Accès immédiat à l'emploi
En janvier 1998, l’ENSAE a mené son enquête annuelle "premier emploi » destinée à étudier la situation des élèves non fonctionnaires issus des promotions 1995, 1996 et 1997, et plus précisément les conditions de recherche, les postes et les salaires d'embauche s'agissant de leur premier emploi (cette enquête n'apporte donc pas d'information sur les salaires après un ou deux ans d'ancienneté).
Effectuée depuis six ans, cette enquête est menée simultanément par l'ensemble des grandes écoles d'ingénieurs et de commerce appartenant à la Conférence des Grandes Écoles.
Sont exclus du champ de l'enquête les administrateurs de l'INSEE (qui n'ont pas à se présenter sur le marché du travail et dont le salaire est déterminé par une grille indiciaire) et les anciens élèves de CESS-Mastère qui n'ont pas suivi une scolarité complète à l'ENSAE. Les élèves titulaires étrangers n'ont pas été exclus a priori du champ de l'enquête, mais leur taux de réponse est extrêmement faible.
La situation actuelle d'un ancien élève a été considérée comme unique, les seuls états possibles pouvant être les suivants: occuper un emploi et ne pas en chercher un autre, occuper un emploi et en chercher un autre, poursuivre des études, effectuer le service national ou être en recherche d'emploi. Les questions portant sur le premier emploi sont destinées à ceux qui ont déjà travaillé, quelque soit leur situation actuelle.
Les questionnaires ont été adressés à 80 statisticienséconomistes diplômés en 1997, 111 de la promotion 1996 et 97 de la promotion 1995.
Les taux de réponse sont de 66 % pour la promotion 1997, et de 37% pour les promotions 1996 et 1997. On peut remarquer que les taux de réponse des anciennes élèves sont largement supérieurs à ceux de leurs camarades masculins: respectivement 90% contre 60% pour la promotion 1997, 50% contre 27% pour la promotion 1996 et 47 % contre 36 % pour la promotion 1995. Une partie des non-réponses s'explique par les changements d'adresse; d'autre part, l'inclusion des anciens élèves étrangers dans la population concernée diminue mécaniquement le taux de réponse, par rapport aux années précédentes.
Le faible effectif de la population étudiée n'autorise pas une analyse très détaillée. Il se dégage néanmoins un certain nombre de caractéristiques, proches de celles déjà dégagées dans les enquêtes des années précédentes à un emploi stable.
L’accès immédiat à un emploi stable
La proportion d'anciens élèves exerçant une activité professionnelle est de 57 % pour la promotion 1997, 65% pour la promotion 1996 et 83% pour la promotion 1995. Le taux d'emploi plus faible des promotions récentes n'est pas dû à des difficultés sur le marché du travail (aucun des répondants ne se déclare "en recherche d'emploi") mais à un accès différé par des études complémentaires ou le service national. Il s'ensuit un certain biais dans l'échantillon de la promotion sortante (97): les trois quarts des élèves masculins ayant trouvé un emploi à la sortie sont polytechniciens, et 75% des nonpolytechniciens poursuivent leurs études ou effectuent leur service militaire. Les salaires d'embauche de la dernière promotion sont donc surtout (pour les hommes) ceux des X-ENSAE.
Interrogés sur les raisons qui les ont conduits à poursuivre leurs études, les anciens élèves écartent à la quasi-unanimité la "situation sur le marché du travail" : ces études sont conçues comme un projet individuel, et non comme un moyen de retarder la recherche d'emploi. Quant au service national, les trois quarts l'effectuent en CSNE ou en tant que scientifiques du contingent.
Le taux d'activité net, défini comme le rapport du nombre de personnes occupant un emploi au nombre de personnes ne poursuivant pas d'études et n'effectuant pas le service national, est particulièrement élevé dans cet échantillon, puisque seuls deux élèves se déclarent en recherche d'emploi. Si le chiffre de 100 % de taux d'activité pour les promotions 1996 et 1997 est à considérer avec prudence (il est possible que les personnes en recherche d'emploi aient un taux de réponse plus faible que les autres), l'excellente situation des anciens élèves sur le marché du travail est confirmée par la faiblesse de leur temps d'attente, inférieur à deux mois pour 93% des diplômés de la promotion 97.
