cela permet d'avancer étape par étape… et d'arriver ainsi au sommet de la montagne, quelle que soit sa hauteur !
Et pour conclure, je voudrais dire que le plaisir de collaborer à Variances est réel, simple, à portée de tous les anciens. Pour animer la revue ou simplement écrire un article, il suffit d'envoyer un mail à variances@ensae.org… alors lancez-vous ! que du bonheur !
Propos recueillis, voire imaginés, par Catherine Grandcoing avec la complicité de quelques anciens et actuel rédac' chef de Variances.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.