Le cycle de vie des idées commence à Washington
Variances - Décrivez les fonctions que vous avez exercées ou que vous exercez actuellement au sein de l’institution ?
Harris Selod - J’ai rejoint la Banque Mondiale en 2007 en tant que chercheur invité au Département de la recherche où j’ai mené des travaux sur le logement informel en milieu urbain. Je suis actuellement Economiste Senior responsable des politiques foncières au sein du département du Développement Rural et Agricole.
V. - Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours après la sortie de l’école ?
H.S. - J’ai décroché en doctorat en sciences économiques de l’université de Paris 1 puis effectué un post-doctorat à l’Université catholique de Louvain au CORE (Center for Operations Research and Econometrics). J’ai ensuite été recruté par l’INRA en tant que chargé de recherches en économie sur les questions de développement spatial. Avoir un poste de chercheur à temps plein m’a permis de me consacrer à des travaux académiques et, de manière complémentaire, à des activités d’enseignement à l’Ecole d’Economie de Paris et à l’Ecole polytechnique.
V. - Quelles furent vos motivations pour rejoindre cet organisme ?
H.S. - J’avais passé les premières années de ma carrière en dehors de la Banque Mondiale à écrire des modèles théoriques en économie appliquée, notamment en économie régionale et urbaine. J’avais besoin de compléter mon expertise académique par une « vraie » expérience du terrain et des questions de politique économique.
V. - Que retenez-vous de cette expérience ?
H.S. - Tout d’abord une formidable ouverture à des problématiques que je connaissais mal. Quelqu’un a dit que le cycle de vie des idées démarrait à Washington. Je crois que c’est un peu vrai. Ensuite un rappel à la réalité en tant que chercheur. L’utilité principale des travaux d’économie appliquée est leur implication en termes de politiques économiques.
V. - Existe-t-il une idéologie « Banque Mondiale » ?
H.S. - Je ne pense pas. Se côtoient à la Banque Mondiale bon nombre de tendances (un peu comme dans le monde académique). Il n’y a pas de pensée unique. Au contraire, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de débats internes même si un consensus est toujours trouvé. En externe, la Banque ne s’exprime bien évidemment que d’une seule voix.
V. - Qu’est-ce qui fait de la Banque Mondiale une institution irremplaçable ?
H.S. - A mon avis, l’atout principal de la Banque est son capital humain. On y trouve d’excellents spécialistes de domaines sectoriels très variés, qui ont accumulé des expériences partout dans le monde.
V. - Que peut apporter la Banque Mondiale aux réflexions actuelles sur la mondialisation et le développement ?
H.S. - La Banque Mondiale a la légitimité et la visibilité pour contribuer de façon significative à un certain nombre de débats actuels. Nous avons aussi un rôle de dissémination du savoir et des expériences. Je crois que le Rapport sur le Développement dans le Monde, publication annuelle phare de la Banque Mondiale (qui porte cette année sur le changement climatique) a un impact important et peut contribuer à orienter certains débats. Le rapport de 2011 traitera de la question des conflits.
V. - Que conseillez-vous à un étudiant ENSAE intéressé à rejoindre cette institution ?
H.S. - Le recrutement de la Banque Mondiale est extrêmement compétitif. Je crois que l’équation gagnante est de se signaler par ses études en obtenant un doctorat en Economie, si possible dans une grande faculté américaine, et de combiner sa formation à une expérience sur le terrain dans un ou des pays en développement.
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