Ces délais très courts s'expliquent par le fait que la plupart des élèves de l'ENSAE commencent leur recherche d'emploi au cours de la troisième année: parmi ceux dont le délai de recherche est inférieur à 2 mois, les deux tiers ont trouvé leur premier emploi avant la sortie de l'école.
Le moyen de recherche le plus efficace pour trouver un emploi reste la candidature personnelle (32% sur l'ensemble des trois promotions), suivi du service emploicarrières de l'école (20%). Les stages et les forums viennent ensuite (8% et 10%), mais les résultats sur ces modes de recherche sont à prendre avec précaution, étant donnée les écarts importants entre les promotions. Le faible rôle des stages, en particulier, contraste avec les résultats des enquêtes des années précédentes, où il apparaissait comme aussi important que le service emploi-carrières.
La quasi-totalité des jeunes diplômés sont embauchés sous le régime de contrats à durée indéterminée: 93% pour l'ensemble des promotions, 84% pour la promotion 97 - de plus, la moitié des rares CDD sont contractés en attente du service national.
Des cadres travaillant à Paris, dans des entreprises privées de services
73% des anciens élèves titulaires trouvent leur premier emploi dans des entreprises privées (76% pour la promotion 97). Les grandes entreprises dominent: 70 %déclarent avoir trouvé leur premier emploi dans une entreprise de plus de 500 salariés, et 80% pour la seule promotion 97. S'agissant du lieu de travail, il se situe en région parisienne pour 90% d'entre eux, proportion stable dans les différentes promotions. Les départs à l'étranger sont rares, mais en proportion stable (7%).
98 % sont des anciens ENSAE sont des cadres, et les très rares exceptions à ce statut correspondent à des emplois de circonstance.
Les principaux secteurs d'activité demeurent les services financiers (57%, soit 22 % dans l'assurance et 35 % dans la banque / finance) suivis par les études et le conseil (25%). Les autres secteurs n'accueillent qu'une proportion marginale des élèves, l'industrie se détachant légèrement (8%).
Les fonctions exercées sont fortement liées aux secteurs privilégiés par les anciens élèves: la finance (32% pour l'ensemble des diplômés, et 52% pour les anciens élèves masculins de la promotion 97), la recherche-développement (29%), le conseil ou l'audit (18 %). Le questionnaire, destiné à l'ensemble des diplômés de la Conférence des Grandes Écoles, n'est pas tout à fait adapté à la situation des anciens ENSAE, qui hésitent souvent dans le classement de leur fonction parmi les choix proposés: le travail d'un actuaire, d'un économiste de banque ou d'un chargé d'études dans un organisme public, peut à la fois être considéré comme relevant de la "Production / exploitation" ou de la "recherche-développement".
La plupart des diplômés sont satisfaits de leur emploi actuel, puisque seuls 8% d'entre eux déclarent travailler et chercher un emploi. Interrogés sur la nature de leur premier travail, 90% répondent qu'ils y voyaient, à l'époque où ils l'ont obtenu, un véritable emploi qu'ils comptaient conserver. Le premier critère qui a guidé leur choix est d'ailleurs "l'adéquation au projet professionnel" (80%), le salaire ne venant en premier que pour 8 % d'entre eux. Cette exigence est facilitée par le bon accueil reçu sur le marché du travail: 6,4% ont reçu plusieurs propositions à la sortie de l'école.
On peut cependant remarquer que 30% de ceux qui travaillent, parmi la promotion 95, en sont à leur deuxième emploi (au moins) depuis la sortie de l'école. Ce fort taux de rotation contraste avec le faible pourcentage de ceux qui déclarent n'avoir conçu leur premier emploi que comme un emploi intermédiaire ou de circonstance. Cet écart s'explique en partie par le manque d'information ex ante sur la nature exacte de l'emploi, et en partie par l'afflux de propositions plus intéressantes, au bout de deux ans d'expérience.
