Aspects économique et sociaux de la retraite.

Pour une réhabilitation du doute.
Celui qui croit est heureux, celui qui doute est sage (proverbe hongrois).

L'approche de l'élection présidentielle nous vaut, une fois encore, notre moisson de plaisirs petits et grands. Comme si l'attente haletante des résultats bouleversants du dernier sondage ne suffisait pas à faire nos délices, la campagne nous permet de nous repaître des déclarations des candidats, faites de convictions en béton armé et marquées du sceau de l'inflexibilité. La tentation semble en effet de plus en plus forte de mesurer le monde par des sondages et de le résumer en quelques formules définitives. N'est-il pas du meilleur effet, de nos jours, d'asséner des opinions préfabriquées, et cela avec d'autant plus d'assurance et d'autosatisfaction qu'elles sont caricaturales et simplificatrices ? Surtout quand le les chiffres sont là pour le dire à notre place. Tous les domaines, de la politique aux arts, en passant par l'économie, connaissent cette tendance qui démontre que le doute, comme le crime, ne paie pas. Ne pêche-t-on pas par excès de simplification en ramenant tous les sujets à des débats binaires? Comme si un monde déstabilisé par excès de complexité cherchait l'illusion du réconfort en se raccrochant au premier chiffre venu, à la première certitude prête à l'emploi. Il devient urgent de réhabiliter le doute. Revendiquer le droit de ne pas avoir d'opinion tranchée n'est pas une preuve d'indifférence, pas plus qu'un obstacle à l'action. La capacité de dialoguer et de s'interroger, plus que les certitudes artificielles, permet d'aller de l'avant. Bien sûr, nous avons tous besoin de points de repère et d'indicateurs simples, mais a condition d'en connaître la portée réelle et les limites. Les statisticiens-économistes ont acquis cette faculté de questionner le monde, de donner aux chiffres leur signification, de savoir qu'une réponse n'est jamais qu'une porte ouverte sur une autre question... C'est pourquoi lEnsae propose une des formations scientifiques de haut niveau peut-être les plus en adéquation avec le monde d'aujourd'hui. Mon émotion est grande à l'heure où je passe le témoin à Nicolas Denis. Que de chemin parcouru depuis les premiers feuillets photocopiés du défunt 44 Bulletin de liaison»! Variances vit encore son enfance. A nous tous de le guider vers l'âge adulte.

Laurent Doubrovine