Infrastructures et places financières
Quelles infrastructures de marché pour l’Europe ? L’enjeu de la fusion des bourses, actualité de plus en plus « brûlante » depuis un an et demi, est clairement perçu par toutes les parties prenantes : les rapprochements internationaux signifient potentiellement l’abandon des organisations domestiques, qui ont prouvé leur efficacité, sur le pari qu’un marché financier unique sera porteur d’un financement plus efficient encore pour les économies européennes. Ce pari mérite d’être fait ; il est cependant de la responsabilité des « forces du marché » aussi bien que du législateur (qui doit, sur cette matière, être le législateur européen par le fait des Traités) d’éviter que cette consolidation ne se traduise par un éloignement/délocalisation du marché financier européen voire un « pervertissement » de ses pratiques.
Sur le premier point, il est essentiel que la concentration géographique des infrastructures financières ne se traduise pas à la fois par une disparition des métiers financiers dans le reste de l’Union Européenne ni par une « déconnexion » entre les entreprises notamment des plus petites économies de l’Union et la communauté des investisseurs. Le maintien de places financières « locales » permet en effet à la majorité des sociétés cotées de conserver une visibilité auprès de leur marché (commercial) initial, visibilité que leur capitalisation relativement faible leur fait perdre sur des places financières éloignées et consolidées. Il appartiendra ainsi aux entreprises de marché, sur le modèle d’Euronext ou du consortium formé par les bourses de Vienne et Budapest, de trouver des solutions opérationnelles qui permettront une optimisation des infrastructures boursières européennes tout en maintenant vivante la densité du tissu financier européen.
Sommaire
1. La Finance Européenne : un défi de cohésion et de développement - Edouard-François de Lencquesaing
2. Paris, place financière ? C’est fichu ! Sauf si - François Meunier (1977)
3. Quelles infrastructures des marchés financiers pour l’Europe ? - Sébastien Cochard (1994)
Sur le deuxième point, il apparaît qu’une consolidation des infrastructures sans que des règles « ex ante » de concurrence n’aient été clairement établies peut avoir en effet comme conséquence prévisible que les acteurs les moins vertueux ne soient en mesure de « rafler la mise », en particulier ceux qui sont en mesure de pratiquer des subventions croisées et/ou lier des activités d’infrastructures et des activités commerciales. Il est vital, pour le système financier actuel et à venir de l’Union Européenne, que le législateur puisse assurer aux intermédiaires financiers un accès équitable à des infrastructures qui ne devraient pas être en mesure de pratiquer une concurrence abusive avec leurs utilisateurs. De la mise en place de conditions d’exercice équitable de la concurrence entre les acteurs dépend non seulement l’efficience du marché financier européen en construction mais également la sécurité de son fonctionnement et de la conservation des actifs des investisseurs.
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