Une rémunération élevée, avec quelques disparités.
Les données sur les salaires concernent exclusivement les anciens élèves ayant obtenu leur premier emploi en 1997, et ce quelle que soit leur promotion d'origine. Elles concernent donc les diplômés de 1997 ayant obtenu leur emploi avant décembre, et ceux des deux promotions précédentes dont l'entrée sur le marché du travail avait été différée par des études ou par le service national. Les comparaisons entre les salaires des différentes promotions ne renseignent donc aucunement sur l'évolution des salaires d'embauche au cours du temps.
Toutes promotions confondues, le salaire moyen d'embauche annuel s'élève à 233 000 francs annuels. Cet indicateur est cependant peu robuste, puisque si l'on élimine les deux plus hauts salaires la moyenne tombe à 217 000 francs. La médiane, indicateur plus robuste, est de 218 000 francs.
On observe une certaine disparité entre les promotions, mais la faible taille de l'échantillon pour les promotions 1995 et 1996 incite à la prudence: le salaire moyen des promotions 95 et 96 passe à 250 000 si l'on inclut les deux plus hauts salaires. Pour la promotion 1995, en particulier, l'échantillon ne comprend que 12 personnes, dont on rappelle qu'elles n'ont obtenu leur premier emploi qu'en 1997.
Le salaire médian observé est proche de celui issu de l'enquête de 1996, qui se situait entre 210 000 et 220 000 selon les promotions.
Les disparités de salaires d'embauche les plus robustes ne sont pas liées l'année de sortie de l'école: il s'agit de l'écart entre les hommes et les femmes. Pour la promotion 1997, le salaire moyen est de 232 000 pour les premiers et de 202 000 pour les secondes.
Cet écart s'explique en partie par la surreprésentation des polytechniciens parmi les hommes (en particulier pour la promotion sortante, comme on l'a vu). Il est aussi lié comme l'ont mis en évidence les précédentes enquêtes à la répartition différenciée entre les secteurs d'activité. Les hommes se dirigent plus souvent que les femmes vers les secteurs de la finance assurance, et moins souvent vers les études et l'industrie. Un autre facteur explicatif tient dans la propension plus grande des femmes à trouver leur premier emploi dans le secteur public: 32% d'entre elles s'y dirigent, contre 19% pour les hommes.
Le passage par Polytechnique se traduit, cette année encore, par une prime importante sur le salaire d'embauche: pour la promotion 1997, le salaire médian des X est de 240 000, contre 210 000 pour les ENSAE non-polytechniciens. L’impact spécifique de l'appartenance à l’IAF est plus difficile à mettre en évidence, étant donnée le recouvrement fréquent entre X et actuaires, et la faiblesse numérique de l'échantillon.
Conclusion: de bonnes Perspectives
Une question ouverte, à la fin du questionnaire, permettait aux répondants de s'exprimer librement: "quelle est votre opinion sur la situation actuelle du marché du travail?" Les anciens élèves de l'ENSAE ont en général le sentiment que leur diplôme est très apprécié sur ce marché, en particulier dans le secteur financier, mais aussi dans les cabinets ou les organismes d'études. Certains refusent même de se prononcer sur la question, se considérant protégés par leur diplôme, et donc "ignorant tout" de la situation générale de l'emploi. Le seul bémol à cet optimisme vient de ceux ou celles qui cherchent un premier emploi dans une fonction ou un secteur différents de ceux habituellement privilégiés par les ENSAE, en particulier dans l'industrie, où les offres arrivent moins fréquemment.
Les résultats de cette enquête corroborent ceux des années précédentes: le diplôme de l’ENSAE garantit un accès très rapide à l'emploi et des salaires élevés - au niveau des plus grandes écoles d'ingénieurs selon le classement de l'Expansion. Le secteur des services accueille la quasi-totalité des anciens élèves, conformément à la vocation de l'école.
David Lubek, assistant à l'Ensae
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