Les enjeux économiques de l’environnement : quelques exemples illustratifs
Valeur montante, en particulier dans les sociétés les plus industrielles, l’environnement reste encore un domaine aux contours incertains, dont la dimension économique est loin d’être totalement explorée.
Déjà abordés au cours du Forum Ensae de janvier 1993, les enjeux économiques de l’envi-ronnement constituent un champ d’investigations qui réclame une plus grande attention des économistes, comme le montrent les exemples traités ici.
En 1972, juste avant le premier choc pétrolier, l'euphorie des « trente glorieuses» est entamée par quelques spécialistes, des experts du fameux MIT, le Massachusetts Institute of Technology. À la demande des membres du Club de Rome fondé en 1968 par des industriels et des universitaires ils se penchent sur la question des limites de la stratégie de croissance économique de l'époque.
Leurs conclusions sont les suivantes :
« Au cas où aucun changement n'interviendrait dans notre système actuel, l'expansion démographique et l'expansion économique s'arrêteraient au plus tard au cours du prochain siècle. »
La critique la plus radicale adressée au rapport The Limits to Growth est que la préservation de l'environnement et des ressources naturelles est une préoccupation des pays nantis, ceux qui s'approprient la plus grosse part de la production mondiale.
Depuis, l'écologie, « la science des rapports des êtres vivants
Vingt ans après, au sommet de Rio, les échos du débat engagé autour du rapport des chercheurs du MIT se font encore entendre. Reste que, si un consensus autour du couple environnement développement est loin d'être atteint à l'échelle planétaire, les pays industrialisés ont largement avancé dans le rapprochement entre économie et environnement.
Comme le souligne la onzième édition des Données économiques de l'environnement (période 1990 1991), l'effort global en faveur de l'environnement a été poursuivi, voire accentué, dans le secteur industriel malgré la récession économique.
En 1991, la France a consacré plus de 77 milliards de francs à la protection de l'environnement, soit environ 1,2% de son Pib. Dans le cadre de cet effort
Sur fond de montée des préoccupations écologiques des Français, on assiste à une modification du comportement des agents économiques, qui intègrent davantage le facteur environnement dans leurs décisions. Et de ce fait, c'est en vert que modes de production et modes de consommation évoluent progressivement
MARKETING ECOLOGIQUE :
LES LESSIVES SANS PHOSPHATE
Lorsque la firme chimique allemande Henkel, après avoir racheté l'entreprise française Le Chat, lance à la fin des années 1980 la guerre des lessives sans phosphates, présentées comme une meilleure garantie pour la protection de l'environnement, la réplique ne se fait pas attendre. Rhône Poulenc, deuxième producteur mondial de phosphates, porte l'affaire devant
Dans un premier temps, Henkel avait réussi, grâce à son argumentaire promotionnel, à augmenter la pénétration des lessives sans phosphates, peu implantées en France, alors qu'elles représentent la plus grande part des ventes dans les pays européens à forte sensibilité écologique, l'Allemagne et les Pays Bas en particulier.
La campagne en faveur des lessives sans phosphates va entraîner assez rapidement une augmentation sensible de leurs ventes, pour atteindre près de 10 % du marché français des détergents en 1990. À la suite à l’interdiction des messages publicitaires dénigrant
Les intérêts économiques en jeu étaient déterminants dans cette controverse écologique opposant Rhône Poulenc, numéro 2 mondial des phosphates, à Henkel, principal fabricant européen de substituts aux phosphates. Pour cette raison, une expertise scientifique fut demandée par Brice Lalonde, le Secrétaire d'État à l'environnement de l'époque.
Les conclusions du rapport paru en mai 1990, rédigées par le professeur Carbenier, soulignent l’écotoxicité des phosphates et les risques de pollution des eaux lorsqu'ils sont utilisés dans des produits comme les lessives. Mais le rapport ne contient pas d'éléments relatifs aux produits de substitution des phosphates, et il n'est pas scientifiquement établi qu'ils soient moins nuisibles et plus favorables à l'environnement.
LES LABELS ECOLOGIQUES
À cette même époque,
La labellisation des produits verts allemands repose sur un seul critère, alors que le label français créé en 1992 par l’Afnor s'appuie sur une démarche globale, qui s'inscrit dans la logique des écobilans.
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