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28 mars 2003

Les enjeux économiques de l’environnement : quelques exemples illustratifs

Valeur montante, en particulier dans les sociétés les plus industrielles, l’environnement reste encore un domaine aux contours incertains, dont la dimension économique est loin d’être totalement explorée.
Déjà abordés au cours du Forum Ensae de janvier 1993, les enjeux économiques de l’envi-ronnement constituent un champ d’investigations qui réclame une plus grande attention des économistes, comme le montrent les exemples traités ici.


En 1972, juste avant le premier choc pétrolier, l'euphorie des « trente glorieuses» est entamée par quelques spécialistes, des experts du fameux MIT, le Massachusetts Institute of Technology. À la demande des membres du Club de Rome fondé en 1968 par des industriels et des universitaires ils se penchent sur la question des limites de la stratégie de croissance économique de l'époque.

Leurs conclusions sont les suivantes :
« Au cas où aucun changement n'interviendrait dans notre système actuel, l'expansion démographique et l'expansion économique s'arrêteraient au plus tard au cours du prochain siècle. »

La critique la plus radicale adressée au rapport The Limits to Growth est que la préservation de l'environnement et des ressources naturelles est une préoccupation des pays nantis, ceux qui s'approprient la plus grosse part de la production mondiale.

Depuis, l'écologie, « la science des rapports des êtres vivants



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Figure n°1 :


avec leur milieu naturel », comme la définissait dès 1866 Ernest Haenckel, un disciple de Darwin, n'est plus simplement une discipline scientifique, mais devient un enjeu social, politique et économique.

Vingt ans après, au sommet de Rio, les échos du débat engagé autour du rapport des chercheurs du MIT se font encore entendre. Reste que, si un consensus autour du couple environnement développement est loin d'être atteint à l'échelle planétaire, les pays industrialisés ont largement avancé dans le rapprochement entre économie et environnement.

Comme le souligne la onzième édition des Données économiques de l'environnement (période 1990 1991), l'effort global en faveur de l'environnement a été poursuivi, voire accentué, dans le secteur industriel malgré la récession économique.

En 1991, la France a consacré plus de 77 milliards de francs à la protection de l'environnement, soit environ 1,2% de son Pib. Dans le cadre de cet effort



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Figure n°2 :


global, les administrations publiques contribuent à hauteur de 58,6% de ce montant. Cette part relative tend néanmoins à diminuer légèrement, alors que celle des industries (31,7%) tend à l'inverse à augmenter.

Sur fond de montée des préoccupations écologiques des Français, on assiste à une modification du comportement des agents économiques, qui intègrent davantage le facteur environnement dans leurs décisions. Et de ce fait, c'est en vert que modes de production et modes de consommation évoluent progressivement

MARKETING ECOLOGIQUE :
LES LESSIVES SANS PHOSPHATE

Lorsque la firme chimique allemande Henkel, après avoir racheté l'entreprise française Le Chat, lance à la fin des années 1980 la guerre des lessives sans phosphates, présentées comme une meilleure garantie pour la protection de l'environnement, la réplique ne se fait pas attendre. Rhône Poulenc, deuxième producteur mondial de phosphates, porte l'affaire devant



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Figure n°3 :


les tribunaux. Le 26 mars 1990, le jugement du tribunal de commerce de Nanterre ordonne « la cessation de tout message dénigrant de façon agressive et tendancieuse les phosphates dans les lessives, et associant les lessives sans phosphates à une amélioration ou à une protection de l'environnement... ». Henkel est condamné à payer à RhônePoulenc le franc symbolique.

Dans un premier temps, Henkel avait réussi, grâce à son argumentaire promotionnel, à augmenter la pénétration des lessives sans phosphates, peu implantées en France, alors qu'elles représentent la plus grande part des ventes dans les pays européens à forte sensibilité écologique, l'Allemagne et les Pays Bas en particulier.

La campagne en faveur des lessives sans phosphates va entraîner assez rapidement une augmentation sensible de leurs ventes, pour atteindre près de 10 % du marché français des détergents en 1990. À la suite à l’interdiction des messages publicitaires dénigrant



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Figure n°4 :


les phosphates, les ventes ne sont plus soutenues et, début 1993, leur part de marché retombe à 6,8%.

Les intérêts économiques en jeu étaient déterminants dans cette controverse écologique opposant Rhône Poulenc, numéro 2 mondial des phosphates, à Henkel, principal fabricant européen de substituts aux phosphates. Pour cette raison, une expertise scientifique fut demandée par Brice Lalonde, le Secrétaire d'État à l'environnement de l'époque.

Les conclusions du rapport paru en mai 1990, rédigées par le professeur Carbenier, soulignent l’écotoxicité des phosphates et les risques de pollution des eaux lorsqu'ils sont utilisés dans des produits comme les lessives. Mais le rapport ne contient pas d'éléments relatifs aux produits de substitution des phosphates, et il n'est pas scientifiquement établi qu'ils soient moins nuisibles et plus favorables à l'environnement.

LES LABELS ECOLOGIQUES

À cette même époque,



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Figure n°5 :


aucun label écologique ne garantissait que les produits verts étaient bien des produits plus respectueux de l'environnement. En effet, si les spécialistes du marketing savent depuis assez longtemps mettre en avant les qualités « environnementales » des produits, les labels écologiques sont apparus récemment dans la plupart des pays occidentaux, à l'exception notable de l'Allemagne. Dans ce pays, où la sensibilité écologique est beaucoup plus ancienne et mieux ancrée dans le comportement des consommateurs, le label écologique « L'ange bleu » a été créé dès 1977. Accordé pour une durée de trois ans renouvelable, il concerne environ 80 groupes de produits représentant 4 000 références.

La labellisation des produits verts allemands repose sur un seul critère, alors que le label français créé en 1992 par l’Afnor s'appuie sur une démarche globale, qui s'inscrit dans la logique des écobilans.

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