La Fondation du Risque : un projet longuement mûri en concertation avec les Ecoles
La France disposait de chercheurs de grande qualité mais aucune masse critique n’existait nulle part. De cette prise de conscience est né un processus de rapprochement entre écoles, laboratoires et entreprises. Ce long travail de concertation a fait émerger un véritable pôle de compétences sur les risques, à la fois plus efficace et très aisément identifiable par les acteurs nationaux et étrangers.
Il nous est apparu, dès 2003, que la France disposait de chercheurs de très grande qualité dans les domaines de la statistique et des mathématiques ainsi que d’une école d’économistes renommée mais qu’aucun « cluster » spécifique au risque n’existait à l’époque avec la volonté de développer sous le signe de l’excellence une école français du risque.
En sous-jacent au projet élaboré à cette époque figurait l’idée que le risque est une matière qui peut et doit être abordée sous tous ses aspects, quantitatifs autant que qualitatifs, comportementaux, psychologiques autant que sociologiques et enfin dans une approche managériale puisque la prise de risque qui est à la base de la rémunération est un élément sinon l’élément central de la décision de l’entreprise. Ainsi pouvait-on imaginer cette idée force, que la matière « risque » pouvait se développer en thèmes transversaux tels que, par exemple, risque et performance de l’entreprise, risque et croissance de la société, risque et bien être social.
Le risque abordé sous tous ses aspects
C’est dès novembre 2003, à mon initiative et avec le soutien de Jean-Hervé Lorenzi, que des représentants du Centre d’Etudes Actuarielles (CEA), de l’École Nationale de la Statistique et de l’Administration Économique (ENSAE) et de l’Université Paris Dauphine se réunissent pour réfléchir au montage d’une formation post master de futurs spécialistes et responsables de la gestion des risques destinés à des entreprises du secteur financier. En 2004, le cercle est élargi à l’Ecole Polytechnique, et un groupe de travail conçoit un programme de formation.
Le projet se voulait au début centré autour de la création d’une formation d’excellence au risque (voir premiers travaux de Berthon, El Karoui, Frachot, Jouini) dans le cadre de l’Institut du Risque, dont l’objet aurait aussi été de labelliser des filières (Masters) existants et de favoriser les recherches sur les thématiques du risque.
Fin 2004, de premières réunions rassemblent tous les partenaires académiques actuels du projet : l’ENSAE, Dauphine, le CEA et l’X. Il est décidé, à l’initiative de l’X, de développer en plus de la formation, des chaires internationales d’enseignement et de recherche sur les thèmes du risque sur le modèle des chaires de l’X. Un projet d’enseignement et de recherche réunit sur un thème déterminé lié à la thématique du risque des équipes d’enseignants chercheurs abritées par une ou plusieurs des institutions promotrices et financées par l’industrie. L’Institut du Risque devient la Fondation du Risque, chargée de financer et lancer des chaires d’enseignement et de recherche dans le domaine du risque. Sur ces bases est signé un protocole d’accord en mars 2005.
Ce protocole est très explicite, tant au niveau des objectifs :
- « développer à Paris et en région Parisienne un centre de formation et de recherche dans le domaine de la gestion des risques financiers et industriels dont l’excellence lui donne une visibilité et une notoriété internationale ».
- « favoriser les partenariats avec les entreprises nationales ou multinationales en répondant à leurs besoins et en identifiant les nouveaux enjeux dans les domaines tant du risque financier et comptable que du risque réel ».
qu’au niveau des moyens :
- « pour atteindre ces objectifs, les promoteurs de ce projet ont décidé de mettre en commun des moyens (enseignants-chercheurs, locaux, gestion) au sein de cette Fondation, pour lui donner l’envergure nécessaire et la placer d’emblée au niveau d’excellence requis sur le plan international.
Ce protocole permet aux conseils d’administration des partenaires d’être officiellement informés et de soutenir le projet (mars 2005 pour l’Ecole Polytechnique, mais dès janvier 2005 pour le conseil de perfectionnement de l’ENSAE) ».
L’intérêt manifeste du secteur privé
Après avoir expertisé les différentes possibilités et sur la base des statuts types du Ministère chargé de la recherche, un groupe de travail des 4 partenaires que je conduisais opte pour une Fondation à Conseil de Surveillance et Directoire, qui viserait la reconnaissance d’utilité publique pour bénéficier de forts avantages fiscaux. Ce groupe réfléchit, en même temps qu’il rédige le statut, au fonctionnement et à l’organisation futurs de la Fondation.
En Juin 2005, André Lévy-Lang est pressenti futur Président du Conseil de Surveillance de la Fondation du Risque, et Jean Berthon pour la Présidence du Directoire. C’est dans les mois qui suivent que les promesses de financement
se manifestent : la Société Générale pour la chaire « Risques financiers », puis AXA pour la chaire « Assurance et risques majeurs », Groupama pour la chaire « Les particuliers face aux risques » et enfin AGF sur la chaire « Santé Risque Assurance ». Ces promesses de financement confirment l’intérêt des entreprises de la place parisienne pour le projet élaboré et proposé en commun par des institutions d’enseignement supérieur et de recherche. A noter qu’une cinquième chaire devrait voir le jour grâce à la SCOR, dès l’obtention de la reconnaissance d’utilité publique, avec pour thème « Marché des risques et création de valeur ». En parallèle, le groupe de travail prépare un projet de règlement intérieur et les autres éléments nécessaires pour déposer dès la fin de l’année 2005 un projet préliminaire de fondation auprès du ministère de l’intérieur.
Dès le 10 janvier 2006, le futur conseil de surveillance de la Fondation est réuni, en présence de tous les fondateurs, qui ont alors signé une lettre d’engagement au titre de leur participation à la dotation en capital de la FONDATION
DU RISQUE. En février, le dossier de demande de reconnaissance d’utilité publique de la future Fondation est déposé au ministère de l’intérieur, qui le transmet en mai au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la technologie.
Puisque les chaires d’enseignement et de recherche doivent être gérées comme de véritables projets, le groupe de travail élabore un modèle de convention entre les écoles concernées, le financeur concerné, la Fondation et les responsables de chaire. Ces conventions, qui précisent le programme des chaires et leurs instances de gouvernance, sont progressivement signées par tous les partenaires.
C’est en mars 2007 qu’est organisée une présentation publique de la Fondation du Risque. Grand succès puisqu’elle rassemble des plateaux prestigieux et fait venir un très nombreux public, cette manifestation marque le lancement de la ‘marque’ Fondation du Risque.
Parallèlement aux chaires, est annoncé le lancement du projet « formation » pour répondre aux besoins croissants en spécialistes de la gestion des risques dans les entreprises. Destinés aux cadres à très fort potentiel, ces modules d’une semaine, animés par les meilleurs spécialistes des sujets traités, leur permettront de mettre à jour et de parfaire leurs connaissances dans les différents aspects comptable, juridique, réglementaire, économique et mathématique du risque.
Peu de temps après, le Conseil d’Etat fait parvenir ses observations sur le dossier déposé au Ministère de l’Intérieur. Il y est répondu et la décision définitive du Conseil d’Etat est attendue dans les semaines qui viennent.
Jean Berthon est président du directoire de la Fondation du Risque et membre du conseil de perfectionnement de l’ENSAE
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