316 milliards d’euros en 2002, soit un cinquième de la richesse nationale, 21 milliards d’aides publiques bénéficiant pour moitié aux locataires (parfois récupérées en hausses de loyer…) et pour moitié aux propriétaires (parfois répercutées en baisses de loyer dans le cas des bailleurs…),… Les masses mobilisées font du logement un élément incontournable de toute politique économique. « Quand le bâtiment va, tout va », comme le résume l’adage.
Le secteur concentre 26% de la FBCF nationale, plus de la moitié de l’épargne des ménages y est stockée et chaque mois entre 15 et 20% du budget des ménages est dépensé pour se loger (aides déduites, sans quoi le logement pèse en moyenne 40% du budget des familles pauvres).

Paradoxalement, tout cela se fait sans bruit depuis des années. Ce n’est que récemment que le logement revient sur l’avant-scène, dopés aux taux d’intérets, les prix enchaînent les ascensions vertigineuses mieux qu’un coureur du Tour de France et le débat s’embrase : bulle ou pas bulle, insuffisance du logement social, etc.

C’est que l’immobilier n’est pas un simple marché où il s’agirait uniquement de produire et de vendre des immeubles ou des maisons individuelles, surtout des maisons individuelles d’ailleurs - les Français les préfèrent et l’absence de vraies politiques d’urbanisme laisse faire, en dépit des coûts économiques, sociaux, environnementaux et paysagers de l’étalement urbain.
L’immobilier, le logement, un toit, est aussi un bien fondamental. D’où les débat autour du droit au logement, alors qu’un SDF sur trois en Ile-de-France occupe un emploi à quasi plein temps. C’est un marché qui structure la société et crée, ou non, les conditions de sa cohésion, comme l’explique Eric Maurin (Ensae 1986) dans son dernier livre sur le ghetto français. Doit-on chercher à faire vivre les gens ensemble et comment ?

Parler de logement, c’est donc proposer une vision de la société et c’est pourquoi le débat est si tendu et que les marges de manœuvre paraissent si étroites. Ce dossier vous en propose un survol forcément très parcellaire. Vous y trouverez des analyses argumentées et des prises de positions reflétant un état de la connaissance et des passions sur ce thème qui reste bien spécifique.